La gale sarcoptique à l'hôpital - L'Infirmière Magazine n° 191 du 01/03/2004 | Espace Infirmier
 

L'Infirmière Magazine n° 191 du 01/03/2004

 

Dermatologie

Conduites a tenir

La gale, notamment dans les établissements de long séjour, connaît une incidence non négligeable. La symptomatologie peu évocatrice conduit souvent à un diagnostic tardif et contribue à augmenter l'exposition du personnel et des patients.

DÉFINITION

C'est une ectoparasitose due à un acarien, Sarcoptes scabei, qui colonise la couche cornée de l'épiderme au niveau de laquelle il creuse un sillon et où la femelle pond des oeufs. La contamination est assurée par la femelle fécondée.

ÉPIDÉMIOLOGIE

La contamination est toujours interhumaine. Elle peut être directe, par contacts rapprochés avec les sujets infestés, ou indirecte par l'intermédiaire du linge et de la literie préalablement contaminés.

La survie de l'acarien en dehors de l'être humain n'est que de 2 jours mais les larves peuvent survivre jusqu'à 5 jours et les oeufs jusqu'à 10 jours. Le parasite est tué en quelques minutes à température > 60 °C.

SYMPTÔMES

Après une incubation silencieuse de 3 semaines, apparaît un prurit, intermittent, à recrudescence nocturne, aggravé par les bains chauds, le déshabillage et la tiédeur du lit. Il débute sur les cuisses puis se propage sur le corps en épargnant le visage, le cou et le dos.

Une éruption cutanée siège dans les espaces interdigitaux, la paume des mains et la plante des pieds, la face antérieure des poignets, les coudes, l'emmanchure antérieure, la région ombilicale, la région interne des cuisses, la région lombaire basse. Des sillons scabieux apparaissent : petites lésions sinueuses filiformes correspondant au trajet de l'acarien dans la couche cornée. Chez l'homme, des lésions papuloprurigineuses, parfois excoriées, peuvent se voir au niveau de la verge (chancre scabieux génital). Chez la femme, des lésions papuleuses ou croûteuses et prurigineuses sur les mamelons sont évocatrices.

CONDUITE A TENIR

Cas isolés. On traite le patient, sa famille et son entourage ainsi que le personnel ayant été en contact avec lui. Le patient est placé en isolement de contact pendant toute la durée du traitement qui comprend deux badigeonnages successifs à 24 heures d'intervalle, avec un produit adapté. L'application s'effectue après avoir pulvérisé la literie et les vêtements portés les cinq jours précédents.

Le patient prend un bain, suivi d'un séchage doux ; on applique en une couche sur tout le corps à l'aide d'un pinceau plat de l'Ascabiol ou on pulvérise du Sprégal à 20 cm sur tout le corps de haut en bas (port d'un masque obligatoire pour le patient et le soignant). Il faut insister sur les ongles (coupés courts) et les zones généralement atteintes et frotter en cas de pilosité importante. (Éviter les plaies, les yeux et les muqueuses). On laisse en contact 12 heures (Sprégal) ou 24 heures (Ascabiol), puis on savonne et on rince abondamment. Le patient revêt ensuite des vêtements propres. Après la deuxième application, on le transfert dans une pièce propre pour permettre la désinfection de sa chambre avec un produit scabicide.

Épidémies. Un comité de pilotage (associant le président du CLIN, le responsable du service d'hygiène hospitalière, le chef de service, la surveillante, les soignants du service, le directeur, le médecin du travail, le pharmacien, un dermatologue, le responsable des services techniques) est réuni pour décider de la stratégie à adopter. Les mesures générales consistent à arrêter les admissions dans le service, à éviter les transferts de malades vers d'autres services, à interdire les visites et à arrêter les activités collectives. Tous les patients (infectés ou suspects), l'ensemble du personnel infesté ou suspect (la gale est reconnue comme maladie professionnelle) et leur entourage proche sont traités.

Des équipes distinctes au rôle bien défini dans le temps et l'espace sont constituées pour réaliser les différentes phases nécessaires : toilette et traitement des patients, prise en charge et désinfection de l'environnement du patient contaminé, entretien et réfection de la literie après désinfection de la chambre, soins et actions quotidiennes.

Le matériel nécessaire est évalué de façon précise :

- pour le malade : produits de traitement, sac plastique pour ranger les vêtements, vêtements de rechange, gants de toilette jetables pour la douche, drap de bain, surchaussures pour le déplacement, draps de rechange.

- pour les locaux : sacs plastiques jetables avec système de fermeture par ruban adhésif ou élastiques pour le linge qui peut bouillir, autres sacs pour le linge qui ne peut pas bouillir (sacs à étiqueter avec la mention « gale » et la date du fermeture du sac après avoir mis le linge et un produit scabicide), gants à usage unique et surchaussures pour les soignants.

La fermeture temporaire du service peut être envisagée pour mieux prendre en charge la totalité de l'environnement avec des produits scabicides (Aphtiria, APAR, Biotox, Antipediculus...). Les patients sont transférés après deux traitements à 24 heures d'intervalle avec une literie et des vêtements propres.

Autres formes de gale

> La gale profuse (population parasitaire très abondante) souvent associée à une immunodépression ;

> La gale norvégienne (touchant aussi le visage) très contaminante, fréquente chez les patients très handicapés ;

> La gale du nourrisson ;

> La gale des gens propres (prurit seulement) ;

> La gale croûteuse.