SANS FRONTIÈRES, MAIS PAS SANS LIMITES - L'Infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 360 du 01/05/2015

 

EBOLA

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AVELINE MARQUES  

Un an après, MSF dresse un premier bilan de sa lutte contre la plus meurtrière des épidémies d’Ebola. L’ONG incrimine l’inaction de la communauté internationale.

Quatorze mars 2014. Le Dr Esther Sterk, du bureau Médecins sans frontières (MSF) de Genève, apprend que le ministère de la Santé guinéen fait état d’une mystérieuse maladie. C’est le début d’une « année tristement exceptionnelle » : au moins 24 000 personnes ont été infectées par le virus Ebola, qui a ravagé la Guinée, le Liberia et la Sierra Leone. Plus de 10 000 d’entre elles ont perdu la vie, dont 500 soignants. Dès le départ, cette épidémie présentait pour MSF « la conjonction parfaite de phénomènes destructeurs », pointe Christopher Stokes, son directeur : « Une épidémie transfrontalière dans des pays avec des systèmes de santé publique fragiles, qui n’avaient jamais été confrontés au virus. »

Mais, pour qu’elle « devienne à ce point incontrôlable, il fallait que de nombreuses institutions échouent ».

Une lutte solitaire

Pour MSF, l’Organisation mondiale de la santé n’a pas assumé le leadership face à l’épidémie, laissant à l’ONG le soin « de se charger intégralement de la réponse ». Les gouvernements de Guinée et de Sierra Leone « ont été réticents à admettre la gravité de l’épidémie ». Quant aux pays développés, ils n’ont apporté leur soutien qu’à la fin de l’été, lorsqu’ils ont réalisé que le virus pouvait « traverser l’océan »(1). L’épidémie avait déjà explosé. À Monrovia (Liberia), MSF doit « choisir les patients » qui prendront la place de ceux qui ont succombé durant la nuit. « Nous ne pouvions offrir que des soins palliatifs de base. Il y a tant de patients et si peu de personnel que celui-ci ne pouvait consacrer qu’une minute à chaque malade », témoigne Rosa Crestani, coordinatrice de l’intervention. À bout, l’ONG se résout à appeler l’ONU à déployer des ressources médicales civiles et militaires. Alors que le Liberia a entamé son compte à rebours vers la fin de l’épidémie(2) et que des foyers subsistent en Guinée, MSF tire les leçons : « L’expérience acquise en matière de fièvres hémorragiques virales s’est centralisée au fil des ans au sein d’un groupe d’experts. MSF aurait dû mobiliser plus rapidement l’ensemble de ses capacités pour répondre à l’épidémie. »

1- En août, deux humanitaires américains infectés sont rapatriés ; en octobre, deux infirmières américaines et une infirmière espagnole sont contaminées hors d’Afrique.

2- Elle est déclarée au bout d’une période de 42 jours sans nouveau malade.

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