L’ISOLEMENT SEPTIQUE D’UN PATIENT - Ma revue n° 012 du 01/09/2021 | Espace Infirmier
 

L'infirmière n° 012 du 01/09/2021

 

JE ME FORME

FICHE DE SOINS

Sylvie Gervaise*   Pascale Wanquet-Thibault**  


*cadre supérieure de santé
**cadre supérieure de santé
***consultante et formatrice
****auteures de l’ouvrage Fiches techniques de soins infirmiers*

INTRODUCTION

L’isolement septique correspond à un ensemble de mesures pour isoler un patient dans une chambre individuelle, pour lequel les déplacements sont limités et vis-à-vis duquel les mesures d’hygiène sont renforcées.

OBJECTIF

Éviter la transmission infectieuse à partir d’un patient infecté ou porteur, à des personnes non infectées et non porteuses.

INDICATIONS

Un isolement septique est préconisé lorsqu’un patient est atteint d’une maladie infectieuse par un agent multirésistant aux antibiotiques et à fort pouvoir de diffusion épidémique. Les précautions sont de plusieurs types :

- relatives à l’air ou « A » pour éviter la transmission aéroportée de micro-organismes (rougeole, tuberculose, varicelle) ;

- concernant les gouttelettes ou « G » pour éviter la transmission de micro-organismes par la salive ou les sécrétions respiratoires supérieures. La zone de distance nécessaire est estimée à 1 mètre de la source (coqueluche, diphtérie, épiglottite à Haemophilus, grippe, infections respiratoires à bactéries multirésistantes, méningites, pneumonies à Haemophilus influenzae de l’enfant ou à Mycoplasma pneumoniae, oreillons, rubéole, scarlatine) ;

- de contact ou « C » pour éviter la transmission de micro-organismes par contact direct ou indirect (diarrhée à Clostridium difficile, gale, gastroentérite, herpès, poux, puces, varicelle).

DÉROULEMENT

• Les mesures d’isolement comprennent deux types de précautions :

- « standard » ou « générales », à appliquer quel que soit le statut infectieux du patient, et qui sont à observer au quotidien a minima pour tous les patients dans un établissement de soins et par tous les professionnels de santé ;

- particulières, définies en fonction de l’agent infectieux (réservoir, mode de transmission, résistance dans le milieu extérieur) et de l’infection (localisation et gravité).

• La chambre individuelle peut être prescrite médicalement. La prescription doit préciser si la pièce doit être équipée d’un sas ou d’un traitement d’air et, dans ce cas, si elle doit être en dépression (isolement septique), la surpression étant réservée à l’isolement protecteur.

• Vêtements de protection :

- les gants à usage unique non stériles sont à utiliser pour tous les soins contaminants. Ils sont retirés dans la chambre et jetés dans des sacs adaptés. Le lavage des mains est indispensable après retrait ;

- le masque évite la contamination par les gouttelettes de Flügge. Seul le masque antiprojections classé P1 est efficace contre la transmission de la tuberculose ;

- la surblouse reste dans la chambre, pliage intérieur contre intérieur. Elle est changée une fois par jour au moins et plus en cas de souillure ;

- lunettes ou visière.

• Élimination du linge, des déchets et objets souillés : les mesures à prendre sont à déterminer en concertation avec le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (Clin) local. Le petit matériel est entré selon les besoins, sans le stocker dans la chambre. Lorsque l’infection risque de se propager par voie orofécale, les excreta et le matériel souillé sont nettoyés et désinfectés dans la chambre puis transportés dans un double emballage jusqu’au lieu de traitement. Ces précautions s’appliquent aussi au matériel souillé par des tissus ou des liquides infectés. Les déchets suivent la filière d’élimination des déchets à risque infectieux.

• Les déplacements et les transferts du patient sont à limiter autant que possible. Lorsqu’ils sont indispensables, penser à informer du statut infectieux du malade.

LES PRÉCAUTIONS

Les types de précautions sont adaptés au mode de transmission de l’agent infectieux.

PRÉCAUTIONS « A »

• Chambre individuelle en pression négative, porte fermée.

• Port du masque dès l’entrée dans la chambre.

• Déplacements limités du patient.

PRÉCAUTIONS « G »

• Chambre individuelle.

• Port du masque lors des interventions autour du lit.

• Déplacements limités du patient qui doit porter un masque.

PRÉCAUTIONS « C »

• Chambre individuelle.

• Port de gants dès l’entrée dans la chambre.

• Lavage des mains après le retrait des gants, avant de quitter la chambre du patient, avec un savon antiseptique ou une solution hydroalcoolique.

• Port d’une surblouse au contact du patient ou avec les surfaces ou matériels de son environnement.

• Utilisation privilégiée de matériel à usage unique.

• Déplacements limités du patient.

TRAÇABILITÉ

• La mise en place et l’arrêt de l’isolement septique sont des prescriptions strictement médicales.

• Une information précise doit être dispensée au patient, à ses visiteurs et à tous les professionnels intervenant auprès de lui. Cette information doit être particulièrement adaptée et transmise en cas de transfert d’un patient infecté entre services ou établissements.

Les cinq indications à l’hygiène des mains

RÉFÉRENCES

1. Comité technique national des infections nosocomiales, Société française d’hygiène hospitalière (SF2H), ministère de l’Emploi et de la Solidarité, « Isolement septique. Recommandations pour les établissements de soins », 1998. En ligne sur : bit.ly/3rc5Yjp

2. Centre de coordination de la lutte contre les infections nosocomiales (CClin) Sud-Est, « Les tenues professionnelles dans les établissements de santé », mars 2008. En ligne sur : bit.ly/3yX34Sv

3. Société de réanimation de langue française, « Prévention des infections à bactéries multirésistantes en réanimation (en dehors des modalités d’optimisation de l’antibiothérapie) », XVIe conférence de consensus de la SRLF, 21 novembre 1996. En ligne sur : bit.ly/3kmiMTg

4. CClin Sud-Ouest, « Hygiène en rééducation fonctionnelle », janvier 2001. En ligne sur : bit.ly/3yVbycA

5. CClin Ouest, « Hygiène en pédiatrie dans les services de nourrissons », mai 2005. En ligne sur : bit.ly/3B7RBRO

* Extrait de l’ouvrage Fiches techniques de soins infirmiers. De la réalisation à l’évaluation, Sylvie Gervaise et Pascale Wanquet-Thibault, 2e édition, Éditions Lamarre, 2021, 672 pages.