Je souffre de constipation chronique et je crains que mes habitudes n’aident pas. Comment avoir une bonne hygiène de vie ? - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

BIEN-ÊTRE

SUR LE TERRAIN

MON QUOTIDIEN

DR Philippe Godeberge  

Gastro-entérologue et hépatologue, et auteur de « Qu’est-ce que tu as dans le ventre ? », éd. Hachette

Qu’est-ce que la constipation ? « Est constipée la personne qui s’en plaint », lance d’emblée le Dr Godeberge, gastro-entérologue. On définit la constipation comme un retard à l’évacuation des selles (moins de deux fois par semaine) ou comme une difficulté à les expulser… voire les deux ! On distingue la constipation de transit (absence de la sensation de besoin) et celle d’évacuation (sensation de besoin présente mais sans pouvoir évacuer). Elle peut être occasionnelle, mais est souvent répétée voire permanente, et devient alors un problème chronique. « Les infirmières y sont souvent confrontées car, lors des journées de douze heures, elles se retiennent d’aller aux toilettes et, parfois, n’en ressentent même pas le besoin, poursuit le gastro-entérologue. D’autant que selon les services – par exemple, en réanimation –, elles n’ont tout simplement pas le temps de s’y rendre ! »

Il faut distinguer la constipation d’un jour et la constipation de toujours. Quand elle est récente (moins de six mois), il faut penser à un obstacle organique. En revanche, la constipation chronique peut avoir plusieurs origines :

→ la colopathie fonctionnelle (ou syndrome de l’intestin irritable), avec son cortège de troubles associés (douleurs, ballonnements) ;

→ la prise de médicaments sur une longue période, par ex. des antalgiques ;

→ une diététique déséquilibrée : régime pauvre en fibres, ration de liquide insuffisante ;

→ un mode de vie peu équilibré, sédentaire ou aux rythmes irréguliers ;

→ des raisons hormonales, notamment thyroïdiennes ;

→ une dimension psychologique, qui entraîne une « constipation par anticipation », chez des sujets cherchant à tout prix une évacuation quotidienne ;

→ des tensions professionnelles ou affectives, voire des traumatismes psychologiques avec agressions ou abus sexuels.

« En raison de leur rythme de travail (journées de douze heures, lever tôt, vie familiale à gérer, etc.), les infirmières connaissent également la “constipation faute de temps”. Et pourtant, quelques ajustements suffisent pour avoir un meilleur transit », note le Dr Godeberge.

LES BONS GESTES

– Rééduquer son transit en allant régulièrement aux toilettes (ne pas attendre que le besoin devienne pressant).

– S’hydrater régulièrement : deux litres de liquide par jour.

– Adopter de bonnes habitudes alimentaires : limiter sa consommation d’aliments constipants (riz, chocolat, pâtes), miser sur une ration suffisante de fibres, augmenter ses apports en fruits et légumes.

– Prendre son temps.

– Adopter la bonne posture : glisser un banc sous ses pieds de façon à surélever les genoux.– Prendre des laxatifs doux.

– Savoir gérer son stress car c’est un facteur aggravant !

– Pratiquer une activité physique : la marche, la natation, le vélo.

Et si je suis enceinte ?

Le problème de constipation est fréquent chez la femme enceinte, d’autant plus s’il était déjà présent avant la grossesse. Beaucoup de choses changent pendant la grossesse et peuvent ralentir le transit : les hormones, la diminution de la déambulation, les changements diététiques. Pendant cette période, on peut tout à fait avoir recours à des laxatifs mais après avis de son obstétricien, car certains sont déconseillés.

Et les médecines alternatives ?

→ Le psyllium blond relance le transit en douceur, sans irriter l’intestin, et améliore la qualité de la flore intestinale, confie Murielle Toussaint, naturopathe. On pense aussi à la racine de pissenlit (en cure, sous forme de décoction) pour le fonctionnement du foie et de la vésicule biliaire.

→ En réflexologie plantaire, on masse les zones du côlon, du foie et de la vésicule biliaire mais on travaille les zones de la rate, de l’estomac, du poumon et du diaphragme.

→ En aromathérapie, on opte pour l’huile essentielle de gingembre (deux gouttes) en massage sur le ventre dans le sens des aiguilles d’une montre ou, par voie orale, diluées dans un peu d’huile d’olive.