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OBJECTIF SOINS n° 0293 du 01/06/2023

 

Unité mobile hospitalière paramédicale 

ACTUALITÉS

Claire Pourprix

  

Samu-Urgences de France, l’Association nationale des centres d’enseignement des soins d’urgence (Ancesu) et la Société française de médecine d’urgence (SFMU) préconisent la création d’unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P). Le but : instituer un niveau d’intervention complémentaire pour les urgences préhospitalières.

« L’évolution de la demande de soins préhospitaliers observée au fil des années, conjuguée avec la pression démographique croissante exercée sur les ressources médicales et les résultats d’expérimentations récentes, ont conduit les professionnels de l’urgence à définir un niveau de soins d’urgence préhospitaliers, qui peut relever de la compétence d’un infirmier de structure d’urgence, formé et entraîné à cet effet », expliquent Samu-Urgences de France, l’Association nationale des Cesu et la SFMU dans leurs recommandations sur la création d’unités mobiles hospitalières paramédicalisées. Une UMH-P peut être sollicitée par le médecin régulateur du Samu lorsqu’il estime que le tableau clinique et la situation du patient ne requièrent pas obligatoirement l’intervention d’un médecin urgentiste.

Des protocoles en place

Dès 2012, Samu de France et la SFMU publiaient leur position sur le rôle de l’infirmier dans l’aide médicale urgente hors présence médicale, arguant qu’il y aurait « une place, en intervention primaire d’aide médicale urgente, pour l’infirmier sans médecin, en complément des dispositifs existants, dans des indications ciblées et des conditions rigoureuses de mise en œuvre (…). » En 2016, ce document était mis à jour et complété grâce à une plus large mobilisation des acteurs de la santé référents (SFMU, Société européenne de médecine de sapeurs-pompiers, Société française d’anesthésie et de réanimation, Société de réanimation de langue française, Conseil français de réanimation cardio-pulmonaire et Club des anesthésistes-réanimateurs et urgentistes militaires), permettant de définir finement la liste des Protocoles infirmiers de soins d’urgence (Pisu). La dernière recommandation, en date de février 2023, vise à « donner une reconnaissance juridique à ce mode de fonctionnement qui est trop souvent vécu comme un process dégradé, précise Loïc Wendling, cadre de santé Smur et Urgences au GHR Mulhouse Sud-Alsace. L’objectif du texte est de développer, de généraliser cette pratique qui était jusqu’à présent dépendante des idées innovantes des chefs de service. »

Un process pertinent qui a fait ses preuves

L’UMH-P doit être composée au minimum d’un infirmier des structures d’urgences, assisté d’un ambulancier et éventuellement d’un troisième personnel paramédical. Selon Samu-Urgences de France, l’Ancesu et la SFMU, « la pertinence de ce dispositif » repose sur deux piliers : « l’utilisation et la valorisation des compétences des infirmier(e)s des structures d’urgence, renforcées par une formation spécifique et par une expérience des soins d’urgence préhospitaliers, acquise et entretenue par l’exercice dans une structure Smur », et « le développement des nouvelles technologies de l’information et de la communication garantissant un lien et un suivi permanent de l’UMH-P par le médecin régulateur ».

Ce dernier a la responsabilité du déclenchement de l’intervention de cette équipe et du suivi de son intervention. En cas de suspicion de problème cardiaque, l’infirmier d’urgence peut être mobilisé dans l’attente du renfort d’un médecin, l’objectif étant de limiter la perte de chance pour le patient. « Pour tous les autres Pisu, le vecteur paramédical est appelé en première intention si le contexte le justifie », explique Loïc Wendling. L’infirmier sur les lieux établit un bilan au médecin régulateur et celui-ci peut, si besoin, faire une prescription médicale complémentaire au Pisu.

Le procédé a fait ses preuves, comme en témoigne Loïc Wendling. « Très peu d’interventions nécessitent un renfort médical après que le médecin régulateur a envoyé un vecteur paramédical. Au vu de notre expérience, cette pratique est pertinente et ne génère pas de perte de chance pour le patient. » Sans compter que c’est aussi un moteur de motivation pour les infirmiers qui souhaitent monter en compétences : « La formation infirmier Smur est possible après 3 à 5 ans d’expérience dans le service d’urgences, et les infirmiers qui participent au vecteur paramédical doivent suivre une formation annuelle aux Pisu pour garantir leurs acquis. »