DEUX MOIS DE SURSIS

Après avoir brandi la menace de couper le robinet, la Bred-Banque populaire, auprès de laquelle l’Ordre national des in­firmiers (ONI) a souscrit sa ligne de crédit, a accepté, début mai, de la prolonger jusqu’à fin juin. Pourquoi la banque a-t-elle changé d’avis malgré le déficit abyssal de l’ONI(1) ? « Nous avons su nous entourer d’une équipe d’avocats et d’experts spécialisés dans l’accompagnement de la gestion de trésorerie de crise et possédant une expertise des ordres professionnels », justifie la présidente, Dominique Le Bœuf. Selon Thierry Amouroux, élu national et président du conseil départemental de Paris, la convocation d’un conseil national extraordinaire pour le 31 mai aurait pesé, ce que réfute M^me Le Bœuf. Conformément aux statuts de l’ordre, un quart des membres du conseil national en ayant expressément fait la demande, la présidente n’a eu d’autre choix que de fixer ce conseil extraordinaire avant le prochain conseil national, prévu pour juin. Si son ordre du jour n’est pas arrêté, il y a fort à parier qu’il prévoira un vote sur le maintien ou non de l’actuel bureau national, que beaucoup considèrent comme un obstacle à toute sortie de crise.

Appel à cotisation

L’Ordre a donc un mois et demi pour « convaincre », comme l’en a sommé la secrétaire d’État Nora Berra fin mars(2). L’appel à cotisation pour l’exercice 2011-2012 a commencé, les infirmiers déjà inscrits au 30 avril 2011 pouvant payer en ligne. C’est une course contre la montre qui s’engage : une cotisation ramenée à 30 euros pour les salariées convaincra-t-elle les infirmières de s’inscrire en masse ? Un changement de gouvernance, si les élus en décidaient ainsi fin mai, rassurera-t-il la banque ? « La balle est aujourd’hui dans le camp de l’ONI », estime le ministre de la Santé, qui se dit « déçu »(3).