La santé sous surveillance - Objectif Soins & Management n° 280 du 01/04/2021 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 280 du 01/04/2021

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

Dérives sectaires

Le dernier rapport de la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a été remis fin février à Marlène Schiappa, ministre déléguée auprès du ministre de l'Intérieur, chargée de la citoyenneté.

Il apparaît que la crise sanitaire a exacerbé les dérives liées aux thématiques de santé et bien-être : 38 % des signalements à la Miviludes concernent ces deux thématiques. Parmi ces dérives se trouvent les stages de jeûne extrêmes ou la promotion du crudivorisme (manger cru), avec plus de 600 saisines concernant uniquement Thierry Casasnovas, qui officie sur Youtube autour de cette pratique. Un récent colloque mené par l'Agence des médecines complémentaires et alternatives (MCA) a mis en lumière l'influence extrême que certaines pratiques pouvaient avoir sur le grand public. Pour faire la part des choses entre médecine alternative et dérive sectaire, Véronique Suissa, docteur en psychologie et directrice de MCA explique : « si une médecine alternative n'évince pas la médecine scientifique, alors, elle est acceptable, sinon, on entre dans la dérive ». A cet égard, c'est la cancérologie qui concentre vraiment ce phénomène de « gouroutisation », selon les termes de Serge Guerin, chercheur en sociologie : des patients qui arrêtent leur chimiothérapie, qui ne font plus confiance qu'aux médecines alternatives, qui ne s'alimentent plus ou alors uniquement avec des jus de légumes crus dont les vertus sont vantées par des prêcheurs sur Youtube. Pour éviter ces dérives, les acteurs du rapport misent sur la formation et l'information : « il faut apprendre aux scientifiques à communiquer et aux non-scientifiques à comprendre les choses » résume le Pr Richard Villet, secrétaire de la fondation de l'Académie de médecine. Et puis les professionnels doivent être encadrés, notamment concernant la notion de thérapeute, trop souvent galvaudée. Pour y faire face, la Miviludes, restée sans tête pendant plus de deux ans, vient de retrouver une présidente en la personne de Hanène Romdhane, magistrate et docteure en droit public, qui officiera avec un conseil d'orientation doté de personnalités reconnues.