Docteur clown prescrit le rire - Objectif Soins & Management n° 204 du 01/03/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 204 du 01/03/2012

 

Actualités

Claire Pourprix  

ZOOM INTERNET → Depuis sa création, en 1995, l’association lyonnaise a vu ses interventions auprès des jeunes patients se multiplier par vingt. Depuis peu, elle intervient même auprès des enfants handicapés et d’enfants sortis de leur foyer.

Mireille Imbaud, infirmière de formation, a créé Docteur clown en 1995 et en demeure toujours la présidente. C’est donc avec un certain recul qu’elle observe l’évolution de ses activités. « Au départ, nous faisions face à beaucoup de résistance de la part des soignants, car les services étaient très fermés. On était à l’hôpital pour se soigner et non pas pour s’amuser… Il faut se rappeler qu’à cette époque, on pensait que l’enfant ne souffrait pas ! » Si les clowns dérangeaient il y a quinze ans de cela, les choses ont évolué. « Maintenant, ce sont les hôpitaux qui nous demandent ! Nous sommes passés d’une intervention par mois à une fois par semaine. Mais c’est le maximum : le clown doit rester une surprise, il ne doit pas faire partie du décor ni être intégré à l’équipe soignante. » Rire et divertir constituent une autre façon de prendre soin. L’association lyonnaise est ainsi passée de 56 interventions par an à ses débuts à 1 100 actuellement. Elle intervient dans les hôpitaux de Lyon, Saint-Étienne, Bourg-en-Bresse, Villefranche-sur-Saône et au centre Romans-Ferrari, dans l’Ain, spécialisé dans l’accueil des polytraumatisés et des grands brûlés. L’an dernier, l’association a aussi intégré deux nouveaux publics à ses tournées : les petits enfants handicapés du Centre d’action médico-sociale précoce en Beaujolais et les enfants de l’Institut du développement de l’enfant et de la famille, à Bron, près de Lyon. « Ce sont des publics différents mais qui ont des besoins identiques », précise Mireille Imbaud. Pour autant, elle souhaite mettre un frein au développement des activités de l’association et ne veut pas élargir son action sur le plan géographique : « Nous avons déjà beaucoup trop de choses à faire sur la région, nous n’irons donc pas plus loin. Il existe d’autres associations en France qui travaillent sur d’autres villes. »

Formation et suivi des clowns

Docteur clown emploie 14 clowns. Des professionnels du spectacle sensibilisés au travail en pédiatrie : ils sont formés à l’hygiène en milieu hospitalier, aux spécificités des divers services, aux différents types de maladies qu’ils vont rencontrer, aux protocoles et aux conditions à respecter selon qu’ils auront affaire à des grands brûlés ou interviendront en néonatalogie. « Nos clowns sont salariés, nous ne faisons pas appel à des bénévoles car nous avons besoin de nous assurer de leur fidélité, de leur fiabilité. Le point essentiel sur lequel nous insistons est le respect. Car, à l’hôpital, nous intervenons auprès d’enfants gravement malades, auprès de parents en grande douleur, et dans des conditions de soins parfois difficiles pour les soignants. » Le suivi avec les services est aussi de rigueur : les clowns s’entretiennent avec une personne du service avant d’intervenir, font le point à l’issue de la séance en cas de situation difficile, et participent à une réunion mensuelle. Enfin, un suivi psychologique des clowns est réalisé.

Fonctionnement

Pour communiquer sur ses actions, Docteur clown dispose d’outils comme son site Internet, des cartes postales, un film qui va être bientôt refait, un bulletin annuel qui devrait passer à deux ou trois éditions par an, et, prochainement, une présence plus active sur les réseaux sociaux. « Nous sommes quatre à diriger l’association de façon bénévole, rappelle Mireille Imbaud. Nous allons bientôt embaucher une directrice qui aura en charge de développer ce type d’actions. Nous nous professionnalisons… » Docteur clown fonctionne avec un budget annuel de 300 000 à 350 000 euros. Les dons de particuliers constituent une source importante de son financement. Depuis quelques années, l’association développe aussi des partenariats avec des entreprises. Il s’agit d’engagements sur deux-trois ans qui associent les salariés des entreprises à des actions concrètes pour récolter des fonds. Des partenariats solidaires qui constituent une aide précieuse pour l’association. Et permettent aux hôpitaux de bénéficier de ses interventions gracieusement.

Site Internet : www.docteurclown.org