La transition écologique peut-elle avoir un impact ?

Si cette consultation n’est pas propre aux professionnels de santé, elle intègre dans ses répondants une majorité de cadres, de femmes et d’agents de la Fonction publique, précise l’Anact. Parmi les répondants, 81 % estiment que la transition écologique est un enjeu stratégique pour leur structure et la moitié jugent qu’elle peut avoir un effet favorable sur leurs conditions de travail. A contrario, 38 % des répondants pensent que la crise écologique va dégrader leurs conditions de travail ou avoir un effet neutre ou favorable (pour la même proportion de répondants). Enfin, 86 % estiment que l’amélioration des conditions de travail peut contribuer à la transition énergétique, notamment au travers d’actions portant sur la qualité du travail, la qualité des produits, l’évolution des modes de production et l’amélioration du dialogue social.

Face à ces résultats qui montrent qu’une majorité des répondants ne pensent pas que la crise écologique les exposera davantage aux risques professionnels, l’Anact rappelle que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) indique le contraire : s’agissant des risques physiques et psychosociaux, liés au travail en ambiance chaude, certains métiers ou secteurs sont particulièrement concernés. Ce contraste entre la perception des répondants et la réalité dévoilée par les experts plaide, selon l’Anact « pour une intensification des travaux de sensibilisation et de la préparation à la prise en charge de ces enjeux ». Néanmoins, le lien positif établi entre l’amélioration des conditions de travail et la transition écologique est une « bonne nouvelle qui ouvre des champs d’action importants » : « Les répondants ne semblent pas opposer les enjeux mais les penser en synergie », se félicite l’Anact.

Une transition au service du soin ?

Rappelons que le domaine de la santé serait responsable de 8 % des émissions de gaz à effet de serre et que les établissements sanitaires publics et privés afficheraient une consommation énergétique annuelle équivalente à 2 % de celle de la France, selon l’Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), soit 11 % de la demande en énergie du secteur tertiaire. Il faut dire que le chauffage et la climatisation, indispensables dans certains secteurs de ces établissements sans discontinuer, contribuent largement à la dépense. Pourtant, des efforts ont été faits, notamment dans le domaine des déchets, mais ils ont ensuite été contrariés par la pandémie qui a remis sur le devant de la scène la règle du consommable et du jetable.

À la suite du Ségur de la santé, un réseau de conseillers en transition écologique en santé a été créé pour accompagner les établissements dans l’élaboration et la mise en oeuvre d’une gestion planifiée de l’énergie. De son côté, la Fédération hospitalière de France avait émis 50 propositions pour réduire la facture carbone du secteur. Reste que cette bonne volonté manque cruellement de financements, ce que déploraient début 2023 des experts du secteur, regrettant également la production délocalisée de nombreux produits de santé. Reste à savoir si ces pratiques peu vertueuses peuvent impacter les conditions de travail des soignants. Si ces derniers se montrent de plus en plus préoccupés par l’impact de leur pratique sur l’environnement, comme en témoigne l’accélération des adhésions au Comité développement durable en santé (C2DS), cela suffira-t-il à inverser la tendance ? Et ce qu’autant que les soignants, après la crise liée au Covid-19, traversent une crise de vocation ?

Et si le salut provenait de cette transition écologique qui viendrait bousculer les pratiques pour offrir de nouvelles conditions de travail plus vertueuses et plus en phase avec la notion première du soin, « D’abord ne pas nuire » ?

*Anact. Transition écologique et conditions de travail, 19 juin 2023. https://www.anact.fr/consultation-sqvct