« ÉTUDIANTS EN STAGE, PAS ESCLAVES ! » - L'Infirmière Magazine n° 290 du 01/12/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 290 du 01/12/2011

 

SOINS INFIRMIERS

ACTUALITÉ

Bourses non revalorisées, indemnités de stage dérisoires… Les étudiants en soins infirmiers ont interpellé les représentants du ministère et des régions sur la faiblesse des aides sociales.

La table ronde, à l’intitulé finement provocateur – « Les étudiants en soins infirmiers sont-ils des para-étudiants ? », fut l’un des points forts du dernier congrès de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnési). Monique Monguillon, la conseillère pédagogique nationale pour le ministère de la Santé, et Céline Courtois, représentant l’association des régions de France (AMF), avaient fait le déplacement pour répondre aux questions des étudiants.

Vice-présidente de la Fnési en charge des questions sociales, Élodie Poucet a rapidement donné le ton de la rencontre, fustigeant les différences de traitement entre les ESI et les autres étudiants de l’enseignement supérieur. Selon la Fnési, la non-revalorisation, depuis 2005, des bourses étudiantes octroyées par les régions est en effet responsable d’un écart moyen de 20 % entre les bourses accordées aux ESI et celles des autres étudiants de l’enseignement supérieur. « Résultat, de nombreux étudiants de première année arrêtent leurs études en raison de difficultés financières », s’est-elle indignée. Seules trois régions en France ont aligné le montant de leurs bourses sur celles de l’enseignement supérieur. « Nous essayons de les revaloriser, mais nous n’avons aucune compensation de l’État », s’est défendue la représentante des régions.

Indemnités dérisoires

Autre objet de l’indignation des ESI, la gratification de leurs stages, qui n’a pas suivi la loi dite sur l’égalité des chances, laquelle prévoit des rémunérations de l’ordre d’un tiers du Smic pour les stages étudiants. Les indemnités des étudiants en soins infirmiers sont actuellement de 23 euros par semaine en première année, et de 40 euros en troisième année. Ces derniers, qui pallient, dans certains établissements, la pénurie infirmière, font pourtant un vrai travail de soignant. « Nous sommes des étudiants en stage, pas des esclaves », a clamé l’un d’entre eux, dans un amphithéâtre surchauffé. « Un étudiant infirmier vaut actuellement 66 centimes de l’heure », a renchéri un autre dans un tonnerre d’applaudissements. Endossant la casquette de représentante du ministère de la Santé, Monique Monguillon a tenté de répliquer, estimant que les ESI étaient mieux lotis que d’autres étudiants paramédicaux puisqu’ils bénéficient à la fois d’indemnités de stage et de frais de remboursement des frais de transport. Souhaitant calmer la colère de la salle, Monique Monguillon a rappelé que les indemnités de stage sont payées par les établissements de santé, et que ceux-ci connaissent aujourd’hui de grandes difficultés financières. Mais les étudiants doivent-ils faire les frais des choix ministériels en matière de maîtrise des dépenses de santé ?

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Retrouvez la version intégrale de cet article sur notre site en date du 21/11/2011.