Les accidents domestiques chez l’enfant - L'Infirmière Magazine n° 283 du 15/07/2011 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 283 du 15/07/2011

 

FORMATION CONTINUE

QUESTIONS SUR…

Mathéo, 7 mois, est hospitalisé dans le service de pédiatrie pour la surveillance d’un traumatisme crânien avec perte de connaissance. L’accident est survenu suite à une chute de l’enfant de son transat, posé sur une table, les fixations de sécurité non installées. Le parent s’est éloigné l’espace d’un instant pour répondre au téléphone…

À cet âge, le comportement de l’enfant n’est guère modifiable. La prévention doit s’appuyer sur l’environnement humain, en informant le parent sur les facteurs de risques en adéquation avec le développement de son enfant. L’explication des précautions à prendre, l’utilisation d’outils adaptés, une bonne compréhension des consignes de sécurité sont indispensables : la prévention des accidents domestiques doit se polariser sur l’aménagement matériel et atmosphérique des lieux de vie de l’enfant.

Qu’appelle-t-on « accidents domestiques »?

Le terme d’accident se définit comme : « tout événement indépendant de la volonté de l’homme, caractérisé par la libération soudaine d’une force extérieure, qui peut se manifester par une blessure corporelle » (OMS 1995). Les limites de cette définition sont les suivantes :

– l’accident sans lésion

– les malaises

– la mort subite du nourrisson

– les blessures volontaires.

Les accidents domestiques sont des accidents survenant au domicile et dans ses abords immédiats : jardin, cour, garage et autres dépendances.

Comment se traduisent-ils ?

Différents mécanismes sont en cause dans la survenue des accidents domestiques. Parmi les principaux, on retrouve : la chute, la collision, la déformation pendant un effort, la morsure, le pincement, la compression, la pénétration de corps étrangers, l’intoxication médicamenteuse ou domestique (monoxyde de carbone), les plaies, les brûlures (chimiques, de contact, électriques, par ébouillantement) ou encore la noyade.

Actuellement, il existe très peu d’études scientifiques démontrant les conséquences de l’impact des ondes électromagnétiques sur la santé de nos enfants. On ne peut donc pas encore répondre à la question de savoir si l’implantation de ces nouvelles technologies dans nos habitats va engendrer, ou non, la survenue de nouveaux accidents domestiques.

Quels sont les lieux et les périodes les plus propices à la survenue de ces accidents ?

Les accidents touchant les enfants de moins de 1 an surviennent davantage dans la cuisine, la chambre et la salle de bain. Pour les enfants de 1 à 4 ans, les accidents se produisent le plus souvent dans la cuisine et la salle de séjour. Lorsque l’enfant grandit, les accidents ont de plus en plus souvent lieu à l’extérieur de la maison.

Il faut opter pour une maison 100 % sans danger. Comme l’écrit le Dr Jean Lavaud, responsable du Smur pédiatrique à l’hôpital Necker (AP-HP), « la sécurité, c’est essentiel à tout âge et, plus encore, quand on a de jeunes enfants. Dès l’arrivée de bébé, il faut redoubler de vigilance et réaménager notre environnement »(1)! La zone d’habitation conditionne le niveau de risque. En milieu rural, les accidents sont plus fréquents et de nature différente. Les services d’urgence ont en outre observé une prédominance des accidents domestiques pendant les périodes de repos scolaire et au moment de la préparation des repas.

Pourquoi les enfants sont-ils une population particulièrement exposée ?

Tout d’abord, un enfant n’est pas un adulte miniature, il est vulnérable.

→ Plusieurs facteurs liés à son développement expliquent qu’il soit plus exposé qu’un adulte aux accidents domestiques, notamment :

– les proportions de son corps : lourdeur de la tête, petite taille ;

– une coordination psychomotrice imparfaite, qui se traduit par de la maladresse ;

– une immaturité sensorielle essentiellement auditive et visuelle, marquée par une vision axiale ;

– l’impact de l’oralité sur son développement psychomoteur ;

– sa curiosité naturelle et son besoin instinctif de toucher à tout ;

– la mauvaise ou l’absence d’évaluation des dangers et, souvent, l’incapacité d’être dans l’anticipation.

D’autres facteurs endogènes sont également à prendre en considération :

– le sexe : statistiquement, les garçons sont plus concernés que les filles ;

– le handicap ;

– la personnalité.

→ De plus, les facteurs liés à l’environnement humain et matériel de l’enfant ont une incidence réelle sur la fréquence des accidents :

– le facteur familial peut être générateur d’accidents lorsque, par exemple, le climat affectif autour de l’enfant est défectueux, l’incitant à attirer l’attention sur lui, ou quand les habitudes de vie sont perturbées par un événement tel que déménagement, maladie d’un proche, naissance… L’attitude des parents face aux risques d’accident a aussi un impact. On peut observer trois attitudes différentes : l’attitude répressive, celle qui consiste à laisser faire, et l’attitude pédagogique. Cette dernière est la plus sécuritaire.

– le facteur socio-économique est également important. On peut citer : le bas revenu du foyer ; la précarité du logement ou la surpopulation dans un logement ; le jeune âge de la mère, le bas niveau socio-éducatif de la mère ou encore la fragilité de la structure familiale (monoparentale…).

– le facteur culturel intervient, notamment, dans les familles migrantes, du fait de certaines pratiques telles que la garde des plus jeunes enfants par les aînés par exemple, et d’une prévention mal adaptée (langue, code visuel…).

Quelle perception de ces accidents ont les parents ?

Une enquête commandée par l’INPES sur le thème de la perception des accidents de la vie courante par les parents a été réalisée en 2007 auprès d’un échantillon de 1 000 parents d’au moins un enfant de moins de 6 ans. Cette enquête montre qu’une grande majorité des parents (75 %) se disent préoccupés par les accidents domestiques. Cependant, les dangers de la maison ne sont pas toujours bien identifiés. On note parfois un décalage entre la perception des parents et la réalité épidémiologique. Si la chute arrive, à juste titre, en tête des risques perçus par les parents, les chocs et les étouffements sont sous-estimés. En outre, les connaissances des parents en matière de comportements préventifs et d’équipements de la maison sont imprécises, et 15 % d’entre eux ne connaissent aucune mesure préventive.

Quelle sratégie de prévention peut-on adopter ?

La prévention des accidents domestiques chez l’enfant passe par des stratégies de prévention passive et active, complémentaires l’une de l’autre. La prévention passive repose sur l’application de la réglementation et de la législation, sur la normalisation autour de la sécurité des produits, jouets, articles de puériculture, sur l’aménagement de l’habitat et l’utilisation adaptée d’accessoires de sécurité. Elle vise à rendre plus sûr l’environnement de l’enfant. Néanmoins, cette prévention pose le problème de l’accessibilité financière aux accessoires de sécurité, d’autant que les familles les plus touchées par les accidents domestiques sont celles des classes sociales les plus défavorisées. La prévention active vise à modifier les comportements des parents mais aussi ceux des enfants face aux risques par des actions d’information et d’éducation pour la santé adaptées en fonction de la population ciblée. Il existe une multitude d’outils de prévention. Il peut s’agir de campagnes de prévention diffusées par le biais des médias, d’affiches, de brochures, d’actions menées dans le cadre scolaire, de jeux ou de chansons, de sites interactifs, d’expositions, du carnet de santé…

1– Voir Dossier Sécurité à la maison sur www.famili.fr

URGENCE

Qui appeler ?

Le Samu : 15 (urgences vitales)

Les pompiers : 18 (secours aux victimes, feux)

Le numéro unique d’urgence européen : 112 (quel que soit le pays dans lequel vous vous trouvez et le problème que vous rencontrez, il vous permettra d’obtenir du secours)

Le centre antipoison (des médecins assurent une permanence téléphonique 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Implantation en régions) :

À SAVOIR

Un enfant né le 1er janvier 2009 a, chaque année :

→ 1 chance sur 10 d’avoir un accident

→ 1 chance sur 100 d’être hospitalisé

→ 1 chance sur 1 000 d’avoir des séquelles

→ 1 chance sur 20 000 de mourir.

(Pr Bertrand Chevallier, service de pédiatrie, hôpital A. Paré – APHP)

ALLER PLUS LOIN

→ Les organismes : la Croix-Rouge et son « pack sécurité enfants ».

→ Les jeux de société : le coffret « As’truc mémo ».

→ Le carnet de santé, dans lequel une double page est consacrée à la prévention des accidents domestiques.

→ Les sites :

– www.securikids.fr/

– http://guide-accidentsdomestiques.fr/

– www.stop auxaccidentsquotidiens.fr/

– www. preventionmaison.fr/

– www. inpes.sante.fr/

– www.les experts de la prudence.fr/

– www.ipad.asso.fr/

– www. sante.gouv.fr/