LA PLUS-VALUE DE L’IBODE - L'Infirmière Magazine n° 346 du 01/06/2014 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 346 du 01/06/2014

 

CHIRURGIE

ACTUALITÉ

COLLOQUES

SANDRA MIGNOT  

Lors des 31e Journées nationales d’études et de perfectionnement des infirmières de bloc (Ibode), qui se sont déroulées à Dijon à la mi-mai, les experts ont insisté sur la nécessité de mieux exploiter les compétences de la spécialité.

Aujourd’hui, on laisse de jeunes diplômées non formées, voire des aides-soignantes, exercer les missions d’Ibode dans les blocs. C’est dangereux pour les patients et cela coûte cher, a alerté Brigitte Ludwig, présidente de l’Union nationale des associations d’Ibode (Unaibode). Nous devons être les veilleurs de la sécurité du bloc. »

La valorisation de la spécialité, au cœur de ces trois journées dijonnaises, pourrait commencer par le développement de la recherche, notamment en ce qui concerne la préparation cutanée pré-opératoire. L’intervention de Marie Froesch, cadre de santé Ibode aux hôpitaux civils de Colmar (HCC), qui a fait le point sur les nouveautés en la matière, a mis l’accent sur le manque d’études probantes dans ce domaine. S’il est désormais démontré qu’il n’est pas nécessaire d’utiliser les mêmes gammes de produits désinfectants à tous les stades de la préparation du patient et qu’il n’est pas recommandé d’utiliser, en routine, les champs adhésifs non imprégnés – ceux-ci générant une augmentation modérée du risque d’infection, il n’existe aucune preuve scientifique en faveur de la douche antiseptique ou du retrait du vernis sur les ongles.

Transmission des savoirs

Alors que seul un tiers des infirmières évoluant dans les blocs opératoires bénéficient de la formation initiale adéquate, Catherine Thuard, cadre de santé Ibode au sein du plateau technique interventionnel (PTI) du CHU de Dijon, a insisté sur l’apport de la spécialisation : « Le compagnonnage ou tutorat est souvent sacrifié, faute de temps. La transmission de l’expérience est importante, mais celle-ci risque de se faire de plus en plus par mimétisme et non par la compréhension des situations que nous n’avons pas le temps d’expliquer. Au fil du temps, on risque une perte des connaissances. »

Le PTI dijonnais est, pourtant, le lieu de nombreuses innovations : tous les blocs sont réunis en un seul bâtiment et les salles sont organisées le long d’un unique corridor d’une centaine de mètres. « Cela nous a permis de partager les compétences de nos Ibode, souligne la cadre. Une mobilité est organisée chaque semaine, sur la base du volontariat et des compétences de chacune », qui ont été cartographiées. Les infirmières qui l’acceptent peuvent être positionnées sur différents types d’intervention et de spécialités.

Cette organisation originale a aussi engendré la création de nouvelles fonctions. « Nous avons une aide-soignante qui se concentre sur l’accueil et la sortie des patients, indique Dominique Bordet, cadre supérieur Iade et coordinateur-logisticien du PTI. Ainsi qu’une infirmière gestionnaire d’arsenal, qui s’occupe de faire le lien avec la stérilisation. » Même si le dispositif est coûteux et demande encore à être peaufiné, l’activité du bloc augmente régulièrement (+ 4 % par an).

LE MARQUAGE À L’ESSAI

Une expérimentation du marquage du site opératoire est menée dans 8 établissements français dans le cadre de l’initiative internationale « High 5s », visant à améliorer la sécurité du patient.

« Une étude préalable a montré que cette pratique était systématique dans 50 % des unités de chirurgie engagées dans le programme mais jamais réalisée dans environ un quart d’entre elles », a présenté Claire Chabloz, médecin coordonnateur de la Ceppral (1). Un guide, élaboré avec la Haute Autorité de santé (HAS), a permis de définir les modalités et les conditions du marquage pré-opératoire : responsabilité du chirurgien, délégation à l’IDE par prescription, traçabilité du geste dans le dossier, type de la marque, etc. « Aujourd’hui, nous parvenons à 95 % de marquage, 17 % de prescription à l’IDE et 74 % de conformité de la marque », a constaté Bénédicte Lajentes, sage-femme chargée de mission High 5s au CH intercommunal de Cornouailles. Surtout, depuis le lancement du programme en 2010, une seule erreur d’intervention a été déclarée dans les 26 unités de chirurgie impliquées.

1- Coordination pour l’évaluation des pratiques professionnelles en santé en Rhône-Alpes.