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L'infirmière Magazine n° 393 du 01/05/2018

 

ANTIBIOTIQUES

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FOCUS

Laure Martin  

Le CH d’Argenteuil a réuni, le 29 mars, infirmiers et pharmaciens hospitaliers et libéraux pour évoquer l’administration des antibiotiques. Rappel des bons gestes à adopter.

La résistance aux antibiotiques est en train de croître et les laboratoires n’investissent plus beaucoup dans la fabrication de nouveaux », a souligné le Dr Pascale Longuet, infectiologue au CH d’Argenteuil (Val-d’Oise). Cette dernière a fait un point sur la préparation et l’administration des antibiotiques injectables. « Nous arrivons en pénurie pour les souches multirésistantes, il faut donc préserver l’efficacité des antibiotiques. »

Gare aux mélanges

Les modalités de préparation et d’administration des antibiotiques influencent leur efficacité. « Pour les antibiotiques injectables, il faut maîtriser et contrôler leurs paramètres physico-chimiques », a rappelé le Dr Pascale Longuet. L’usage de ces médicaments peut générer un problème d’incompatibilité, à savoir le changement d’un état physique par un phénomène physico-chimique lors de l’administration concomitante de différents produits incompatibles. Conséquences : obstruction des cathéters, perte d’efficacité des produits, formation de dérivés toxiques, embolies. « Pour l’éviter, il ne faut pas faire de mélange dans un même conditionnement, il faut rincer après chaque administration et privilégier des voies différentes selon les produits », rappelle le médecin. Il faut aussi veiller à la stabilité des produits, c’est-à-dire à la capacité d’une solution à conserver ses propriétés physiques, chimiques et micro-biologiques à 90 % de sa concentration initiale, sans dégradation toxique.

Le choix de l’administration

Les modalités d’administration peuvent également améliorer les effets des antibiotiques. Le perfuseur par gravité n’est pas le plus conseillé par le Dr Longuet, qui lui reproche une marge d’erreur de 40 %. De même, le pousse-seringue, qui offre une très grande précision, ne permet pas un volume d’administration élevé des antibiotiques. « Cela oblige à faire des dilutions très élevées et peut donc être incompatible avec la stabilité de la solution », a-t-elle précisé. Pour les pompes volumétriques, l’attention doit être portée, lors de l’utilisation du mode séquentiel, sur la stabilité des produits lorsqu’ils sont préparés à l’avance. Quant aux diffuseurs portables, « il faut faire attention à la précision de la préparation », a-t-elle prévenu. « Les paramètres clés pour le choix d’un diffuseur sont la durée de la perfusion, le volume et la concentration ainsi que la stabilité et compatibilité physico-chimique », a rappelé Christian Dupont, infirmier à l’hôpital Cochin (Paris).