OBJECTIF EFFICACITÉ - L'Infirmière Magazine n° 393 du 01/05/2018 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 393 du 01/05/2018

 

URGENCES PÉDIATRIQUES

ACTUALITÉS

FOCUS

Géraldine Langlois  

Depuis fin 2016, un algorithme classe en permanence les patients des urgences pédiatriques du CHRU de Lille par ordre de priorité et calcule les retards dans la prise en charge. Le but ? Réduire la durée de séjour et d’attente.

Dans les bureaux des infirmières, des médecins et des internes, un écran, fixé au mur, fait défiler en permanence la liste des patients pris en charge aux urgences pédiatriques. Sa particularité ? Il s’appuie sur un algorithme, conçu « en réponse à un besoin du terrain », qui « priorise les patients », explique Jessica Schiro, coordinatrice de projets au centre d’investigation clinique pour les innovations technologiques de Lille. Ainsi, pour présenter les patients dans l’ordre dans lequel ils doivent être vus (hors urgences vitales), Optimum compile, en temps réel, les données saisies dans le logiciel métier des urgences par les infirmières d’accueil et d’orientation, agents d’accueil, médecins, internes et IDE… Il intègre l’identité du patient, son âge, le motif de son entrée, la gravité de son état, les bilans ou examens d’imagerie demandés ou réalisés, et les informations saisies au fil de son parcours dans le service.

En temps réel

« L’interface présente aussi un indicateur de retard sous la forme d’un code couleur. Il signale un dépassement du délai moyen de prise en charge pour ce type de pathologie, fixé par l’algorithme à partir des données observées sur trois années », note Jessica Schiro. Si les patients étaient auparavant triés par ordre d’urgence à leur arrivée, « il n’y avait plus de repriorisation ensuite », observe le Pr François Dubos, chef du service. Et c’est ce que propose Optimum : sur le tableau de bord, une colonne affiche les nouveaux arrivés, ceux qui n’ont pas encore été vus par le médecin ou qui ont été vus mais qui attendent les résultats d’un examen ou un bilan sanguin (signalés par une icône). Une autre présente ceux qui doivent être revus par le médecin après les examens réalisés, et une autre encore indique les patients en attente de la visite de sortie.

Des codes couleur

Tous sont classés par ordre de priorité et un curseur de couleur (vert, orange ou rouge) indique si la durée moyenne de prise en charge dépasse (et de combien) la durée moyenne de séjour. Un chiffre précise, lui, le degré d’urgence (1, 3 et 5 correspondent au numéro de triage défini selon des critères propres au service, les 5 étant les plus urgents). « Cela nous aide à faire avancer les prises en charge qui progressent moins vite », ajoute François Dubos.

L’évaluation de l’outil, dont les ré?sultats seront connus à l’automne, commence en avril, indique Jessica Schiro. Pour le moment, ce sont plutôt les médecins qui l’utilisent. En revanche, disent les soignants, la difficulté réside dans la présence de deux écrans : si le logiciel classique des urgences juxtapose celui d’Optimum, la présentation des informations est, elle, différente. Ce double écran freine l’utilisation du nouvel outil. L’algorithme Optimum ne fait d’ailleurs pas partie des habitudes des infirmières, qui n’ont pas été formées à la lecture du tableau de bord.

S’il n’est pas exclu que l’algorithme puisse être intégré au logiciel métier commun du service des urgences pédiatriques, cela nécessite de s’accorder avec le/les éditeurs de ce type de logiciel et d’apporter des modifications à l’algorithme. Il est aussi prévu de l’étendre aux urgences adultes, mais l’adaptation n’a pas encore débuté, souligne la coordinatrice du projet. Si des hôpitaux sont intéressés par Optimum, la transposition à d’autres organisations nécessite encore bien des ajustements… qui ne sont pas encore à l’ordre du jour.

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