PARO LE ROBOT A LA COTE - L'Infirmière Magazine n° 399 du 01/12/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 399 du 01/12/2018

 

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ADRIEN RENAUD  

La Mutualité française de Loire et de Haute-Loire a publié, en novembre, une étude évaluant l’utilisation d’un robot phoque pour aider à la prise en charge des résidents de ses onze Ehpad. Et le bilan est plutôt positif.

Il est tout blanc, tout doux, tourne la tête quand on l’appelle, manifeste de l’affection, de la joie, du mécontentement… Bref, il a tout d’un animal de compagnie, sauf que c’est… un robot. Paro n’est en effet qu’une machine en forme de bébé phoque, dotée d’une intelligence artificielle. Distribuée par la société Inno3Med, elle peut cependant être utile en Ehpad. C’est du moins l’hypothèse qu’a testée la Mutualité française de Loire et de Haute-Loire dans ses onze établissements, lors d’une étude scientifique dont les résultats ont été dévoilés le mois dernier.

De septembre 2016 à février 2018, les chercheurs (sociologues, psychologues…) ont observé comment les résidents atteints de troubles cognitifs réagissaient. Leurs conclusions : Paro peut s’avérer un bon outil au service des soignants, pour « canaliser la crise, consoler, déclencher la parole », ou faire en sorte que « des souvenirs resurgissent »…

Une aide au soin

Une bonne impression que confirme Pauline Chermette, IDE à l’Ehpad mutualiste L’Adret, qui participe à l’étude. « On utilise Paro pour des personnes qui ont des angoisses, des problèmes d’endormissement, ou pour faciliter des pansements, des prises de sang, des soins d’hygiène et confort », indique-t-elle. L’IDE explique par exemple que présenter Paro peut permettre à un résident de se détendre et le conduire à accepter un soin.

L’étude insiste bien sûr sur le fait que Paro n’a pas cet effet miraculeux sur tous. Les chercheurs notent aussi qu’il peut avoir un effet paradoxal sur le personnel, notamment l’AS, qui peut se sentir « dépossédée d’une part centrale de son activité : la relation au soigné ».Un constat dans lequel Pauline ne se reconnaît toutefois pas. « Le robot ne prend pas du tout notre place. C’est une médiation au même titre que les thérapeutiques non médicamenteuses, par exemple. » Une belle manière de dédramatiser les craintes que l’intelligence artificielle et la robotique font parfois surgir chez certains soignants.