LES IDE AUX AVANT-POSTES - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

SANTÉ AU TRAVAIL

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FOCUS

CÉCILE ALMENDROS  

Dans son rapport du 21 mai, la mission sur l’aptitude et la médecine du travail préconise de confier aux IST « un rôle majeur ».

Démographie médicale catastrophique et obligations réglementaires déconnectées des besoins de santé : la médecine du travail risque « l’asphyxie ». Face à ce constat, la mission dirigée par le député apparenté socialiste Michel Issindou (1) propose un meilleur ciblage de la surveillance médicale et un nouveau partage des rôles entre médecins et IDE.

La visite d’embauche serait remplacée par une visite obligatoire d’information et de prévention, assurée par l’infirmière en santé au travail (IST), sous la responsabilité du médecin du travail, dans les trois à six mois après la prise de poste. L’IST pourra décider de renvoyer le salarié vers ce dernier si elle le juge nécessaire. La périodicité des visites serait décidée à ce moment en fonction de l’état de santé de la personne et de son exposition aux risques. Le salarié devrait toutefois faire l’objet d’une consultation infirmière au moins tous les deux ans et d’une visite médicale tous les cinq ans, contre, en théorie, une visite médicale tous les deux ans actuellement. Les visites de préreprise ou à la demande seraient toutes assurées par le médecin. Quant aux salariés occupant des postes à risque ou de sécurité (2), ils feraient l’objet d’un suivi plus étroit, dont les modalités seraient fixées par la HAS.

Autre nouveauté, le contrôle de l’aptitude à chaque visite serait abandonné et remplacé par la délivrance d’une attestation de suivi de l’état de santé par l’IST ou le médecin, ce dernier y consignant les éventuelles préconisations d’aménagement de poste ou de reclassement.

Formation adaptée

Ouverte par la réforme de la médecine du travail de 2011, la possibilité de coopération renforcée entre médecin et IST ne sort pas l’IDE du périmètre de son décret d’actes. Mais pour assumer pleinement son rôle de préventeur, deux conditions sont nécessaires : qu’elle puisse « se rendre sur les lieux de travail » et qu’ « une formation adaptée » lui soit délivrée. Si les IST « sont plutôt allantes sur la question », affirme Michel Issindou, les médecins du travail sont réticents. Les IST ne bénéficient pas de la même protection légale à l’égard de l’employeur, objecte Bernard Salengro, président du Syndicat des médecins du travail de la CFE-CGC. Pour lui, la réforme proposée revient à faire « conduire l’avion par l’hôtesse de l’air plutôt que par le pilote »…

1- Assisté de Christian Ploton, membre de la DRH du groupe Renault, de Sophie Fantoni-Quinton, professeur de médecine du travail, et de deux membres de l’Inspection générale des affaires sociales.

2- Des postes comportant « une activité susceptible de mettre, du fait de l’opérateur, gravement et de façon imminente en danger la santé d’autres travailleurs ou de tiers » : pilote d’avion, conducteur de train, grutier, etc.

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