Le coaching scriptural d'articles professionnels et/ou scientifiques - Objectif Soins & Management n° 279 du 01/02/2021 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 279 du 01/02/2021

 

Recherche et Formation

Dossier

Laurent Soyer*   Nicole Tanda**  

Les paroles s'envolent, les écrits restent ! Cet adage reflète la nécessité pour la corporation infirmière et celle des cadres de santé de mettre en lumière leurs projets, leurs réalisations, leurs expériences, leurs recherches via la production scripturale. En effet, la quête de la reconnaissance et d'un leadership professionnel s'appuie sur des preuves, donc sur des traces écrites pouvant être diffusées et utilisées. Mais l'intention n'est pas toujours suffisante. Prendre la plume (ou le clavier) implique certaines compétences chez le novice. Le propos du présent article est de participer activement au développement des productions écrites via le coaching scriptural.

Introduction

Notre expérience de cadres de santé, de formateurs et de chercheurs nous a amenés à développer une appétence pour l'écriture, qui s'est concrétisée par la parution régulière d'articles professionnels et scientifiques, ainsi que d'ouvrages professionnels. Nous avions probablement une prédisposition scripturale et nos divers champs d'activités nous ont servi de ressource thématique inépuisable. Nous avons aussi, dès notre début de carrière, pris une posture de leadership, avec un engagement dans le développement et la reconnaissance de la profession infirmière, ce qui nous a conduits à suivre des parcours universitaires et côtoyer, notamment au Canada, des personnalités influentes dans le champ des sciences infirmières. En France, avec nos rencontres d'étudiants ou de professionnels en activité, nous avons constaté qu'il existait une demande, une volonté de partager le vécu, les expériences, un besoin d'écrire refoulé, empêché par manque d'accompagnement. C'est ce constat qui a motivé notre réflexion et notre envie de contribuer humblement au passage à l'acte d'écrire.

Approche diachronique de l'écriture

Commencer à évoquer l'écriture oblige à rappeler combien cette invention est liée à l'histoire de l'humanité. L'écriture en est un jalon essentiel. Elle constitue un trait évolutif original et unique de l'espèce humaine. Les premiers artefacts d'écriture, découverts en Irak avec la civilisation sumérienne de marchands, remontent à 3 300 ans avant JC. Ce progrès décisif marque le passage de la préhistoire à l'histoire et peut être considéré comme le premier moyen international de stockage et de diffusion de l'information. En Europe, on estime que l'écriture s'est développée vers 400 ans avant JC. Si l'écriture a d'abord permis d'optimiser les échanges commerciaux ou de réaliser des inventaires, très vite son usage s'est étendu à tous les domaines : les recueils de lois, les édits royaux, les textes religieux, puis les contes (servant la transmission de la morale et des stéréotypes culturels, auparavant transmis oralement), les romans, les poèmes, le courrier et in fine la diffusion de la connaissance. Aujourd'hui, l'écrit a pris différentes formes dont l'écriture numérique, mais cette forme de communication, qui traduit le langage parlé et permet d'y ajouter des symboles, des logigrammes, des images, demeure un trait d'union entre les peuples et entre les corporations professionnelles.

Dans le groupe infirmier, ce sont plutôt les anglo-saxons, avec des chefs de file comme Martha Rogers, Virginia Henderson ou Hildegarde Pepleau, qui ont mis en lumière cet élément fondamental de la discipline des sciences infirmières, la nécessité de la transposition écrite des savoirs et de leur diffusion. En France, le retard s'est accumulé. Magnon écrivait en 2001 : « En ce début d'un nouveau siècle, l'absence de tout document de synthèse concernant l'évolution des pratiques et des connaissances de la profession infirmière fait à mon avis grandement défaut aussi bien aux soignants, qu'aux enseignants et étudiants en soins infirmiers » [1].

Pourtant, l'écriture est devenue un corollaire de la démarche qualité dans le système sanitaire avec ce célèbre triptyque : « écrire ce que l'on fait (décrire les pratiques), faire ce que l'on écrit (mettre en œuvre les pratiques) et ``écrire'' ce que l'on fait (prouver cette mise en œuvre) ».

Le coaching scriptural

Que ce soit en formation initiale avec le Travail de Fin d'Étude (TFE), en Institut de Formation des Cadres de Santé avec le Mémoire, ou lors d'un cursus de second cycle type Master et le mémoire qui s'y rattache, l'écrit procède d'une quête de sens, d'un rituel de passage lié à l'identité professionnelle. « Cette dimension identitaire de l'écriture mobilisée par le mémoire professionnel revêt une réelle importance, dans la mesure où c'est dans les cinq premières années d'exercice du métier que se constitue l'identité professionnelle et que le vécu de ces premières années détermine notablement l'engagement et la réussite dans le métier. On écrit pour comprendre, se distancer, cerner la problématique, faire le point, se reconnaître, acquérir une identité, échanger, travailler sur soi, donner à lire, élaborer une pensée, évoluer, se dégager et peut-être même changer. L'écriture transforme » [2]. Pourtant, quel que soit le niveau de formation, le constat est toujours le même, d'une part les apprenants ont pour leur majorité des difficultés à passer à l'écrit, notamment lors de la rédaction de leur mémoire, d'autre-part, ils ne diffusent pas leurs travaux une fois la formation accomplie. Cette littérature grise est « non indexée dans les catalogues officiels d'édition et dans les circuits conventionnels de diffusion de l'information » [3]. Ces écrits représentent un volume conséquent de travaux en prise directe avec l'activité professionnelle, portant souvent sur des questions vives. Or, même si leurs auteurs, boostés par leur réussite, souhaitent publier, le quotidien reprend vite le dessus et, à part quelques cas isolés, les projets scripturaux restent lettre morte. C'est vraiment dommage, car pour être optimisée, la publication d'articles devrait s'adosser à la fin du cursus de formation. En effet, les informations que contient la littérature grise « sont généralement originales et c'est cette rareté qui en fait le prix. Lorsque l'information parait sur la place publique dans un article par exemple, il est souvent déjà trop tard pour l'exploiter de manière performante » [4]. Par ailleurs, considérant que l'ensemble de ces travaux est inclus dans un processus de formation par la recherche, tous ces apprentis chercheurs devraient théoriquement publier pour être reconnus dans cette qualité : « L'écrit constitue un bien vénéré et convoité en recherche. Un chercheur qui ne produirait pas d'écrit ne pourrait être reconnu comme tel, si bien que la première activité à laquelle doit se former le futur chercheur est l'écriture » [5]. En 2014, l'effectif des inscrits en formation cadre de santé représentait 1 564 étudiants et ceux en formation initiale infirmière 31 300 étudiants en première année [6]. En 2018, l'effectif des inscrits en formation cadre de santé représentait 1 373 étudiants et ceux en formation initiale infirmière 30 182 étudiants en première année [7]. Il existe donc un vivier d'auteurs potentiels et une mine d'écrits non valorisés. Certes, certains TFE sont mis en valeur sur des sites internet ou récompensés par des trophées (CEFIEC), mais ils demeurent à l'état brut d'un mémoire. Il manque une synthèse destinée au grand public sous forme d'un article professionnel ou scientifique.

De même, les professionnels en activité sont une minorité à rédiger des articles professionnels, encore moins scientifiques. A l'heure de la communication mondialisée via la presse et les environnements numériques, la diffusion des écrits français devrait se développer et prendre une envergure internationale. Nous en sommes très loin. Il semble qu'il existe un frein culturel : « Il importe de souligner la tradition féminine orale comme une spécificité dans la construction des soins infirmiers au détriment d'une culture de l'écriture » [8]. De plus, le système éducatif français ne constitue pas actuellement un vecteur d'apprentissage de l'anglais, ce qui représente un autre frein pour écrire au sein de revues internationales. Bien que le niveau d'anglais soit en hausse, « un français sur deux ne parle pas anglais [...] Le score moyen en France obtenu au TOEIC est de 725 sur 990 ce qui correspond à un niveau supérieur B1, à la fin du Bac le niveau B2 est attendu » [9]. Un autre frein est le faible accès aux bases de données ce qui limite fortement la possibilité de réaliser une revue de littérature [10].

Chez les cadres de santé de proximité, le milieu de travail est axé sur le management et la production de soins. Ils vivent leur fonction comme une position de tampon au sein des conflits et de régulation d'une activité teintée d'empirisme, notamment dans la gestion de l'absentéisme. « La pression du travail ne l'encourage pas à devenir un planificateur, mais plutôt un adaptateur spécialiste du traitement de l'information, qui travaille dans un environnement de style stimulus-réponse et qui préfère l'action » [11]. La charge de travail importante [12] constitue également, chez les cadres de santé formateurs, un achoppement à la mise en œuvre de projets d'articles. Malgré un contexte parfois phagocytant, les cadres ressentent un besoin de communiquer via l'écrit, comme certaines rédactions de revues professionnelles ont pu le constater (voir encadré).

Le coaching d'articles professionnels et scientifiques

Le coaching est un anglicisme qui désigne une forme de posture d'accompagnement. Étymologiquement, le mot « coach » dérive du français « coche » qui signifie « carrosse, voiture » [14]. « Au milieu du 19e siècle, l'argot universitaire anglais employait en effet le mot « coach » pour désigner un « répétiteur qui aide un étudiant en vue d'une épreuve » (l'entraînant comme une voiture) [15]. Le coaching est encore un métier émergeant en France. Pour la Société Française de Coaching (SFC), la vocation du coaching « n'est en aucun cas de formater des individus, mais de contribuer au développement professionnel de personnes libres et conscientes de leurs choix » [16]. Nous ne nous positionnons pas en qualité de coach sportif, managérial ou de développement personnel, mais comme coach dans le champ des sciences de l'éducation, donc dans une posture d'accompagnement. Nous souhaitons être avec le futur auteur, son compagnon le temps qu'il chemine vers la réalisation de son projet d'article, avec ses directions et ses évolutions. Le coaching est bien une posture, donc un état temporaire, le temps que le coaché se réalise. « En coaching comme dans toute relation éducative, le coach a à travailler à son inutilité » [17].

Pour avoir déjà accompagné des TFE ou des mémoires en qualité de directeurs de mémoires professionnels ou universitaires et également, pour avoir déjà coaché plusieurs néo-auteurs d'articles professionnels ou scientifiques, nous avons mis en évidence un certain nombre de difficultés redondantes rencontrées dans la réalisation scripturale. Nous en avons tiré huit cibles de coaching scriptural (cf. Fig. 1).

Catalyse de l'acte d'écrire

Le premier obstacle, en prenant en considération que l'auteur est vraiment décidé à écrire, qu'il a un sujet qui le motive, est le célèbre syndrome de la page blanche, ou leucosélophobie (peur de la page blanche). Ce phénomène est lié à un biais cognitif, la « fausse obligation » où l'auteur se dit « je dois faire un article parfait ». Le rôle du coach est alors de dédramatiser l'enjeu scriptural, d'expliciter que l'écriture doit avant tout être un plaisir, que le produit fini ne sera finalement qu'un produit inachevé. Repris à distance, on y trouvera toujours une erreur, un biais, une amélioration à insérer... Le coach a donc un rôle de catalyseur, de « détonateur » pour que l'auteur passe à l'acte d'écrire, qu'il se lance.

Cadrage éditorial

Une seconde difficulté est de cadrer avec un cahier des charges. Or toutes les publications cadrent les productions écrites. Ce cadrage se retrouve selon deux dimensions. La première est visible, il s'agit des recommandations aux auteurs qui sont plus exigeantes pour les revues classées scientifiques que pour les revues professionnelles. Ces recommandations traitent du formatage du texte, de son organisation, des modalités de soumission... Le rôle du coach est de faire verbaliser et reformuler le coaché sur sa compréhension des attendus éditoriaux. Il est ensuite de réaliser des relectures du manuscrit assorties de commentaires questionnant l'auteur par rapport à la convergence avec les recommandations de la revue choisie. Une seconde dimension du cadrage avec les attendus des revues est moins visible car il s'agit du silo de lectorat ciblé. Il est inutile d'écrire pour des directeurs de soins si la revue ne cible que les cadres de santé. Le rôle du coach est donc de faire émerger chez l'auteur son objectif de message et son public cible de lecteurs. Il est donc essentiel que le coach connaisse bien la politique éditoriale de chaque revue.

Culture de la lecture

Un troisième écueil vient du fait que beaucoup de cadres lisent peu dans le cadre professionnel. Or dans la pratique de la rédaction d'articles, la lecture précède toujours l'écriture. Pour un futur auteur, lire des revues professionnelles et scientifiques est primordial. Il s'agit d'une acculturation, de l'incorporation de formes d'écritures spécifiques. Le rôle du coach est de proposer quelques articles représentatifs et de mettre en place des entrevues où l'échange entre coach et coaché permet à ce dernier d'appréhender progressivement une culture d'auteur à part entière. Lire permet de découvrir différents styles d'écriture selon les auteurs et de se familiariser avec la structure des revues. En effet, toutes les revues, à l'instar de notre corps, sont bâties selon une ossature. Ainsi se retrouve le plus souvent un dossier thématique et différentes rubriques. Le rôle du coach est de faciliter l'adéquation du projet de l'auteur avec un thème ou une rubrique. Parfois, étant en relation avec les équipes éditoriales, le coach peut proposer des thématiques à des auteurs dont l'expertise est en correspondance. Par ailleurs, pour les futurs auteurs, lire permet de se mettre à la place du lecteur, de comprendre les éléments qui l'accrochent dans un article, ce qui capte l'attention.

Recherche documentaire

Une quatrième problématique est l'enrichissement de l'article via notamment une recherche documentaire. Si l'accès à Internet a facilité l'accès à une large information via des sites de vulgarisation comme Wikipédia, la fiabilité de ces informations est aléatoire. Il est préférable de passer par des bases de données scientifiques, par des sites de sociétés savantes, ou simplement consulter des écrits directement via des centres documentaires (centre de documentation hospitalier, bibliothèque interuniversitaire : BIU...). Le rôle du coach peut-être celui d'un conseiller pour que l'auteur, en connaissance de cause, puisse choisir vers quelle stratégie de recherche documentaire s'orienter. En regard de bases de données, le coach est aussi une ressource méthodologique pour le choix des mots clés (avec leur traduction anglaise), des opérateurs boléens, des guillemets ou troncatures [18]. On n'écrit pas pour soi mais pour un lectorat spécifique, professionnel et/ou scientifique. Le rôle du coach sera également différent selon que l'auteur souhaite publier au sein d'une revue professionnelle ou scientifique. Dans le second cas, en fonction du champ disciplinaire de la revue (sciences de l'éducation, sciences infirmières, santé publique, management, sociologie...), le comité de lecture sera exigeant sur la présence dans le corps de texte d'auteurs dits de références. Le coach, dont la culture scientifique doit être large, doit pouvoir porter un éclairage avisé sur le référencement du coaché, non pas pour le contrôler, mais pour l'inviter si nécessaire à explorer des voies ignorées.

Structuration de l'écrit

Une cinquième difficulté, probablement la plus ardue, concerne l'organisation des idées et la structuration de l'écrit. En effet, le plus souvent, le contenu est intéressant mais emmêlé. Il manque un fil conducteur et une linéarité entre les paragraphes. De l'extérieur, le manuscrit ressemble à un puzzle. La majorité des pièces sont là (parfois il en manque) et le jeu consiste pour le binôme coaché-coach à assembler le puzzle de manière convaincante. C'est une grande frustration pour l'auteur qui vient d'envoyer au coach un premier projet qui lui a demandé du temps et de l'engagement, de voir revenir son manuscrit littéralement envahi de multiples commentaires. Au début, la colonne commentaire est remplie du haut au bas de page ! C'est le passage du syndrome de la page blanche au syndrome de la page pleine ! En fait, l'auteur doit savoir dès le début du coaching que le manuscrit sera modifié et amélioré, peaufiné à plusieurs reprises, qu'il y aura plusieurs versions intermédiaires avant l'article définitif. Le coaché doit se situer dans l'autoévaluation, avec une posture réflexive sur sa manière d'écrire, voire métacognitive (sur sa manière de penser sa manière d'écrire). Le coach a là un rôle de leader pour amener le coaché à se mettre en question, à problématiser sa démarche scripturale, à donner le meilleur de lui-même. Ce n'est pas un rôle de censeur mais d'encouragements. Par ailleurs, chaque auteur a son style d'écriture. Le coach doit respecter la manière d'écrire du coaché, il est là pour accompagner l'auteur à se réaliser, pas pour lui imposer sa propre manière d'écrire.

Orthographe, syntaxe et vocabulaire

Une cinquième entrave à la qualité scripturale concerne l'orthographe, la syntaxe et le vocabulaire. Ces trois éléments sont indissociables. L'orthographe se corrige partiellement via la correction automatique du traitement de texte, mais nécessite plusieurs relectures et en particulier l'aide d'une personne dont c'est le travail (secrétaire de rédaction). Chez l'auteur, l'orthographe se performe aussi via la lecture régulière (ce qui rejoint notre 3e point de coaching : la lecture). La syntaxe consiste à organiser, combiner les mots ou les construits sémantiques. Les phrases courtes comportant un nombre réduit d'idées sont les plus percutantes : « une idée, une phrase ». En pratique, le coach permet au coaché de se distancier de son écrit, de descendre du vélo pour se regarder pédaler ! Se lire en tant qu'auteur, à haute voix, permet de réaliser si la syntaxe est correcte, intelligible. Écrire correctement ne suffit pas, l'auteur doit maîtriser des notions, des concepts, la sémantique et les termes professionnels ou scientifiques en lien avec son thème d'articles et la doxa du lectorat : « le discours consensuel tel que le langage officiel du métier » [19].

Normes bibliographiques

Sixième problème récurrent, la méconnaissance des normes bibliographiques. Il existe en effet plusieurs styles officiels de citation et de référencement bibliographique, comme les normes APA (American Psychological Association), Vancouver, Chicago, MLA (Modern Language Association)... Le style à privilégier est en général précisé dans les recommandations aux auteurs, mais nécessite d'être maîtrisé par l'auteur. Le rôle du coach est d'effectuer une co-lecture avec l'auteur et de réviser d'une part le contenu et d'autre-part la liste de références ou la bibliographie. La liste de références « contient les références de tous les documents (avec ou sans extraits) cités dans le corps de texte » [20]. La plupart du temps, l'auteur lit davantage de documents qu'il n'en utilise effectivement dans la rédaction d'un article. Il peut alors proposer un complément dans un encart appelé « pour en savoir plus » ou « pour aller plus loin », même si ces auteurs ne sont pas référencés dans le texte. Le coach est aussi un garant d'une éthique d'auteur. A ce titre, c'est à lui d'inciter le coaché à respecter la propriété intellectuelle des auteurs cités dans le projet d'article. Ce respect concerne bien entendu la citation des auteurs, mais aussi le respect de la pensée des auteurs. « Retranscrire de manière littérale l'extrait cité (ne pas enlever ou rajouter des mots) ; ne pas décontextualiser la pensée de l'auteur ; ne pas s'approprier les propos de l'auteur dans le corps de texte, ce qui constituerait une forme de plagiat » [21].

Esthétique

Dernière difficulté rencontrée, la présentation, ce que nous appellerons l'esthétique de l'article. Un article n'est pas qu'un support de lecture, c'est également un outil de mémorisation, de développement de connaissances. Or on sait que nous retenons 10 % de ce que nous lisons et 30 % de ce que nous voyons [22]. Il est donc très important de présenter l'article de manière à ce que visuellement, le lecteur à la vue du titre, des mots clés et des sous-titres de paragraphes, se sente guidé, qu'il trouve un sens à la lecture. Par ailleurs, peu d'auteurs néophytes incorporent d'entrée des logigrammes ou des tableaux à leurs manuscrits. Ce sont pourtant des éléments visuels forts. Le rôle du coach est donc de pousser l'auteur à médiatiser son contenu, à mettre en lumière les mots et points clés, à utiliser et maîtriser des techniques simples de conception graphique comme les logigrammes depuis Excel ou SmartArt depuis Word. Il faut réfléchir aux couleurs à utiliser, à la taille de la police d'écriture retenue pour les figures, au type de logigramme à privilégier (Liste, processus, matrice, histogramme, barres, secteurs...). L'auteur doit concevoir la maquette de son article comme un tableau, une œuvre, il doit en retirer une certaine fierté esthétique. Le coach joue un rôle d'influenceur pour la médiatisation de l'article. Il doit accompagner le coaché à avoir une démarche marketing sur sa production.

Pour ne pas conclure

Notre propos dans cet article, n'est pas de lancer une activité professionnelle ni d'en concurrencer une qui pour l'heure ne répond pas à une certification. Nous avons estimé que cela était de notre devoir de contribuer à la reconnaissance des sciences infirmières, incluant les domaines de la formation initiale, de la formation continue, de l'activité soignante et managériale ainsi que de la recherche. Comme nombre de pairs, nous considérons que le coaching scriptural est inscrit dans notre posture de leadership et fait partie intégrante des compétences du cadre de santé. Il est donc logique que nous proposions bénévolement de coacher les auteurs potentiels qui souhaiteraient publier et qui rencontrent des difficultés pour réaliser leur projet scriptural. Nous accompagnons déjà des infirmières et des cadres de santé dont les manuscrits ont été retenus pour publication. L'avenir est donc prometteur.

Bibliographie

    Encadré

    Une étude récente a permis de recenser une production de 117 articles d'auteurs cadres de santé et 76 articles d'auteurs cadres formateurs, parus dans l'une des revues suivantes : Soins cadres, Objectif Soins & Management et Gestions hospitalières, sur une période de janvier 2018 à septembre 2020 [13]. Avec une moyenne approximative d'une centaine d'articles par an et en regard des effectifs formés chaque année ainsi que ceux des cadres en activité, la marge de développement est donc extraordinaire !