SOIGNANTS DANS L’INSÉCURITÉ - L'Infirmière Magazine n° 301 du 15/05/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 301 du 15/05/2012

 

DROIT DE RETRAIT

ACTUALITÉ

Mi-avril, le personnel du SMPR de la maison d’arrêt de Sequedin, près de Lille, estimant que sa sécurité n’était pas assurée, a exercé son droit de retrait.

Le lundi 16 avril, vers 9 heures, l’ensemble du personnel du service de soins médicopsychologiques régional (SMPR) de la maison d’arrêt de Sequedin est sorti de l’enceinte de la prison pour exercer son droit de retrait. Psychiatres, psychologues, assistantes sociales, infirmiers, éducateurs sont restés toute la journée devant la prison.

Pour justifier cette démarche, le représentant du syndicat Unsa au CHSCT du CHRU de Lille, dont dépend le SMPR, a invoqué un « danger grave et imminent » pour le personnel. Selon Franck Leplus, secrétaire général Unsa au CHU, « cela faisait plusieurs mois que l’administration pénitentiaire avait été informée des difficultés », essentiellement liées au manque de surveillants auprès des équipes soignantes.

« On se sent de plus en plus en situation d’insécurité, observe Vincent, l’un des neuf infirmiers du SMPR, également délégué Unsa. Nous ne remettons pas en cause le travail des surveillants, mais ils ne sont pas assez nombreux. » Les syndicalistes ont constaté l’augmentation de la population carcérale (jusqu’à un millier de détenus pour 650 places, selon eux) mais pas celle du nombre de surveillants. Résultat : l’appréhension des soignants s’intensifie.

Les patients d’abord

« En moyenne, 7-8 détenus, une fois même 15, attendent leur tour derrière la porte de la salle de consultation, et il n’y a pas toujours de surveillant sur place, remarque Vincent. On soigne avec toute notre empathie ces personnes, qui sont d’abord des patients, mais aussi parfois des toxicomanes, des psychotiques » aux comportements vifs ou inquiétants. « Plus tard, le jour du droit de retrait, raconte Franck Leplus, un détenu a montré à une éducatrice la lame de rasoir qu’il avait dans la poche. Il n’avait pas été fouillé. » « Nous suivons de plus en plus de patients dans le cadre de traitements de substitution à la méthadone ou à la buprénorphine, poursuit l’infirmier. Chaque matin, dans les deux bâtiments des hommes et à la prison des femmes, nous dispensons ces traitements à 100 personnes en moyenne. » Il arrive que les infirmiers transportent d’un bâtiment à un autre la valise contenant les traitements de substitution, qui ne ferme pas toujours, sans être accompagnés par des gardiens…

Forte tension

C’est ce qui est arrivé ce matin du 16 avril. Comme les traitements de substitution tardaient à être distribués, la tension est montée parmi les détenus, indique Vincent. La direction de la maison d’arrêt a demandé à plusieurs reprises aux personnels du SMPR de répondre à l’urgence. Accompagnés des surveillants nécessaires, les infirmiers ont finalement distribué les traitements en fin de matinée.

Depuis cette journée particulière, une amélioration « notoire » des conditions de sécurité a été constatée lors des consultations et des déplacements de soignants. Les surveillants sont davantage présents. Le nombre de détenus aurait également diminué depuis. À la demande du syndicat et du CHRU de Lille, une réunion avec l’administration pénitentiaire(1) devrait se tenir d’ici à la fin du mois.

1– L’administration pénitentiaire n’a pas souhaité répondre à nos sollicitations d’interview.