Rendre efficaces les actions de prévention - L'Infirmière Libérale Magazine n° 354 du 01/01/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 354 du 01/01/2019

 

RAPPORT

ACTUALITÉ

Lisette Gries  

Dans un récent avis, le HCAAM lance des pistes concrètes pour mieux organiser et financer des actions de prévention, primordiales dans la prise en charge des maladies « non transmissibles ».

QUELLES CONDITIONS CONCRÈTES ET QUELLES ÉVOLUTIONS DE FINANCEMENTS SONT NÉCESSAIRES POUR MIEUX ORGANISER LES ACTIONS DE PRÉVENTION EN MATIÈRE DE SANTÉ ? C’est la question complexe à laquelle tente de répondre le Haut Conseil pour l’avenir de l’Assurance maladie (HCAAM) dans son avis adopté le 25 octobre 2018(1), dans le prolongement d’une note de juin 2017. Il propose un bilan des insuffisances du système actuel et des pistes pour évoluer vers une prévention plus harmonisée et disponible à tous. « La prévention recouvre un champ d’intervention très large », note le HCAAM, qui rappelle que 60 % des décès dans le monde sont imputables à des facteurs qui relèvent, entre autres, de cette prévention. « L’ensemble des politiques publiques doivent être évaluées », recommande le rapport. Pour ce qui concerne le système de santé, trois éléments sont pointés : le modèle individuel et biomédical qui freine une prise en charge globalisée, une dispersion des actions et des financements et la distinction entre prévention et soin. S’appuyant sur l’exemple de l’obésité, le rapport préconise de développer des actions de repérage précoce, notamment en mobilisant le tissu associatif, et d’éviter à la fois la surmédicalisation et la sous-médicalisation, en proposant une réponse graduée. Le rapport souligne également qu’il est « nécessaire de soutenir les services de médecine préventive spécifiques et d’en renforcer les moyens dans un cadre rénové : services de protection maternelle et infantile, santé scolaire, services de santé au travail, aujourd’hui en très grande difficulté ».

Définir et suivre un plan personnalisé

Concrètement, la prévention doit être vue par les soignants comme une mission naturelle, qui doit, pour être efficace, de faire l’objet d’une valorisation financière. L’organisation suggérée débute par un repérage et la proposition faite au patient d’entrer dans un programme de prévention. Le patient choisit ensuite un référent parmi les professionnels de soin, rémunéré pour cette fonction. Ce dernier élabore un plan personnalisé de prise en charge, dont il assure également le suivi. Dans ce cadre, certaines prestations comme les consultations diététiques ou l’activité physique adaptée seraient prises en charge financièrement. Avec une estimation des besoins moyens par patient à 600 euros par an, cette nouvelle façon d’envisager la prévention nécessiterait le déblocage de 300 millions d’euros. « Une partie de ce montant est, en réalité, déjà prise en charge au sein de la masse des consultations médicales », relativise le HCAAM. Pour le reste, deux leviers sont mis en avant : intégrer les actions de prévention déjà financées à un parcours coordonné et limiter le recours à la chirurgie bariatrique.