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L'infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015

 

DÉNUTRITION

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FOCUS

CÉCILE ALMENDROS  

Lors d’une séance dédiée, le 18 mars, l’Académie nationale de pharmacie a insisté sur les dangers de la dénutrition pour les patients hospitalisés.

À l’hôpital, la dénutrition(1) peut tuer plus que la maladie elle-même. » Par cette affirmation frappante, l’Académie de pharmacie jette un pavé dans la mare. Et l’institution d’étayer son propos par une série de chiffres : « 30 à 60 % des patients hospitalisés sont dénutris » ; la dénutrition affecterait « 15 à 30 % des enfants hospitalisés » ; « chez les personnes âgées hospitalisées en long séjour, la prévalence de la dénutrition est de 65 % » ; « chez les malades atteints de cancer, elle est en moyenne de 50 % »(2) et « elle est majorée par les traitements (chimiothérapie, radiothérapie) » ; « un malade dénutri a quatre fois plus de risques de faire une complication infectieuse qu’un malade normo-nutri » ; « 10 à 20 % des malades atteints de cancer meurent des conséquences de leur dénutrition, pas de leur cancer »…

Un enjeu de poids

Bref, les effets de la dénutrition « en termes de morbi-mortalité sont symétriques [à ceux] de l’obésité », assure l’Académie, mais ils « sont beaucoup moins médiatisés et pris en compte », déplore le Pr Luc Cynober, du service de biochimie de l’hôpital Cochin (AP-HP) et de l’unité pédagogique Nutrition de la faculté de pharmacie Paris-Descartes. Et ce, malgré « un impact majeur en termes médicaux et économiques » : la dénutrition majore le coût d’une hospitalisation de plus de 1 000 euros, évalue l’Académie.

D’où l’urgence d’une prise en charge à la hauteur des enjeux. Une bonne nutrition étant « indispensable à la guérison, à la cicatrisation et à la lutte contre les infections », il ne faut plus la considérer « comme un élément secondaire de la prise en charge thérapeutique », plaide l’Académie. Partant du constat qu’aujourd’hui, « les repas ne sont pas adaptés au goût et à l’appétit de ceux à qui ils sont destinés, qui de fait ne les consomment pas », elle suggère de « développer le contenu des formations initiales médicales et paramédicales » pour « optimiser l’offre alimentaire ». Et de « valoriser la dénutrition dans le codage de la T2A » : le département d’informatique médicale de l’hôpital Cochin a estimé que le codage correct de la dénutrition représentait 3 millions d’euros par an.

1- Il y a dénutrition dès lors qu’il existe une perte de poids non voulue de 10 % en six mois et que celle-ci entraîne une perte de fonctions.

2- Données très variables, de 67 % dans le cancer du pancréas à moins de 10 % dans celui du sein.

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Lire aussi l’article publié le 7 avril sur notre site.

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