25 nouvelles propositions de la FNADEPA - Objectif Soins & Management n° 280 du 01/04/2021 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 280 du 01/04/2021

 

Actualités

Anne-Lise Favier  

Personnes âgées

La Fédération nationale des associations de directeurs d'établissements et services pour personnes âgées (FNADEPA) vient de sortir 25 nouvelles propositions pour réformer rapidement et durablement le secteur du grand âge. Zoom sur les propositions-phares.

La crise de la Covid19 a été un catalyseur d'un mal plus profond, connu depuis de nombreuses années : le secteur du grand âge ne va pas bien. Pour réformer ce secteur, la FNADEPA, qui compte 1200 directeurs d'établissements, vient de sortir 25 propositions pragmatiques et ambitieuses pour un secteur « au bord de la rupture » : « la réforme de l'accompagnement du grand âge est devenue vitale pour nos aînés et pour notre nation demain », rappelle Jean-Pierre Riso en avançant des chiffres. En 2030, la France comptera 21 millions de personnes de plus de 60 ans, soit un Français sur trois, contre 1 sur 4 actuellement, et « pourtant, la réforme du grand âge et de l'autonomie ne cesse d'être repoussée malgré la promesse du Président de la République » déplore Jean-Pierre Riso. Pour y faire face, 25 propositions s'articulant autour des trois axes suivants : soutien aux professionnels du grand âge, optimisation du parcours de vie des personnes âgées et stabilisation de la gouvernance et du financement des territoires. Sur le premier volet, celui du soutien aux professionnels, la FNADEPA rappelle que 60 000 postes sont aujourd'hui non pourvus et que 350 000 personnels devraient être formés d'ici 4 ans. Ces emplois non délocalisables sont une urgence pour redonner du sens au grand âge. A cet égard, devraient être développés tous les métiers gravitant autour de la prise en charge de la personne âgée, des soignants, des accompagnants mais aussi des psychologues, animateurs, ergothérapeutes, psychomotriciens, orthophonistes ou encore employés administratifs. Le parcours professionnel devrait aussi être favorisé par un décloisonnement des métiers avec un socle commun de formation assorti d'une équivalence entre certains diplômes. De la même manière, sur les rémunérations, des efforts doivent être accomplis : la FNADEPA appelle de ses vœux une revalorisation salariale à l'image du Ségur de la santé et une prime grand âge pour les salariés du privé. Dernier point concernant le soutien aux professionnels : changer l'image des métiers liés au grand âge, avec notamment une campagne de recrutement qui valorise ces métiers ; une idée qui va de pair avec une valorisation de l'image des seniors via une charte avec le Conseil supérieur de l'audiovisuel (CSA) qui pourrait redoubler d'efforts pour rendre plus visibles les aînés dans la communication.

Repositionner le grand âge au cœur de la société

Sur le second volet, celui de l'optimisation du parcours de vie, la FNADEPA souhaite que les personnes âgées et leurs proches soient davantage impliqués dans les décisions les concernant : notamment en les incluant dans les Conseils de vie sociale des établissements et en bâtissant un espace de réflexion éthique dans chacun d'entre eux. Pour plus de visibilité des seniors, un conseil pourrait être mis en place dans les communes de plus de 10 000 habitants pour renforcer la citoyenneté des personnes âgées. Face à la question de la prise en charge urgente, la FNADEPA souhaite la pérennisation des référents gériatrie au sein des SAMU (mis en place au début de la crise sanitaire) ainsi qu'un accueil spécifique des personnes âgées en perte d'autonomie aux urgences, sous la forme d'un fast track, qui prioriserait leur admission. En aval, pour fluidifier les sorties d'hospitalisation, plus de places en Ehpad et foyer-autonomie doivent être créées. Pour permettre une meilleure intégration des services aux personnes âgées dans la vie de la société, la FNADEPA appelle de ses vœux une ouverture des établissements vers l'ensemble de la cité avec des structures en cœur de ville, des projets intergénérationnels ou encore le développement de services aux habitants (petits commerces, restaurants, point colis, cabinet médical...) pour changer le regard sur le vieillissement. Concernant le dernier volet, celui de la gouvernance et du financement, la FNADEPA appelle à une réforme majeure et des actions de prévention pour prévenir la perte d'autonomie : il faudrait créer des ARSA – agences régionales de santé et autonomie qui gouverneraient le grand âge et fixeraient au niveau national les tarifs socles et la valeur du point GIR. La Fédération estime à 9,2 milliards d'euros le budget nécessaire pour rénover en profondeur l'accompagnement des personnes âgées : « sans cela, impossible de réaliser les réformes nécessaires telles que l'augmentation du nombre de professionnels ou la revalorisation des aides à domicile », prévient la FNADEPA.

Dernier point à retenir, il faut une réforme de l'aide sociale au logement pour réduire les inégalités qui touchent les personnes âgées. Ces propositions visent un triple objectif : social, économique et sociétal, pour redonner de l'humain à la prise en charge des aînés, dans un souci d'urgence sociale et d'impératif éthique car, comme le rappelle la FNADEPA, « l'arrivée de la vague grise n'en est qu'à ses prémices ». Il faut donc l'anticiper en réformant pour mieux l'appréhender.