Deux milliards d’euros pour la santé mondiale d’ici 2025 - Objectif Soins & Management n° 0296 du 14/12/2023 | Espace Infirmier
 

OBJECTIF SOINS n° 0296 du 14/12/2023

 

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ACTUALITÉS

Claire Pourprix

  

Le 12 octobre 2023, le gouvernement a présenté à Lyon la nouvelle Stratégie française en santé mondiale 2023-2027. Son but ? Relever les défis actuels de santé et de contribuer à atteindre l’objectif de développement durable 3 de l’Organisation des nations unies (ONU) : « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge ».

C’est dans les locaux du Centre international de recherche sur le cancer (Circ), agence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) implantée à Lyon au cœur du district de Gerland dédié à la santé, que la Stratégie française en santé mondiale 2023-2027 a été présentée en octobre dernier. Une « signification particulière » selon Elisabete Weiderpass, directrice du Circ, convaincue que cette stratégie « sera un catalyseur pour des avancées significatives qui permettront de relever les défis sanitaires complexes qui se posent à l’échelle planétaire ».

La Stratégie française en santé mondiale est coordonnée par plusieurs ministères : Europe et Affaires étrangères, Santé et Prévention, Enseignement supérieur et Recherche. Elle vise à répondre aux défis de santé mondiale en faisant appel à tous les acteurs français et internationaux pour les fédérer. « La France a pris toute sa part avec d’autres dans la riposte à la pandémie globale de 2019 (…), nous devons continuer ensemble et ensemble œuvrer pour tenir jusqu’au bout et pour faire encore mieux. Parce qu’il faut tirer évidemment toutes les leçons de ce qui s’est passé. (…) Nous savons que nous devons accroître nos capacités collectives à mieux répondre évidemment aux pandémies mondiales, mais être aussi surtout en mesure de mieux les prévenir », a déclaré Catherine Colonna, ministre de l’Europe et des Affaires étrangères. Après avoir mentionné les autres défis contemporains sur la santé – les conséquences du changement climatique, les liens entre santé animale, santé humaine et environnement…  –, elle a rappelé le soutien indéfectible de la France à l’OMS, qui célèbre cette année ses 75 ans. Cela se traduit notamment par une augmentation de la contribution française de 50 % à l’organisation internationale par rapport à la période pré-Covid. Et par l’engagement de verser deux milliards d’euros à la santé mondiale entre 2023 et 2025, soit 33 % de plus que sur la période 2020-2022, pour soutenir des initiatives européennes et internationales telles que l’Académie de l’OMS (encadré), le Fonds mondial, Unitaid, le Fonds de lutte contre les pandémies, etc.

Trois priorités sanitaires

Le ministre de la Santé et de la Prévention, Aurélien Rousseau, a souligné que « Les grands enjeux de santé publique ne peuvent s’envisager que dans une perspective internationale ». Dans ce cadre, la stratégie française poursuit trois priorités : atteindre la couverture sanitaire universelle (CSU) ; promouvoir la santé et le bien-être des populations, prévenir et lutter contre les maladies à tous les âges ; améliorer l’anticipation, la prévention, la préparation et la réponse aux urgences de santé publique et au changement climatique dans une approche « Une seule santé ». Elle comporte deux axes transversaux : créer une nouvelle architecture mondiale en santé s’appuyant sur la complémentarité de l’action bilatérale et multilatérale ; faire de la recherche et de l’expertise publique et privée des leviers d’action et d’influence.

Parmi les actions phares soutenues par la France, Sylvie Retailleau, ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, a cité le développement de plateformes de recherche internationale en santé mondiale (Prisme). Trois plateformes de ce nouveau modèle partenarial existent déjà en Guinée, en Côte d’Ivoire et en République démocratique du Congo. Autre cas concret : l’initiative Prezode (Preventing Zoonotic Disease Emergence). Lancée sous l’impulsion de la France en 2021, elle vise à réduire le risque d’émergence des maladies infectieuses d’origine animale par une meilleure prévention, détection précoce et surveillance. La ministre a aussi évoqué le « rôle majeur de sentinelle face à toutes les émergences infectieuses » du réseau d’Instituts Pasteur, présent dans 25 pays. Elle a également expliqué que « La France s’engage aux côtés de l’Académie de l’OMS à travers plusieurs partenariats qui sont déjà en cours de construction, notamment avec nos universités, nos instituts de recherche et (...) l’ensemble des établissements de santé publique français. L’objectif est bien sûr d’enrichir les expériences, et particulièrement l’expérience des apprenants grâce à un portefeuille très diversifié de formations au sein de cette académie. La construction d’un centre de simulation sera aussi l’occasion d’un partenariat avec différentes équipes françaises expertes dans ce domaine ».

Dans le monde, 24 % de la population vit dans un contexte où il est difficile d’accéder à des services de santé essentiels et de qualité. Face à ce défi, Aurélien Rousseau a défendu la méthode du gouvernement : continuer de porter au niveau international et européen une logique de complémentarité et de non-concurrence. « National, international, européen : ces trois échelons sont nécessairement complémentaires. »

L'académie de l’OMS, une réponse au besoin de formation des professionnels de santé

Pour atteindre l’Objectif de développement durable 3 en 2030, il faudrait d’après l’OMS 10 millions de professionnels de santé en plus dans les pays à bas et moyen revenus. La pénurie de ressources humaines en santé est considérée comme une menace pour nos systèmes de santé : investir dans la formation des professionnels de santé tout au long de leur vie est donc une priorité. C’est l’objectif de l’Académie de l’OMS, qui ouvrira à Lyon en 2024 et dont la France est le principal financeur. Qualifiée d’ « école du futur » par le directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, cette académie sera le principal centre de formation de l’organisation internationale. Elle permettra, selon Aurélien Rousseau, une « intensification de l’apprentissage grâce à des cours en ligne et en présentiel, la mobilisation des dernières technologies et la délivrance de certificats numériques permettant à des millions d’agents de santé dans le monde d’attester de leurs compétences et faire progresser leur carrière autant que la santé de leurs concitoyens ».