C’EST ENCORE TABOU… - L'Infirmière Magazine n° 384 du 01/07/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 384 du 01/07/2017

 

DIRECTIVES ANTICIPÉES

ACTUALITÉS

SALON INFIRMIER

Carine Chausson  

Depuis la loi dite Claeys-Leonetti du 2 février 2016, exprimer par écrit ses souhaits quant aux traitements ou actes médicaux désirés ou redoutés, en fin de vie, est un droit. Un sujet délicat abordé au Salon Infirmier, en mai à Paris.

Sujet difficile que les directives anticipées… Bien que ces dernières soient très importantes d’un point de vue législatif et qu’elles s’imposent aux soignants, sans limite de validité, « les directives anticipées demeurent un sujet complexe et encore tabou », a souligné Aurore Catherine, juriste au centre de lutte contre le cancer François Baclesse, à Caen (14). « La principale problématique est de savoir à quel moment aborder ce sujet avec les patients, a poursuivi Valéria Bretteville, cadre de santé dans le même centre. Inconsciemment, ces directives rappellent la mort. Communiquer sur le sujet peut alors être difficile. » Un sujet qu’il faut pourtant aborder « dès le début de la prise en charge, sans attendre d’être dans une situation extrême, où la décision du patient pourrait être remise en cause », estiment-elles. En effet, si les soignants jugent des directives anticipées non appropriées ou non conformes aux conditions médicales, ils pourront ne pas en tenir compte.

Mieux communiquer

Et de mettre en perspective l’intérêt de l’information car « plus on sera nombreux à parler des directives anticipées, moins on en aura peur et plus leur mise en place sera efficace », estiment Aurore Catherine et Valéria Bretteville. Ainsi, au centre François Baclesse, elles organisent régulièrement des campagnes d’information sur le sujet, et ont développé de nombreux supports visuels pour diffuser l’information dans l’ensemble de leur établissement. « Il faut reprendre le sujet en permanence avec les patients et les soignants. Le but étant que les soignants accomplissent leur devoir d’information, et que les patients connaissent leurs droits et aient, dans les limites de la loi, la fin de vie à laquelle ils aspirent, expliquent-elles. Il s’agit d’un travail à long terme. »

Pour aller plus loin, le centre François Baclesse a même développé la carte « J’ai rédigé mes directives anticipées », qui se base sur celle du don d’organes. « L’idée, expliquent les intervenantes, est de mettre à disposition des patients une carte facile à conserver et à transmettre aux soignants, pour que ceux-ci sachent où trouver le document et puissent respecter leurs dernières volontés. »

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