EXPERTISE EN DEVENIR - L'Infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015

 

PLAIES ET CICATRISATIONS

ACTUALITÉS

COLLOQUES

SANDRA MIGNOT  

Nouveaux produits, formations et protocoles de coopération ont fait l’ouverture de la 19e édition de la Conférence nationale des plaies et cicatrisations.

Pendant ces trois journées de rencontres et d’échanges, la baisse du prix des pansements techniques (jusqu’à -6 %), le nouveau guide méthodologique de la Haute autorité de santé (HAS) pour le développement clinique des pansements, les produits innovants pour la compression des membres inférieurs et les dernières études publiées ont été passés au crible.

Côté produits, Isabelle Fromentin, infirmière et vice-présidente de la Société française francophone des plaies et cicatrisations (SFFPC), s’est tout particulièrement penchée sur les pansements, dont l’objectif est de lutter contre la formation d’un biofilm sur les plaies. « Tout le monde est d’accord pour dire que ce biofilm retarde la cicatrisation, mais, pour l’instant, les nouveaux produits et protocoles proposés n’ont été testés qu’in vitro, a-t-elle ainsi résumé. Les niveaux de preuves ne correspondent pas aux critères cliniques et les autorités sanitaires ne valident donc pas pour l’instant ces produits. » Pourtant, plusieurs nouveautés semblent prometteuses. « Les approches multimodales (contenant plusieurs antibactériens) sont intéressantes, et d’autant plus lorsque ces pansements sont associés à la détersion », poursuit-elle.

En matière de compression des membres inférieurs, Sylvie Meaume, présidente de la SFFPC, a proposé un panorama des nouveautés, signalant au passage une foule d’enfile-bas plus surprenants les uns que les autres, « même si le Rolly [NDLR : un enfile-bas souple et compact] pourrait être intéressant à étudier ». La présidente a surtout signalé les limites des pratiques de certains dispositifs : « Les bandes à allongement court doivent être posées dès le lever et retirées à la dernière minute avant le coucher, alors, que se passe-t-il lorsque l’infirmière passe à 11 h 00 ? »

Coopération enrichissante

Martine Aoustin, directrice de l’ARS Languedoc-Roussillon, a ensuite fait le point sur les différents protocoles de coopération en place. « Leurs points forts sont de sécuriser des pratiques déjà existantes, de dégager du temps médical et de faire évoluer le rôle des professionnels de santé », a-t-elle rappelé. La plupart des protocoles validés actuellement par la HAS et les ARS concernent une délégation du médecin vers l’infirmier (notamment pour des actes techniques tels que la vaccination ou la saisie des images d’échocardiographie, des soins de suivi concernant les maladies chroniques ou des consultations, par exemple à domicile, auprès de personnes âgées). Mais il existe également un protocole délégant certaines activités du chirurgien-dentiste à l’IDE. « Et cela peut aussi concerner deux paramédicaux, puisqu’un protocole concernant la délégation des soins d’élimination fécale chez des patients atteints de troubles neurologiques chroniques de l’IDE vers l’aide-soignante en SSIAD a été validé en octobre 2014 par la HAS. » À noter : cette délégation doit être prescrite par le médecin.

Une formation à améliorer

Côté qualification, Luc Téot, responsable de l’unité plaies et cicatrisations au CHRU de Montpellier, échafaude pour l’avenir une expertise à deux niveaux : celle du soin infirmier et celle de la spécialité médicale (concentrée sur un type de plaie). Mais il constate toujours d’importants besoins en formation : « Les professionnels sont encore dans une période charnière, avec quelques vrais experts mais encore beaucoup d’autoproclamés. » Le médecin a insisté sur la nécessité de toujours se fonder sur les recommandations de la HAS et sur la formation, pour les soignants comme pour les médecins. « Ceux-ci ne sont quasiment pas formés sur la question lors de leur cursus initial, a-t-il rappelé. Quand aux Ifsi, où il n’existe pas d’unité d’enseignement consacrée à la thématique, des modules peuvent être intégrés à différents stades du cursus, mais cela dépend de la volonté de chaque institut. » Les DU, la formation permanente et les masters (pratiques avancées, ou infirmier clinicien spécialisé) sont vivement recommandés. « Mais attention aux formations en ligne : on trouve sur Internet le pire et le meilleur. » La SFFPC, elle, compte bien investir avec sérieux ce vecteur de formation, puisque Luc Téot a annoncé plusieurs développements à venir, tels qu’une validation des acquis de l’expérience et un programme d’e-learning qui devrait être prochainement mis en ligne par l’organisation.