Prévenir, c’est guérir… (et ça coûte moins cher !) | Espace Infirmier
 

16/05/2018

Prévenir, c’est guérir… (et ça coûte moins cher !)

Des rencontres nationales sur la prévention, dont la rencontre Prévention santé organisée par la fondation Ramsay Générale de Santé, le 15 mai, à Paris, rappellent la nécessité de développer cet axe au sein du système de santé français.

« Sur environ 200 milliards d’euros consacrés aux dépenses de santé, seuls cinq concernent la prévention, résumait Olivier Veran, député de l’Isère et neurologue, lors d’une table ronde consacré à la place de la prévention dans le système de santé français. Ceci, alors que l’on sait qu’un million d’euros investi dans la prévention chez l’enfant, c’est 50 € économisés dans le curatif ultérieurement ».Un postulat de base qui a clairement éclairé le positionnement de la rencontre Prévention santé organisée par la fondation Ramsay Générale de Santé, le 15 mai dernier, à Paris. Car faire de la prévention, c’est faire des économies et donc, préserver le système de sécurité sociale.

« Mais les actions de prévention, déjà peu développées, sont également souvent sacrifiées, lors des ajustements des dépenses de santé, réalisés en cours d’année afin de respecter les objectifs de dépenses pour l’assurance maladie », a également souligné Pascal Douek, médecin du sport, nutritionniste et patient expert. Une suppression quasi invisible, car sans conséquence immédiate ; les retombées de la prévention se révélant des années, voire des dizaines d’années plus tard. « Rappelons que la dette sociale du tabac, c’est-à-dire son coût de mortalité, de pertes prématurées de personnes formées et utiles à la société, c’est 120 milliards d’euros », précisait Olivier Veran.

Dépenser mieux

Localement ou ponctuellement, des initiatives fonctionnent pourtant. « Le mois sans tabac, cela représente - 20 % des ventes de tabac en France et + 10 % de ventes de patches », a mentionné Olivier Veran. « La visite d’un ergonome dans une entreprise c’est 30 à 40 % d’accidents de la main en moins, a ajouté Patrick Chamboredon, président du Conseil national de l’Ordre infirmier. Il faut donc dépenser mieux. »

La nécessité de consultations de prévention, rémunérées comme telles, a été rappelée par plusieurs intervenants. « Quand je fais une consultation de prévention du risque vasculaire-cérébral, cela me prend bien 25 minutes, a souligné Olivier Veran. Un généraliste ne peut pas disposer de ce temps, en plus de l’examen clinique et d’une éventuelle prescription, au tarif auquel il est rémunéré .» Pascal Douek a, quant à lui, proposé la création d’équipes multiprofessionnelles spécialisées en prévision, avec un temps et des crédits dédiés. « Pour réussir à délivrer les messages, il faut aussi des professionnels spécifiquement formés, qu’ils soient médecins, infirmiers, sages-femmes, pharmaciens, qu’il s’agisse de prévention primaire ou secondaire… »

Et ailleurs ?

L’Australie est citée en exemple pour l’efficacité de sa lutte contre le tabagisme. Alors qu’en France, 27 % des plus de 14 ans fument, seuls 12,5 % de leurs alter-egos australiens (et 3,4 % des 15/17 ans) font de même. Pour y parvenir, le pays a imposé le paquet neutre, il y a 5 ans, et a établi un tarif dissuasif à quelque 17 € le paquet (et qui atteindra 27 € en 2020). De nombreux espaces publics sont non fumeurs, même en extérieur (abords des écoles, plages, terrasses de cafés…). Enfin, plutôt que d’insister sur les effets délétères sur la santé, les campagnes de prévention en Australie soulignent les bénéfices de l’arrêt du tabac.


Sandra Mignot

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