La ligue des IDE urgentistes - L'Infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 362 du 01/07/2015

 

ASSOCIATION PROFESSIONNELLE

SUR LE TERRAIN

INITIATIVE

KAREN RAMSAY  

Au CH de Chalon-sur-Saône, les IDE exerçant aux urgences ont créé Insufl, une association visant à promouvoir les spécifictés de leur métier. Une démarche innovante, mais très contestée.

Leur démarche part d’un constat : celui d’un exercice infirmier considéré comme « à part », différent, mais malheureusement non reconnu. Les infirmières du service d’accueil des urgences du CH de Chalon-sur-Saône (71) – soutenues par leurs collègues soignants et médecins – ont alors l’idée, fin 2014, de créer une association afin de promouvoir la spécificité de leur métier. C’est ainsi qu’Infirmiers Smur urgences finalement ligués (Insufl) a officiellement été lancé fin avril 2015. Au cœur de son existence, le besoin de reconnaissance.

« Il y a une vraie polyvalence des soins au service d’accueil des urgences : cardiologie, neurologie, pédiatrie, psychiatrie, etc. On peut passer d’un AVC à un infarctus du myocarde, gérer une personne en état d’ivresse ou un patient qui décompense sa pathologie psychiatrique… sans oublier le poste clé d’infirmier d’accueil et d’orientation qui demande un réel investissement. Notre mission est particulière, mais elle est malheureusement banalisée, explique Audrey Gaudillère, présidente de l’association. De plus, les risques auxquels nous sommes confrontés – engendrés tant par l’agressivité verbale que physique –, ou la pénibilité de nos conditions de travail, ne sont pas reconnus. » Face à un service en crise et une activité qui sature, l’idée de l’association fait mouche ! Le nom est, lui, tout trouvé : Insufl pour insufflation, ce geste technique qui rappelle le quotidien de l’exercice aux urgences.

Des compétences…

Au sein du service des urgences de l’établissement hospitalier, l’association, qui compte aujourd’hui 46 adhérents, accueille déjà plus de 90 % des soignants : des infirmières, mais aussi d’autres professionnels de santé. « Le conseil d’administration d’Insufl est composé exclusivement des IDE du service, mais l’inscription est ouverte à tous les soignants », poursuit la présidente. Valoriser les compétences de l’infirmier urgentiste et la spécificité de son exercice aux urgences et au Smur, obtenir la reconnaissance professionnelle, promouvoir l’échange des pratiques entre les services d’urgence et œuvrer à leur uniformisation, organiser des manifestations thématiques sur les soins d’urgence, être présent sur les congrès professionnels(1) et représenter la profession… Les objectifs d’Insufl ne manquent pas. « La formation initiale ne suffit pas, car à la fin des études, on ne possède pas toutes les armes pour se lancer dans ce genre de service. En général, il faut au moins un an au sein des urgences pour se former à tous les postes : infirmière d’accueil et d’orientation, travail au sein des UHCD (unités d’hospitalisation de courte durée), des services de traumatologie, de SAUV (salle d’accueil des urgences vitales) et des Smur (service mobile d’urgence et de réanimation). C’est pour cela que nous militons pour la reconnaissance de ce temps de formation au plan national », note Audrey Gaudillère. …

trop proches des Iade ?

Avant de souligner que le but de l’association n’est pas « d’empiéter sur le rôle et les compétences de l’Iade », contrairement à ce qu’ont laissé entendre les propos de certains Iade : « Nous avons notre rôle propre, et souhaitons être reconnus pour la spécificité de notre métier », précise-t-elle. « En lançant Insufl, notre but était de regrouper tous les acteurs paramédicaux de l’urgence, qu’ils soient IDE ou Iade, ajoute Nicolas Loichot, infirmier en charge de la communication de l’association, et formateur au Cesu (centre d’enseignement des soins d’urgence) et au Smur. On nous reproche à tort d’établir des différences entre les professionnels de l’urgence. Ou d’avoir opté pour un laryngoscope dans notre logo. Bien que nous n’utilisions pas cet instrument, il s’agit d’un outil de l’urgence. Et c’est dans ce sens que nous l’avons choisi : pour ce qu’il représente. »

Si la polémique ne cesse d’enfler sur les réseaux sociaux, laissant entendre la voix de plusieurs Iade qualifiant ce diplôme d’infirmière urgentiste comme « injuste » et « irréalisable », l’association défend, elle, ses objectifs tout en regrettant qu’au lieu d’une vraie collaboration et réflexion entre infirmiers, c’est la confrontation qui ait pris le pas.

1- L’Insufl a participé à la journée de l’Adamu 71 (Association départementale d’aide médicale urgente) le 18 juin à Montchanin et elle organise une soirée sur le thème de la ventilation non invasive le 24 septembre à Chalon-sur-Saône.