« POUR UN ORDRE INFIRMIER AU SÉNÉGAL » - L'Infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012

 

INTERNATIONAL

ACTUALITÉ

Président de l’Aniides, l’Association nationale des infirmiers et infirmières diplômés d’État du Sénégal, Abdou Gueye plaide pour la création d’un ordre infirmier dans son pays.

L’INFIRMIÈRE MAGAZINE : Pouvez-vous dire quelques mots du métier de soignant au Sénégal ?

ABDOU GUEYE : Dans notre pays encore pauvre, où les défis en santé sont immenses, où le coût des soins est relativement élevé vu la faiblesse de la couverture sociale, les infirmiers ont un rôle pivot. En zone rurale, notamment, nombre de postes de santé sont quasiment dirigés par des infirmiers chefs de poste, du fait de la pénurie de professionnels de santé, et de la concentration de l’offre de soins sur la région de Dakar, la capitale. Au Sénégal, il n’y a que 0,25 infirmier pour 1 000 habitants ! Et seulement 0,08 sage-femme et 0,07 médecin pour 1 000 habitants. Le paradoxe, c’est que nombre de diplômés des écoles de santé, infirmiers (formés en trois ans après le bac) et sages-femmes, ne sont pas recrutés par l’État, qui manque de moyens, et sont aujourd’hui au chômage.

L’I. M. : Pourquoi militez-vous pour la création d’un ordre infirmier ?

A. G. : Un ordre infirmier nous permettrait, de porter haut et fort nos revendications, notamment en termes de réglementation de la profession infirmière. Car, pour le moment, le cadre juridique concernant la pratique de la profession est très pauvre en textes réglementaires. Notre priorité ? Délimiter notre champ d’exercice, protéger le titre d’infirmier, assurer une représentation efficace de la profession, conférer aux infirmiers une identité et un statut… Dans cette quête de reconnaissance, un ordre infirmier a, selon moi, tout son rôle.

L’I. M. : Que pensez-vous du feuilleton de l’Oni français ?

A. G. : Je dois dire que je ne comprends pas l’opposition radicale à l’ordre infirmier. À mon avis, au vu de ses missions, tous ceux qui se préoccupent du développement de la discipline infirmière devraient se réjouir de son existence. Car la France est un grand pays mais, lorsqu’on parle sciences infirmières, elle apparaît comme un nain au plan international. Rien que pour cela, les autorités françaises ne peuvent se contenter d’avoir favorisé la création de l’Oni, elles doivent le couver, et les infirmiers devraient en faire leur outil.