Sus aux « mandarins de la souffrance » | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 315 du 01/06/2015

 

SANTÉ PUBLIQUE

Actualité

Laure de Montalembert  

DÉRIVES SECTAIRES > Poudres de perlimpinpin, massages “magiques” et méthodes de développement personnel plus que contestables trouvent de plus en plus souvent leur place dans la santé, selon la Miviludes.

Le secteur de la santé a toujours intéressé les promoteurs des dérives sectaires. Patients et familles en état de faiblesse à la recherche de solutions à leurs difficultés en font un terreau fertile pour des croyances en tout genre, souvent dangereuses.

Nombreux signalements

En 2013, 2 400 signalements en lien avec ce type de dérives avaient été envoyés à la Miviludes*, dont 39 % concernaient le domainede la santé. Cela n’a pas échappé à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires, qui s’en inquiète dans son rapport 2015, remis au Premier ministre le 29 avril avec plusieurs mois de retard – le document était attendu en janvier.

« Pratiques dangereuses »

Dans le viseur, les risques de dérives sectaires liés aux “médecines parallèles”, comme le décrit le rapport : « Les thérapeutiques complémentaires sont en plein essor, tant au plan de l’offre que de la demande de la part des patients. Or, il est de plus en plus fréquent de constater que les promesses et les recettes de guérison, de bien-être et de développement personnel peuvent être au cœur de pratiques dangereuses pour la santé. »

Certaines de ces pratiques étant même proposées par des médecins comme cet inventeur de la “chromothérapie” (la cure par les couleurs), radié à vie par le conseil de l’Ordre des médecins mais qui continue néanmoins d’utiliser son titre de docteur. Parmi les autres sujets qui fâchent, celui de la “fasciathérapie”, une méthode basée sur des massages et qui a fait son entrée dans certains services hospitaliers sans être reconnue par aucune autorité légale.

Ruptures familiales et professionnelles

« Tout est prétexte pour surfer sur la vulnérabilité et la faiblesse des malades ou de leurs proches. Face à la maladie ou aux aléas de la vie, des mandarins de la souffrance humaine, manipulateurs sans limite et sans scrupule ont fait de la détresse de bon nombre de nos concitoyens leur terrain de chasse », avertit encore le rapport.

En dehors des risques évidents pour la santé des personnes ciblées, l’une des caractéristiques des dérives sectaires est l’isolement. Un isolement des proches mais aussi de la médecine conventionnelle, comme l’explique cet extrait : « L’influence du praticien sur son patient peut en effet être considérable, de par l’espoir qu’entretient la promesse d’une guérison, en particulier pour les malades du cancer, et parce que ces pseudo-thérapies se présentent toujours comme des modes de vie à part entière, de par la relation de pouvoir entre soigné et soignant qui devient quasi exclusive du fait de la rupture avec l’environnement familial et professionnel qu’elles induisent. » C’est la raison pour laquelle la Mission insiste sur la prévention. Il est désormais possible de signaler immédiatement des abus ou de poser ses questions directement sur le site de la Miviludes.

* Site Internet : www.derives-sectes.gouv.fr