« L'ADMR, un engagement collectif au service des autres » - Objectif Soins & Management n° 280 du 01/04/2021 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 280 du 01/04/2021

 

Actualités

Claire Pourprix  

Portrait

Marie-Josée Daguin a démarré sa carrière professionnelle comme infirmière avant de découvrir l'ADMR (1), dont les valeurs l'ont attirée. Élue présidente de l'Union nationale fin 2020 pour un troisième mandat de 4 ans, elle nous raconte son parcours et son attachement à ce réseau de services à domicile qui a fortement évolué depuis 30 ans.

Après des études de droit, Marie-Josée Daguin a suivi des études d'infirmière et obtenu son diplôme en 1983. Jeune maman, elle travaille alors à mi-temps dans un centre de santé, avant de faire une pause à partir de 1989 pour « apprécier la vie familiale ». Rapidement, elle contracte le virus de l'engagement : trois mois après cette mise à distance du monde professionnel, elle est élue conseillère à la mairie de son village, Juillan, dans les Hautes-Pyrénées, une fonction qu'elle occupera pendant trois mandats, jusqu'en 2008.

Premiers pas à l'ADMR

« Mon mari, médecin, a toujours été très favorable au maintien à domicile. C'est par lui que j'ai fait connaissance avec l'ADMR à Juillan, en 1992, se souvient-elle. Cela m'a tout de suite plu : les valeurs d'entraide, de solidarité, d'universalité, le sentiment de se rendre utile, l'esprit d'équipe et de proximité des personnes investies, l'engagement des bénévoles m'ont vraiment séduite. À l'ADMR, j'ai trouvé des équipes au travail et un travail d'équipe : chacun apporte son vécu, son expérience, ses compétences dans le respect de l'autre, on échange dans le cadre d'apports chaleureux, professionnels. Finalement, chacun participe à l'action menée. »

Du local au national, un engagement complet

Entrée en 1992 dans l'association locale de Juillan, puis au conseil d'administration fédéral en 1995, Marie-Josée Daguin a participé à la mise en place de services tels que le portage de repas, de jardinage, et de SSIAD. Elle poursuivit son parcours : d'abord secrétaire de la fédération des Hautes-Pyrénées basée à Tarbes, puis présidente en 2001, tout en conservant la présidence du Service d'aide à domicile et du SSIAD de son territoire.

En novembre 2008, elle fait son entrée au conseil d'administration national, puis au bureau national où elle devient rapidement présidente du groupe national « Famille ». En 2010, elle devient vice-présidente de l'Union nationale de l'ADMR, avant d'accéder à la présidente en 2012, dont elle vient de démarrer un troisième mandat fin 2020. Entre-temps, en 2016, Marie-Josée Daguin a également été élue présidente du comité régional Occitanie, qui fédère les associations de cette région.

Comment explique-t-elle un tel parcours ? « Quand je suis entrée dans l'association, je trouvais que ça n'avançait pas assez vite, c'est ce qui a motivé la démarche de me porter présidente. Ensuite... on m'a sollicitée et j'ai répondu à l'appel ! Ce qui fait l'ADMR, c'est une équipe solidaire. On n'est jamais seul : même si cela représente beaucoup de travail, nous sommes dans la co-construction, et c'est ce qui m'intéresse. Cela m'aide à porter mes engagements, mes responsabilités. »

Depuis 30 ans que Marie-Josée Daguin connaît l'ADMR, le métier a beaucoup évolué : « Dans le même temps que l'ADMR a pris les virages nécessaires aux moments voulus, nos salariées (il s'agit majoritairement de femmes) se sont professionnalisées. D'aucunes occupent même aujourd'hui un temps plein. Ainsi, nous œuvrons pour que nos salariées aient un parcours professionnel au sein de l'ADMR, même en démarrant sans formation. Nous donnons la possibilité de se former, de passer des validations des acquis, ouvrons la voie à des formations diplômantes ou certifiantes. »

De fait, les quatre pôles d'activité de l'ADMR font appel à des salariés aux profils variés, et sont ouverts aux métiers paramédicaux notamment (aides-soignants et infirmiers). À ce jour, l'ADMR c'est 94 000 salariés et 85 000 bénévoles impliqués pour servir 720 000 clients. Les bénévoles jouent un rôle essentiel dans le réseau, avec des missions très larges, allant de l'accueil des clients à la supervision des plannings, en passant par des visites de convivialité, la promotion et la représentation de l'association, ou encore le suivi de la trésorerie et la gestion du personnel.

Rendre les métiers du service à domicile plus attractifs

L'attractivité de nos métiers est un sujet de préoccupation majeur : « nos métiers ne sont pas faciles, explique-t-elle. Nous sommes préoccupés par la qualité de vie au travail de nos salariés et aussi du bien-être des bénévoles. Le problème d'attractivité est intimement lié aux problèmes des revalorisations salariales (970 € par mois en moyenne) et au manque de reconnaissance des métiers de l'aide à domicile. Nous espérons un agrément de l'avenant 43 qui permettrait une hausse des salaires d'environ 12 %. » Au-delà, l'Union nationale ADMR se mobilise auprès des différents ministères pour obtenir des avancées facilitant la mobilité des salariés (carte professionnelle, mise en place de véhicules de services, aides financières pour le permis de conduire. Dans le cadre des discussions sur la loi Grand Age et Autonomie, l'ADMR a été auditionnée à plusieurs reprises. « Nous avons pu nous faire entendre, d'autant que la crise sanitaire de la Covid-19 a été un révélateur de l'intérêt du maintien à domicile, notamment pour éviter d'encombrer les hôpitaux, et a mis en avant le rôle primordial des aides à domicile et des auxiliaires de vie auprès des plus fragiles. Nous faire connaître demande du temps, de la pédagogie. L'ADMR a en effet des modes de fonctionnement particuliers mais très vertueux, qui reposent sur le principe de subsidiarité : les rôles de l'association locale, de la fédération, de l'union nationale sont distincts, et tous sont au service les uns des autres. »

Marie-Josée Daguin, dont l'envie de se rendre utile avait conduit à embrasser le métier d'infirmière, a trouvé dans l'ADMR un terrain d'expression de son goût des autres. « L'ADMR d'aujourd'hui n'est pas la même qu'il y a 30 ans, mais les fondamentaux sont toujours là, souligne-t-elle. Le respect, la considération des salariés, la solidarité sont essentiels. Nous préparons l'avenir et je souhaite que l'ADMR soit toujours là, innovante et fondée sur le bénévolat, sinon elle deviendra une entreprise comme les autres. »

(1) L'ADMR (Aide à Domicile en Milieu Rural) fédère 87 fédérations départementales et 2 700 associations locales implantées partout en France.

Encadré

L'ADMR a été fondée en 1945 pour aider les familles en difficulté, au sortir de la guerre. À l'époque, il s'agissait essentiellement d'un service d'aide aux familles dans la ruralité. Au fil des années, son champ d'action a évolué : par exemple avec la création, suite au rapport Laroque de 1962 intitulé « Politique de la vieillesse », de la prestation d'aide-ménagère en 1965 qui a permis de développer des services d'aides aux personnes âgées. Ou encore en 1978-80 avec la création de ses propres services infirmiers à domicile (SSIAD). Aujourd'hui, l'ADMR propose des « services pour tous » : des services pour l'enfance et la parentalité, des services et soins aux seniors, l'accompagnement du handicap, l'entretien de la maison. Et des services diversifiés tels que des centres pour autistes, des petites unités de vie pour personnes âgées et handicapées, des hébergements en habitat inclusif (logements entre le domicile et l'Ehpad), de l'intergénérationnel...