Comment convaincre ? - L'Infirmière Libérale Magazine n° 363 du 01/11/2019 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 363 du 01/11/2019

 

VACCIN CONTRE LA GRIPPE

ACTUALITÉ

V. H.  

La campagne de vaccination contre la grippe a débuté le 15 octobre. L’Assurance maladie fournit quelques clés aux professionnels de santé pour répondre aux freins des patients.

Les Français sont convaincus de l’intérêt de la vaccination contre la grippe mais ils ne se font pas toujours vacciner quand il le faudrait. Ce curieux paradoxe a été rappelé par l’Assurance maladie à la veille du lancement de la campagne de vaccination saisonnière, qui a débuté, comme chaque année, le 15 octobre. En effet, selon une enquête réalisée l’année dernière par l’institut BVA pour la Caisse nationale d’assurance maladie (Cnam), 95 % des personnes interrogées pensent que la grippe est « une maladie qui peut être grave » et 94 % savent qu’elle constitue une cause de décès. De plus, près de huit Français sur dix sont au courant qu’il est recommandé de se faire vacciner quand on est âgé de plus de 65 ans ou quand on est atteint de certaines maladies chroniques.

Des doutes sur l'efficacité

En même temps, 21 % des personnes interrogées doutent encore de l’efficacité du vaccin, 53 % pensent que le vaccin présente des risques ou un danger pour la santé et 52 % croient, à tort, que le vaccin peut donner la grippe. « Il y a encore du chemin à faire, estime à cet égard le Pr Olivier Lyon-Caen, médecin-conseil national de la Cnam. Les professionnels de santé ont besoin d’outils et d’arguments. » De fait, l’Assurance maladie a identifié trois freins principaux à la vaccination : le fait de se considérer en bonne santé, les doutes sur l’efficacité de la vaccination et les craintes sur les risques supposés de cette dernière. « Face à l’hésitation vaccinale, on n’a pas forcément toujours immédiatement le temps pour en parler en consultation, mais on peut travailler sur la durée, estime le Dr Henri Partouche, médecin généraliste à Saint-Ouen, en banlieue parisienne, et membre du Haut Conseil de la santé publique. On peut notamment s’appuyer sur les données chiffrées hebdomadaires de Santé publique France pendant la période épidémique. »

9 900 décès l’année dernière

Ainsi, par exemple, lors de l’épidémie de l’hiver 2018-2019, 65 622 passages aux urgences ont été recensés pour syndrome grippal, dont 10 723 ont conduit à une hospitalisation. En outre, 9 900 décès ont été attribués à la grippe l’année dernière. « La perception du risque que représente la grippe a sans doute progressé, note le Pr Bruno Lina, chef du service de virologie de l’hôpital de la Croix-Rousse, à Lyon, et directeur du Centre national de référence des virus des infections respiratoires. Mais il est toujours important de rappeler que, même si elles se sentent en bonne santé, les personnes de plus de 65 ans, les personnes atteintes d’une maladie chronique ainsi que les femmes enceintes sont plus vulnérables face aux virus de la grippe. » En effet, alors qu’il leur est recommandé depuis 2012, le vaccin contre la grippe n’a été administré qu’à 7 % des femmes enceintes en 2016. « On peut aussi dire aux personnes âgées, surtout si elles sont en forme, que le vaccin permet de vieillir en bonne santé, car la grippe est un facteur de perte d’autonomie encore plus important que la fracture de la hanche », ajoute le Pr Lina. Un argument qui peut faire mouche.

Moins de complications graves

Que répondre par ailleurs aux patients qui doutent de l’efficacité du vaccin ? « Le niveau d’efficacité du vaccin contre la grippe saisonnière est de l’ordre de 60 à 65 %, avec des variations selon les souches circulantes, explique le Pr Lina. Mais il faut également expliquer que si un sujet vacciné est touché par la grippe, il sera moins à risque de complications. » Enfin, des réponses peuvent être apportées au sujet des craintes sur la sécurité des vaccins. « Des milliards de vaccins contre la grippe ont été distribués, on ne peut plus discuter de son innocuité », insiste le Pr Lina. Les réactions indésirables restent « bénignes et transitoires », la plus fréquente étant la douleur au niveau du site d’injection qui concerne entre 40 et 50 % des adultes.

en savoir +

L’Assurance maladie envoie chaque année 13 millions de bons de vaccination aux patients concernés afin qu’ils puissent être vaccinés par le professionnel de santé de leur choix.

Ces derniers ont également la possibilité d’éditer des bons pour leurs patients dans « l’espace pro » de leur compte Ameli. Actuellement, la moitié des personnes éligibles à la vaccination n’y accèdent pas. Quant à la vaccination des professionnels de santé libéraux eux-mêmes, elle est prise en charge à 100 % par l’Assurance maladie.