Hospitalisation des enfantsDes propositions de la FHF pour faire mieux - Objectif Soins & Management n° 271 du 01/10/2019 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 271 du 01/10/2019

 

Actualités

Anne Lise Favier
Rapport intégral disponible sur : https://bit.ly/2k7k0F7
  

Pédiatrie

La Fédération hospitalière de France (FHF) a publié un rapport inédit sur l'accueil des enfants hospitalisés. Une première qui devrait servir de guide pour des améliorations concrètes.

Deux millions d'enfants sont hospitalisés chaque année dans un établissement public de santé. Une population vulnérable, dont l'accueil spécifique est régi par des textes réglementaires dont l'application fait l'objet de disparités dans les établissements de santé. Face à ce constat, la FHF s'est emparée du sujet et a mené une enquête pour observer les réalités du terrain. Il en ressort que les professionnels de santé sont très impliqués pour améliorer l'accueil des enfants et de leur famille en mettant leur bien-être au centre de leur activité, mais qu'il persiste malgré tout certaines inégalités. C'est ainsi qu'en collaboration avec le Défenseur des droits, de l'Union nationale des associations familiales (UNAF) et de l'association Sparadrap, la FHF a édité un cahier de propositions « qui se veut autant un guide qu'une aide pour les établissements, qu'un outil d'interpellation des pouvoirs publics » afin de faire en sorte que plus de moyens soient alloués aux équipes mettant en œuvre des actions concrètes sur le terrain. Ce travail fait suite à une décision-cadre sur le droit des enfants adoptée en 2015 par Jacques Toubon, Défenseur des droits, qui portait sur une vingtaine de recommandations « dont la consécration d'un droit à la présence parentale dans le Code de la santé publique afin d'organiser un véritable accueil des parents ». Une nécessité pour Marie-Andrée Blanc, présidente de l'UNAF qui rappelle que « le soin ne peut se construire sans tenir compte du vécu et du retour d'expérience des personnes qui en bénéficient, tant pour les adultes que pour les enfants ». Une évidence aussi pour l'association Sparadrap, associée aux travaux de la FHF qui rappelle en préambule de ce travail que bien que la France dispose de quasiment tous les moyens (textes réglementaires, moyens antalgiques, connaissances psychologiques, etc.) pour garantir la qualité des soins en pédiatrie, certains problèmes perdurent, à l'image de l'interdiction de l'accueil de la fratrie de moins de 15 ans ou de l'absence de prise en charge des frais annexes occasionnés par l'hospitalisation d'un enfant (restauration, hébergement transport, etc.).

Une enquête comme source de propositions

Pour formuler au mieux son travail, la FHF a sollicité 290 établissements ayant un service de pédiatrie, lesquels ont répondu à 87 % (soit 252 établissements). Il en ressort 13 propositions fortes groupées selon 5 axes d'intérêt. Le premier axe concerne globalement l'accueil des enfants à l'hôpital. En premier lieu, la FHF propose d'hospitaliser spécifiquement les enfants de moins de 18 ans en pédiatrie ; actuellement, d'après cette enquête, 71 % des répondants hospitalisent les enfants en secteur adulte, essentiellement par manque de place ou problème d'organisation interne. La FHF prône même le développement d'unités spécifiques pour les adolescents, y compris en psychiatrie. Elle réitère la recommandation d'un accompagnement 24 heures sur 24 de l'enfant par au moins un des parents, chose qui dans les faits est globalement respectée, à l'inverse de l'autorisation de présence d'un parent en salle de réveil ou à l'endormissement lors d'une opération, pratique que la FHF souhaite inscrire dans ses recommandations. Puisque les enfants sont aussi des patients, la FHF propose de les faire participer, avec leurs parents, à l'élaboration du projet de service. Enfin, sur le volet de l'accueil, une dernière proposition s'attèle à garantir un environnement adapté aux enfants. Nombreuses sont les initiatives qui vont dans ce sens (salle de jeux, présence de bénévoles) mais des efforts doivent être faits à l'adresse des adolescents (seuls 46 % des répondants déclarent disposer d'un espace spécifique) ou pour la poursuite de la scolarité (43 % déclarent disposer d'une salle de classe).

Les enfants, des patients à part entière

Le second axe des recommandations de la FHF porte sur l'information de l'enfant : elle propose de mieux informer les enfants sur leur maladie et les soins associés et sur l'importance de la réalisation d'un livret d'accueil spécifique aux enfants : seuls 36 % des répondants affirment en avoir un. L'axe suivant donne une place grandissante à l'enfant pendant son hospitalisation : l'écouter, mais aussi obtenir son consentement aux soins, tout en étant attentif à son expression, par exemple en lui permettant d'effectuer d'éventuelles réclamations ou remarques sur le déroulé des soins. Les deux derniers axes se focalisent plus spécifiquement sur le personnel soignant : d'une part sur le fait de disposer de professionnels formés aux spécificités de la pédiatrie et aussi sur la nécessaire coordination de la prise en charge des mineurs non accompagnés, qui relèvent de problématiques auxquelles les équipes soignantes et socio-éducatives sont peu habituées. Pour y faire face, la FHF propose donc une articulation entre hôpital et structures spécialisées. Un ensemble de propositions que le Pr Régis Aubry, président du comité éthique de la FHF, considère « comme une incitation très forte à considérer les enfants et les adolescents malades avant tout comme des personnes ».