LA CHAMBRE DE DEMAIN - L'Infirmière Magazine n° 303 du 15/06/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 303 du 15/06/2012

 

HAUTE TECHNOLOGIE

ACTUALITÉ

DU CÔTÉ DES… ÉTABLISSEMENTS

Fruit d’une collaboration entre industriels et professionnels hospitaliers du Nord-Pas-de-Calais, et vedette d’Hôpital Expo, la « concept room » sera commercialisée fin 2012.

Des équipements high-tech, une sensation d’espace, un petit air de design… La « concept room », prototype de la chambre d’hôpital du futur, a été l’une des stars du salon Hôpital Expo, qui se tenait à Paris du 22 au 25 mai. À l’origine du projet, il y a un an, 30 entreprises du Nord-Pas-de-Calais, qui voulaient y réfléchir ensemble. Elles ont été rejointes par le CHRU de Lille, une dizaine de personnes qui ont planché, avec les industriels, sur la chambre d’hôpital de demain. « Cette initiative est arrivée au bon moment, commente Yvonnick Morice, directeur général du CHRU. Nous étions en pleine refonte du projet d’établissement, avec pour maître mot l’amélioration de l’accueil, sur le plan du soin comme sur celui du confort. »

Objectif confort

« La concept room, c’est quatre modules : fauteuil-lit, lit accompagnant, salle de bain et technologie multimédia », souligne Philippe Mayjonade, coordinateur général des pôles hôteliers du CHRU. Tout d’abord le fauteuil-lit, doté de cinq positions, réglable via une télécommande-smartphone, et monté sur roulettes pour permettre au patient de se déplacer dans sa chambre, voire dans l’hôpital. Côté fenêtre, un lit accompagnant, encastrable et transformable en siège : « Plus besoin d’allers-retours à la réserve » pour l’installer. Fermée par une porte coulissante avec commande électrique, la salle de bain est dotée d’une douche et de WC rétractables et autonettoyants. Sans oublier un bassin amovible qui, une fois posé sur la lunette, est automatiquement vidé et nettoyé. L’équipement multimédia est, lui, constitué de deux écrans, le plus petit situé à côté du fauteuil-lit, l’autre fixé au mur d’en face. « Les professionnels peuvent, par exemple, y consulter le dossier du patient, pendant que ce dernier regarde la télé, joue, ou consulte les menus… », commente Philippe Mayjonade. « Petit plus » : ce terminal se contrôle soit par l’intermédiaire d’un smartphone, soit par les mouvements du corps et par la voix, grâce à la technologie Kinect, qui permet de commander l’ensemble des équipements de la chambre.

Regards croisés

Pour parvenir à un tel résultat, la collaboration entre industriels et professionnels hospitaliers a été essentielle, « et la participation de soignants, très pertinente », souligne le coordinateur général des pôles hôteliers du CHRU. « Avez-vous adapté le fauteuil-lit aux personnes obèses ? », « où sont les prises pour les fluides médicaux ? », ont-ils, notamment, demandé. « Leur vigilance, leurs attentes ont permis d’améliorer le projet initial », note-t-il. À Hôpital Expo, les remarques des soignants étaient d’ailleurs notées avec attention. « Le matelas est bien anti-bactérien ? » « Oui. » « Le patient ne risque-t-il pas de glisser en position semi-assise ? » « Non, le fauteuil-lit se resserre. » Commentaire d’une kiné : « C’est intéressant, notamment le fauteuil-lit, pour les patients algiques par exemple, pour leur confort, et parce qu’il est difficile pour les soignants de les manipuler. »

Juste après Hôpital Expo, la concept room est entrée dans sa phase de test : elle va être installée pour quatre mois dans le hall du CHRU de Lille, les patients et le personnel pourront donc la tester dans des conditions quasi réelles. Des améliorations sont toujours possibles d’ici à la commercialisation, prévue pour fin 2012. La grande inconnue reste, pour l’instant, le prix d’une telle chambre. Les concepteurs ne donnent aucun chiffre précis, mais assurent que son coût dépasse de 10 à 15 % seulement celui d’une chambre standard. Tout dépendra, notamment, du nombre de commandes, sachant qu’il est possible d’acheter les modules séparément. Pour sa part, le CHRU de Lille a déjà lancé une commande de lits-accompagnants.