LA VOIX DE SON MAÎTRE ? - L'Infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 370 du 01/04/2016

 

DÉMOCRATIE SANITAIRE

ACTUALITÉS

FOCUS

VÉRONIQUE HUNSINGER  

À l’heure où la ministre affiche sa volonté de développer la démocratie sanitaire, la démission du secrétaire général de la Conférence nationale de santé fait désordre.

Quatorze ans après la loi Kouchner, la démocratie sanitaire peine toujours à trouver ses marques. Principale fédération d’associations de patients, le Collectif interassociatif sur la santé (Ciss), financé à 80 % par des subventions publiques, est récemment monté au créneau pour défendre sa place : « Blogosphère et presse écrite se relaient pour délivrer des analyses à l’emporte-pièce sur la démocratie sanitaire. C’est sans doute ce progrès qui dérange notamment tous ceux qui trouvent décidément inadmissible que les usagers s’organisent. » Point de départ de cette tempête : la démission tonitruante, le 19 février, du secrétaire général de la Conférence nationale de santé (CNS), Thomas Dietrich. Ce haut fonctionnaire a accompagné son geste de la mise en ligne d’un brûlot (1), dans lequel il y dénonce l’interventionnisme du cabinet de la ministre dans les avis et propositions que doit rendre la CNS(2).

Parti unique

Quelques jours plus tard, l’UFC-Que choisir et la CLCV(2) déploraient les conditions de la mise en place de l’Union nationale des associations agréées d’usagers du système de santé (Unaass), organisme créé par la loi de santé qui a pour vocation de « donner des avis aux pouvoirs publics ». À ce jour, le comité technique qui le préfigure n’est composé que d’associations membres du Ciss. Se sentant évincées, les autres associations critiquent une démocratie du « parti unique ».

Ces reproches arrivent au moment où Marisol Touraine a lancé encore une autre structure : l’Institut pour la démocratie en santé, dont les objectifs sont la formation et la recherche dans le domaine de la participation des usagers au système de santé. Elle en a confié les clés à la Fédération hospitalière de France, l’École des hautes études en santé publique et au Ciss. Pour sa défense, ce dernier fait valoir avoir mis « dans l’agenda public trois préoccupations centrales pour les Français » : les déserts médicaux, la progression des dépassements d’honoraires et les restes à charge. Sans avoir toujours réussi à se faire entendre.

1 - « Démocratie sanitaire : les illusions perdues ».

2- La CNS est un organisme consultatif indépendant composé d’une centaine d’organisations : représentants des usagers, partenaires sociaux et offreurs de soins.

3 - Consommation, logement et cadre de vie.