Objectif Soins n° 266 du 01/12/2018

 

ACTUALITÉS

Marie-Capucine Diss  

Ancim Le changement et la nécessité de s’y adapter étaient au cœur des échanges tenus lors de la rencontre annuelle de l’Association nationale des cadres infirmiers et médico-techniques.

Le 23 novembre, trois cents cadres de santé se sont retrouvés à Pessac (Gironde) pour la journée nationale de l’Ancim. La présidente de l’association, Dominique Combarnous, avait conçu cette rencontre afin que les participants soient informés des changements occasionnés par le plan “Ma santé 2022” et réfléchissent ensemble à l’évolution de leur métier. L’avenir de la formation des cadres a également été abordé lors d’une table ronde à laquelle était invité Stéphane Le Bouler, chargé de mission sur l’universitarisation des formations paramédicales. S’il n’a pu apporter de nouveaux éléments, Monsieur Le Bouler a laissé entendre que la refonte de la formation des cadres s’inspirerait probablement du process adopté cette année pour l’élaboration de la formation des infirmières en pratique avancée (IPA). À cette occasion, « un modèle radicalement nouveau de compromis entre les deux ministères » a été avalisé, avec « un cahier des charge limité en volume et des maquettes proposées par les universités accréditées par les ministères de la santé et de l’Enseignement Supérieur ». Au cours de cette table ronde, l’idée de concevoir des modules de formation en management communs aux cadres et aux médecins a régulièrement été abordée. Luc Durand, directeur coordonnateur des soins au CHU de Bordeaux, a souligné un fort besoin exprimé dans ce sens par les médecins, la formation mise en place pour ces derniers à Bordeaux depuis deux ans affichant complet.

Collaborer avec les médecins

C’est d’ailleurs un exemple de collaboration réussie entre un médecin et une cadre qui a été mise en avant comme retour d’expérience lors de cette journée. Geneviève Billaud, virologue, et Christelle Ferec ont piloté la restructuration d’un service de biologie moléculaire au sein des Hospices Civils de Lyon. Le défi était de taille : regrouper six laboratoires issus de disciplines et de sites différents, dans un même plateau technique. Une des difficultés principales de cette mission était de faire face à la fuite des compétences, un nombre important d’agents refusant cette perspective de changement géographique et organisationnel. « Nous avons pour cela effectué un recrutement stratégique, en choisissant des personnes correspondant à nos valeurs, à l’organisation et aux professionnels déjà installés au sein de l’équipe » a expliqué Christelle Ferec. Parmi ces valeurs, structurant la ligne de conduite élaborée pour cette restructuration, l’entraide, l’humilité, nécessitant une remise en cause constante de ses représentations, la confiance et le partage ont été cités. La cadre lyonnaise a également souligné l’importance de repérer les talents des “champions” du service et de les valoriser, tout en veillant à responsabiliser l’ensemble des professionnels, notamment par le recours à des référents, fonctionnant en binôme.

La méthodologie managériale employée lors de cette restructuration faisait écho à la présentation effectuée par Jean-Luc Stanislas. Face à la discordance grandissante des missions hospitalières, la tension dans ses logiques de gestion et le renforcement de l’articulation entre hôpital et médecine de ville mise en avant dans le nouveau plan de Santé, le cadre supérieur de santé a proposé d’avoir recours à l’éthique organisationnelle. Cette approche, favorisée par une posture de leadership s’appuyant sur des convictions et un engagement personnel permet de donner du sens à l’action collective, de prendre des décisions adaptées tout en les assumant et de savoir s’opposer à une injonction tutélaire si celle-ci n’est pas en conformité avec cette démarche éthique.