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L'infirmière Magazine n° 356 du 01/01/2015

 

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CONCEPCION ALVAREZ  

Le projet de loi « six heures pour les infirmiers et infirmières » a gagné la bataille des réseaux sociaux et sera débattu au Parlement de Buenos Aires.

Six heures pour les infirmiers et infirmières », c’est le nom de la campagne portée depuis un an par le député d’extrême gauche Marcelo Ramal et les infirmières de Buenos Aires. Déposé sur la plateforme de participation citoyenne Demos, le projet de loi a obtenu 96,8 % des suffrages lors d’un vote en ligne, le 10 décembre. Une victoire puisque jusqu’à présent, le parti de centre-droit Propuesta Republicana, qui dirige la ville, avait refusé d’en débattre. Pourtant, la situation des infirmières argentines est préoccupante. Elles sont obligées de cumuler plusieurs emplois ou d’enchaîner les heures supplémentaires – jusqu’à 12 par jour – pour gagner leur vie.

« Surexploitation »

C’est ce que dénonce Marcelo Ramal, qui propose donc un temps de travail limité à 6 heures par jour et 30 heures par semaine. « En adoptant cette loi, nous mettrions fin à la précarisation et à la surexploitation des soignants, qui les met en danger eux, mais aussi les patients », a expliqué le député. Cela permettrait également l’embauche de nouvelles infirmières, alors que la capitale argentine ne compte aujourd’hui que 8 000 soignantes. Le projet de loi entend aussi s’attaquer à la question de la rémunération. « Le salaire de base pour une infirmière est de 1 814 pesos [170 euros], poursuit le député, et atteint les 7 000 pesos [657 euros] avec les extras. » Il demande à ce que le salaire de base soit égal au panier calculé par les pouvoirs publics pour une famille avec deux enfants, d’un montant de 11 670 pesos, soit un peu plus de 1 000 euros. Enfin, le texte propose une retraite à 55 ans pour tous les soignants, avec une pension équivalente à 82 % des meilleurs salaires perçus.

Une véritable révolution pour les infirmières, mais aussi pour les citoyens, qui ont été nombreux à soutenir ce projet car ils y voient un moyen d’améliorer leur propre existence, ayant eux aussi à faire face à de longues journées de travail et à des salaires trop faibles. « L’approbation de la journée de travail de 6 heures est une réponse à la crise sociale que traverse la ville. C’est une victoire pour tous les travailleurs », a conclu Marcelo Ramal.