MARINE POULLAOUEC INFIRMIÈRE D’ACCUEIL ET D’ORIENTATION AU CMP BEAUMANOIR DU CHU DE NANTES (44) - L'Infirmière Magazine n° 415 du 01/05/2020 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 415 du 01/05/2020

 

RENCONTRE AVEC

CARRIÈRE

PARCOURS

É. DE V.  

Il n’y a pas de routine en CMP. Chaque patient est unique, et la prise en charge des patients est globale. Cette diversité de population est une vraie richesse.

Entre les rendez-vous d’accueil et de suivi au centre, la préparation et l’administration des traitements, la préparation des piluliers, les visites quotidiennes à domicile, Marine Poullaouec, IDE au CMP Beaumanoir à Nantes depuis sept ans, ne voit pas passer ses journées. « J’ai une file active de 40 à 50 patients. Mais à part une présence obligatoire quelques heures par semaine pour assurer une permanence au centre, j’organise mon planning librement. » Une liberté chère à son cœur, qu’elle n’a pas toujours eue dans sa carrière professionnelle.

→ Un démarrage en intra. Avant d’intégrer ce dispositif, la Vendéenne d’origine a roulé sa bosse dix ans en intrahospitalier, dans un service fermé du centre hospitalier psychiatrique Saint-Jacques, à Nantes. « On accueillait une dizaine de patients en décompensation, hospitalisés d’office ou à la demande d’un tiers. Tout le temps de leur séjour, nos missions consistaient à les aider à retrouver un ancrage dans la réalité. Au-delà de la réalisation de bilans sanguins, d’électrocardiogrammes ou de pansements, on pouvait aussi bien proposer de la stimulation à l’hygiène qu’accompagner un patient pour une balade dans le parc de l’hôpital. Mais, au bout de huit ans, le côté institutionnel me pesait de plus en plus. J’avais aussi envie de me projeter dans une stabilité clinique, avec moins de violences au quotidien », rembobine-t-elle.

→ Souplesse. L’exercice en extrahospitalier l’attire aussi particulièrement. C’est ainsi qu’en 2012, elle demande à passer à mi-temps au sein du CMP Beaumanoir de Nantes. Puis, après quelques mois, elle intègre définitivement le centre et rejoint une équipe de six IDE. Là, peu ou pas d’urgences, mais des personnes de tous profils, avec qui elle a le temps de nouer des liens privilégiés. « Il n’y a pas de routine en CMP. Chaque patient est unique, et la prise en charge des patients est plus globale. Cette diversité de population est une vraie richesse », avoue-t-elle. La tout juste quadragénaire apprécie surtout la souplesse d’action du CMP. « Si le patient a une difficulté, on est en capacité d’adapter son suivi à la carte. C’est aussi moins contraignant de mobiliser une infirmière pour accompagner un patient à l’extérieur. Et nous ne ménageons pas nos efforts pour ajuster notre quotidien aux besoins de nos patients. Il m’est ainsi arrivé d’aller avec une personne dans un bar à chats ! Ce n’est pas en intra-hospitalier qu’on peut faire ça », s’amuse-t-elle.

→ Plus de relationnel. En étant mutée en milieu ouvert, Marine Poullaouec a renoué avec les raisons qui lui avaient donné envie de s’orienter vers la psychiatrie. « J’ai vite compris au cours de mes études que les soins techniques, ce n’était pas mon truc. Je me sentais frustrée. C’est le côté psychologique qui me plaisait, se souvientelle. Aujourd’hui, je passe certes la moitié de mon temps à réaliser des soins, mais, l’autre moitié, je fais du relationnel. » Les VAD, qu’elle pratique tous les jours, sont autant d’occasions d’enrichir la relation avec ses patients. « À son domicile, la personne ne peut pas nous tromper sur son état. En une ou deux minutes, sans même qu’elle ait besoin de parler, on sait si elle va bien. Cela représente un atout pour faire du sur-mesure », explique-t-elle. Celle qui confie avoir gagné physiquement en confort de vie reste toutefois très lucide. « En VAD, le revers de la médaille, c’est qu’on peut être face à des situations très complexes. Cela exige de nous un degré de responsabilité plus élevé », confirme-t-elle. Son seul regret : ne plus assister avec le médecin aux entretiens médicaux des patients - une pratique courante en milieu hospitalier. Bien qu’elle ne soit pas encore d’actualité, Marine Poullaouec réfléchit déjà à sa prochaine mutation. Et pour cela, elle opte pour le même mode opératoire que précédemment : l’observation. « J’ai demandé à faire un stage dans l’espace Barbara, le centre de soins ambulatoires en addictologie du CHU de Nantes. Si je n’ai pas encore fait le tour de mon poste, j’aimerais ensuite travailler avec des gens ayant des troubles alimentaires. »

MOMENTS CLÉS

2003 : valide le diplôme d’État à Niort (79).

2004 : fait ses premières armes dans le service ouvert Est 1er dans le site Saint-Jacques du CHU de Nantes.

2005 : le service Est 1er de Saint-Jacques devient fermé.

2012 : entre au CMP Beaumanoir (Nantes) à 50 %, puis à 80 %.