LE CH DE ROUBAIX N’EST PAS CHARLIE - L'Infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 358 du 01/03/2015

 

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GÉRALDINE LANGLOIS  

Mi-janvier, la direction de l’établissement a demandé aux salariés de ne pas afficher sur leur blouse de message de soutien à Charlie Hebdo.

Était-ce bien nécessaire ? C’est la question que se pose Frédéric Derycker, secrétaire général de la CGT au CH de Roubaix, face au mail envoyé par la direction aux agents le 15 janvier (1). À la suite des attentats parisiens, « quelques salariés de l’établissement ont apposé sur leur blouse la phrase “Je suis Charlie” », observe la directrice de l’hôpital, Marie-Christine Paul. Rappelant que « la tenue professionnelle ne doit pas exprimer d’opinion personnelle, quelle qu’elle soit », elle demande à chacun de « bien vouloir respecter ce principe ». À la CGT, on ne le conteste pas. La neutralité des agents de la fonction publique hospitalière est une obligation réglementaire qui découle de celle, plus large, de l’État.

Pas de protestations

Cependant, « la direction aurait pu s’abstenir », estime Frédéric Derycker, car « les gens auraient retiré cette phrase au bout d’un moment ». Il n’a pas observé de mouvement massif de soutien à « Charlie », ni de protestation notable du personnel face à ce message. C’est plutôt l’opinion publique – sur les réseaux sociaux, notamment – qui s’est émue de cette démarche lors de la parution d’articles dans la presse locale. La direction a-t-elle craint d’ouvrir une brèche dans le principe de neutralité du service public, ou de froisser certains patients ? La minute de silence imposée le 8 janvier par le président de la République à tous les services publics n’a, en tout cas, posé aucun problème, précise Frédéric Derycker. La direction a informé les personnels que ceux qui voulaient y participer le pouvaient. « Une centaine de personnes, surtout des personnels administratifs, note le délégué CGT, se sont spontanément rassemblées dans le hall de l’hôpital. »

1- Au lendemain de la parution du numéro des survivants de Charlie Hebdo, dont la Une a fait polémique.