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L'infirmière Magazine n° 384 du 01/07/2017

 

CHIRURGIE

ACTUALITÉS

FOCUS

Marie-Capucine Diss  

La réhabilitation améliorée après chirurgie (Raac) a fait son entrée il y a deux ans dans le Groupe hospitalier Paris Saint-Joseph (GHPSJ). Une nouvelle approche centrée sur le patient.

Stress, nausées, dénutrition, immobilisation, douleur, sondes… De multiples facteurs pèsent sur la récupération du patient après une intervention chirurgicale. Développée dans les années 90 et expérimentée par le chirurgien danois Henrik Keleth, la Raac – en agissant sur ces facteurs – vise à réduire les complications postopératoires et la durée de séjour du patient. « La chirurgie est la cause d’une baisse des capacités fonctionnelles du patient. Afin de la limiter, nous utilisons des techniques déjà connues, comme la mobilisation précoce. C’est en les combinant que nous entrons dans la démarche de Raac, développe le Pr Pascal Alfonsi, responsable du service d’anesthésie du GHPSJ(1). Elle s’appuie sur une discussion multidisciplinaire, l’élaboration d’un programme propre à chaque établissement et son appropriation par l’ensemble des acteurs. » Du chirurgien à la secrétaire de programmation, l’ensemble du service doit être convaincu de la démarche afin de s’adresser au patient d’une même voix. Cela est essentiel, car un programme Raac bouleverse la philosophie et les pratiques chirurgicales observées depuis des décennies. « Le patient peut être alimenté jusqu’à six heures avant l’intervention. Deux heures avant son entrée au bloc, nous lui faisons boire une solution glucidique. La réalimentation peut commencer dès le lendemain de l’intervention. L’ablation de la sonde se fait le plus tôt possible, si l’apport oral est suffisant. Il peut y avoir de l’appréhension à donner à manger à un patient nauséeux et ballonné », témoigne Monique Quéguignier, IDE d’hospitalisation en chirurgie digestive, soulignant qu’il est essentiel de former les soignants.

Mesures strictes

De même, l’information du patient est capitale pour obtenir son adhésion au programme. Ainsi, au GHPSJ, le service de chirurgie colorectale planifie une consultation infirmière préopératoire de réhabilitation environ une semaine avant l’intervention. Sylvie Martin Métayer, IDE stomathérapeute qui en a la charge, souligne la nécessité de présenter au patient point par point le programme qu’il va suivre et de s’assurer de sa bonne compréhension des enjeux de la réhabilitation. « Nous insistons sur la mobilisation précoce, souligne l’IDE. Un premier lever est effectué dès le retour en salle. Cela fait partie de la récupération active du patient. Il va lutter contre l’iléus réflexe et les risques thromboembolitiques. Nous lui expliquons que nous allons être assez intransigeants, exiger de lui qu’il marche dans le couloir et qu’il soit en position non allongée de trois à six heures dès le premier jour postopératoire. » À domicile, le patient devra continuer à jouer le jeu, s’obliger à marcher quotidiennement, alors qu’il peut se sentir encore douloureux, malgré l’attention particulière portée à la prévention de la douleur dans le cadre de la Raac.

Le programme du service de chirurgie colorectale comporte pas moins d’une vingtaine de mesures à suivre, faisant l’objet d’un relevé trimestriel pour suivre l’application progressive de ces indications. Le résultat est là : « Quand on respecte moins de la moitié de ces mesures, le taux de complication varie entre 40 et 50 %. Alors que si on respecte plus de quinze paramètres sur vingt, on obtient une morbidité allant de 15 à 20 %, énonce le Pr Pascal Alfonsi. La durée médiane de séjour se situe entre 10 et 12 jours si moins de la moitié des paramètres sont respectés et entre 5 et 7 jours quand plus de quinze mesures sont appliquées. »

1- Intervention lors de la 1re journée sur la Raac organisée par le GHSJ qui a eu lieu le 19 mai.

POUR ALLER PLUS LOIN

→ Le Grace (Groupe francophone de réhabilitation améliorée après chirurgie) apporte un appui technique aux établissements souhaitant s’engager dans cette démarche.

www.grace-asso.fr/

→ La Haute Autorité de santé a réalisé un rapport d’orientation sur la Raac et publié des recommandations.

bit.ly/2snHVSs

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