DES SOINS EN SOUFFRANCE - L'Infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 385 du 01/09/2017

 

PSYCHIATRIE

ACTUALITÉS

FOCUS

Françoise Vlaemÿnck  

Dans son second rapport dédié au personnel, le contrôleur général des lieux de privation de liberté, plaide pour l’instauration d’un ratio soignants/soignés dans les unités de soins.

Le rôle du personnel dans la prise en charge des personnes privées de liberté(1) est indissociable des droits fondamentaux de ces personnes », estime Adeline Hazan, CGLPL, dans son rapport thématique dédié au personnel(2). S’agissant du personnel soignant du secteur psychiatrique, elle préconise qu’un ratio type soit instauré. Une recommandation que soutient Michel David, président de l’Asso­ciation des secteurs de psychiatrie en milieu pénitentiaire (ASPMP), même s’il note que les situations sont très inégales : « Il y a des équipes qui fonctionnent très bien et d’autres moins. Travailler en milieu fermé, et notamment en prison, n’est pas facile, cela demande beaucoup d’énergie. D’ailleurs, le rapport note qu’il y a très peu de volontaires pour ce type d’exercice. » Dans ce contexte, l’absentéisme est aussi pointé par le rapport. Avec un taux de 19 % en moyenne, « l’absentéisme semble être le baromètre d’une am­biance générale terreau de prati­ques professionnelles hasardeuses. »

La place du cadre de santé

Le CGLPL relève également qu’une formation adaptée à la psychiatrie reste nécessaire pour les soignants : « Plus jeunes aujourd’hui, les infirmiers actuels manquent parfois de la capacité à être “contenant psychiquement” et s’en tiennent aux protocoles. » Des établissements de santé mentale ont d’ailleurs mis en place des formations internes, animées par les praticiens hospitaliers et des infirmiers expérimentés, afin d’« améliorer les connaissances cliniques des infirmiers affectés en psychiatrie. »

Le manque de cadres de proximité et le poids de leur fonction managériale « dépourvue de fonction infirmière » est une autre donnée qui nuit à l’animation des équipes et la bonne prise en charge des patients, estime Adeline Hazan : « Ayant perdu l’habitude des soins, ils sont réticents à intervenir ; il faut pourtant que les directeurs de soins infirmiers veillent à laisser à leurs cadres un rôle soignant. » L’emplacement du bureau du cadre hors des services de soins est « un indicateur ». Pour François Bès, de l’Observatoire international des prisons (OIP), « la plupart des soignants font au mieux avec les moyens qu’ils ont et avec les contraintes quotidiennes inhérentes aux lieux d’enfermement pour faire valoir la logique de santé face à une logique sécuritaire défendue par l’administration pénitentiaire qui demeure la plus entendue. C’est un combat à saluer. »

1- Prisons, établissements de santé mentale, centres de rétention administrative et zones d’attente, centres éducatifs fermés et locaux de garde à vue.

2- www.cglpl.fr