Les déçus du forfait global - L'Infirmière Libérale Magazine n° 263 du 01/10/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 263 du 01/10/2010

 

POLITIQUE DE SANTÉ

Actualité

EHPAD > De nombreux établissements ont accepté de passer à un financement global, notamment pour engager des moyens humains supplémentaires. Mais les financements promis ne suivent pas.

« Pour dire clairement les choses, l’Agence régionale de santé (ARS) avec qui j’ai signé un avenant en juin dernier nous a fait un chèque en bois ! », considère Philippe Caillon, directeur de la résidence Saint-Joseph à Nantes. Alors que de nombreuses maisons de retraite ont accepté de signer ces derniers mois un avenant à la convention tripartite qui les lie à l’État et au Conseil général pour passer à un financement global, un courrier de l’ARS, daté d’août, précisait que les termes de ce nouveau contrat ne pourraient pas être respectés… faute de crédits suffisants attribués par la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie. Le changement de financement a été imaginé par les pouvoirs publics pour mieux maîtriser l’ensemble des dépenses engagées dans un Ehpad en incluant dans ce forfait global le coût des prestations médicales et paramédicales (professionnels libéraux, laboratoires, radiologie simple) jusque-là prises en charge par la couverture maladie de chaque résident. Ce nouveau mode de calcul devait s’accompagner d’un budget supplémentaire. Aux directeurs d’arbitrer et de rationaliser afin de contrôler les dépenses de soins de leur établissement.

C’est sur ce solde que des Ehpad ont engagé notamment des recrutements. Comme celui de Saint-Joseph. « Nous avions prévu d’embaucher neuf aides-soignantes, un ergothérapeute, une infirmière et de passer le temps du médecin coordonnateur de 0,2 équivalent temps plein à 0,8 », explique Philippe Caillon. La grande partie de ces embauches a été effectuée. Et si les crédits promis ne sont pas versés très vite, l’Ehpad devra supporter à la fin de l’année un déficit de 280 000 euros…

3 questions à…

Philippe Caillon, directeur de l’Ehpad Saint-Joseph à Nantes (44)

Quand espérez-vous obtenir les crédits promis par l’ARS ? Le courrier reçu en août dit « d’ici à 2011 au plus tard ». Mais l’ARS me demande de comptabiliser les dépenses engagées sur le premier semestre 2010 et de prévoir celles du second… Une façon de dire déjà que nous n’aurons pas l’intégralité du montant fixé dans l’avenant !

Allez-vous devoir revenir sur vos recrutements ? Non, cela n’est pas possible. Nous sommes engagés auprès des résidents et de leurs familles, et du personnel. Nous avons modifié les plannings pour améliorer des conditions de travail et la prise en charge. Et, avec ces nouveaux moyens, nous passons seulement d’un taux d’encadrement de 0,42 à presque 0,50.

Que vous inspire cette situation ? Nous avons des injonctions contradictoires : il faut faire de la qualité, lutter contre la maltraitance, établir des projets de vie personnalisés… mais sans plus de budget, sans respect des engagements pris. La bonne volonté ne suffit pas.