Les recommandations de l’Igas - Objectif Soins & Management n° 0292 du 17/04/2023 | Espace Infirmier
 

OBJECTIF SOINS n° 0292 du 17/04/2023

 

Aidants

ACTUALITÉS

Anne Lise Favier

  

Les aidants seraient entre 8 à 11 millions en France. La plupart ne se reconnaissent pas comme tels et ils ignorent le plus souvent qu’ils peuvent bénéficier de dispositifs de soutien et d’accompagnement. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) dresse un panorama des offres de répit existantes et insiste sur la nécessité d'un financement renforcé de ces solutions.

Dans le cadre de la stratégie gouvernementale « Agir pour les aidants 2022-22 », l’Igas a été saisie d’une mission portant sur l’évolution du cadre juridique et financier de l’offre de répit pour les aidants de personnes âgées, en situation de handicap ou malades*. Compte tenu de la diversité de l’offre, ces travaux se sont concentrés sur quatre solutions de répit : les plateformes d’accompagnement et de répit (information et orientation des aidants), les solutions de répit à domicile, celles en établissement et enfin les séjours de vacances-répit. Si « Les solutions de répit ne sont pas la première demande des aidants qui insistent le plus souvent sur l’importance d’un accompagnement soignant et médico-social approprié pour les personnes aidées », l'Igas estime néanmoins que les aidants peuvent exprimer le besoin de temps de répit. D’où l’importance en premier lieu, des dispositifs d’accompagnement et de répit existants.

Un cadre à renforcer

Selon l'Igas, ceux-ci doivent être confortés pour améliorer le repérage et l’orientation des aidants au sein d’une offre qu’elle estime encore « peu lisible » : « Initialement conçues pour les aidants de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer, les plateformes d’accompagnement et de répit (PFR) ont été élargies à l’ensemble des aidants en 2021. […] En 2022, on compte plus de 250 plateformes installées, avec un maillage territorial inégal et une activité très variable », déplore l’Igas. Selon les experts, pour renforcer ce rôle des PFR, il faudrait réviser leur statut juridique afin de garantir leur autonomie et permettre leur financement direct par les agences régionales de santé (ARS), et choisir une appellation fédératrice plus parlante, telle que « maison des aidants ». Concernant l’offre à domicile, sa généralisation et son développement sont très attendus par les aidants. Néanmoins, « Cette suppléance à domicile requiert un financement plus soutenu et un cadre juridique », estime l’Igas. Ce volet souffre encore d’inégalités : pour les aidants de personnes en situation de handicap, l’offre est encore embryonnaire, et elle est quasi inexistante pour les aidants d’enfants malades, regrette la mission, qui suggère une meilleure structuration de l’offre.

Des haltes, de l’accueil, des vacances

Outre les plateformes d’accompagnement et le soutien à domicile, les aidants peuvent faire appel à une offre d’accueil temporaire en établissement : selon l’Igas, ce dispositif reste largement minoritaire parmi l’offre des établissements pour personnes âgées ou en situation de handicap et n’est pas toujours adapté. Sans aller jusqu’à la création de maisons de répit (dont l’existence à Lyon montre un bilan à 4 ans en demi-teinte), la mission recommande « d’élargir les possibilités d’hébergement temporaire dans les établissements de santé pour soulager les aidants et favoriser le maintien à domicile en encourageant les séjours de répit dans trois champs (soins palliatifs, soins médicaux et réadaptation et unités de soins prolongés complexes) ».

Dernier volet abordé dans la mission de l’Igas, les séjours de vacances-répit. S’ils méritent d’être soutenus, le principal frein à leur développement tient au coût élevé des séjours adaptés, même s’il existe des solutions de financement, qui demeurent très diverses, donc complexes à mettre en œuvre et méconnues. C’est d’ailleurs l'un des points importants qui ressort de la mission : alors que le développement des solutions de répit est freiné par un manque de financement, lorsque l’offre existe, elle est peu lisible et donc peu mobilisée. La mission souhaite donc « clarifier et renforcer toutes les aides aux solutions de répit », pourquoi pas avec la création d’une « allocation répit aidant ou d’une prestation en nature », deux options qui mériteraient, selon l’Igas, d’être étudiées « pour évaluer leur faisabilité et leur impact financier ». Elle conclut que le développement de ces solutions ne doit pas être réalisé au détriment des dispositifs existants pour les personnes aidées, qui restent indispensables au regard de l’insuffisance et l’inadaptation de l’accompagnement de certaines personnes en établissement ou à domicile.

* Rapport Igas N°2022-032R, https://www.igas.gouv.fr/IMG/pdf/2022-032rv2.pdf