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L'infirmière Magazine n° 295 du 15/02/2012

 

FORMATION IBODE

ACTUALITÉ

Un projet ministériel prévoit de supprimer l’obligation de deux années d’expérience pour pouvoir intégrer une école d’Ibode.

Le 1er février dernier, le Haut Conseil des professions paramédicales (HCPP)(1) a donné un avis favorable à un projet d’arrêté du ministère de la Santé, prévoyant de supprimer les deux années d’expérience requises pour suivre la formation d’Ibode. Mettant fin à l’obligation de « deux années minimum d’exercice, en équivalent temps plein, en tant qu’infirmier ou sage-femme, au 1er janvier de l’année en cours » pour intégrer une école d’Ibode, ce texte permettrait aux IDE sortant d’Ifsi d’enchaîner directement sur cette formation.

Oui mais…

« Pour le ministère, cette mesure se justifie par le fait que de nombreuses IDE jeunes diplômées se retrouvent à exercer en bloc sans formation ad hoc », commente Charline Depooter, la présidente de l’Unaibode(2). Une vision partagée par l’Unaibode, qui demandait d’ailleurs la suppression des deux ans d’expérience requis depuis 2006. Nous sommes favorables à ce projet pour plusieurs raisons », explique Charline Depooter. « D’abord parce que c’était une obligation qui ne nous semblait pas compatible avec l’universitarisation des études infirmières, pour laquelle nous militons, commente-t-elle. Ensuite, parce que si cela peut permettre aux plus jeunes étudiantes d’enchaîner sur une formation d’Ibode, tant mieux ! Cela n’empêchera pas celles qui souhaitent intégrer une école d’Ibode plus tard de le faire, par le biais de la formation continue. » L’avis favorable rendu par le HCPP sur le texte relaie, globalement, cette analyse. Même si le détail du vote de ses membres laisse entrevoir certaines réserves. En effet, sur 31 membres, 13 ont voté pour, mais 6 ont voté contre, tandis que 12 se sont abstenus. Satisfaite, Charline Depooter ne l’est cependant elle-même qu’en partie, car la refonte plus générale de la formation d’Ibode, en cours de discussion depuis 2006, achoppe toujours sur la question de la masterisation. « Pour le moment, le ministère nous propose l’attribution de seulement 90 crédits ECTS, ce qui signifierait rester sur une formation en dix-huit mois, alors que nous voudrions obtenir le grade master, via une formation en deux ans », précise-t-elle.

Assistant de chirurgie

La présidente de l’Unaibode note cependant une avancée dans les discussions concernant les pratiques avancées : « Le ministère de la Santé travaille sur un nouveau métier d’assistant de chirurgie, inspiré de ce qui existe aux États-Unis. Il permettrait à une Ibode, formée par compagnonnage avec une équipe de chirurgie, de réaliser des actes effectués d’ordinaire par un chirurgien, dans des spécialités bien précises comme l’orthopédie ou la gynécologie. » « Les contours de ce nouveau métier ne sont pas encore bien définis, continue-t-elle. Nous devons encore réfléchir dessus, notamment avec les chirurgiens… Mais ce peut être une avancée intéressante. »

1– Le HCPP est une instance de réflexion représentant l’ensemble des professions para-médicales. Il est censé débattre des sujets concernant les professions qu’il représente et pouvoir rendre des avis au gouvernement.

2– Union nationale des associations d’infirmiers de bloc opératoire diplômés d’État.