DÉPRIMÉE ? L’ERREUR GUETTE ! - L'Infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 388 du 01/12/2017

 

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Héloïse Rambert  

Une étude américaine met en lumière le lien préoccupant entre le mauvais état de santé des infirmières et les erreurs médicales qu’elles peuvent faire.

Occupées à prendre soin des autres, les infirmières ne prennent souvent pas assez soin d’elles. Et cela peut avoir un impact sur la santé des patients. Le lien de causalité n’est pas établi mais les faits sont là : moins les infirmières américaines sont en bonne santé, plus elles déclarent faire d’erreurs médicales. Ces erreurs, qui touchent 50 % des patients, sont un vrai problème de santé publique aux États-Unis. Elles entraînent complications et réadmissions évitables, et causent quelque 250 000 décès tous les ans. Soit la troisième cause de mortalité du pays !

Un bon état de santé des soignants se traduit évidemment par une plus grande efficacité au travail (meilleure productivité, moins d’absentéisme) et un gain économique. Mais aucune étude ne s’était vraiment penchée sur les impacts de leur santé sur la sécurité des patients.

Gare à la dépression

Une étude américaine, publiée dans la revue Journal of Occupational and Environmental Medicine, s’y intéresse. Les auteurs ont demandé à 1 790 infirmières cliniciennes - des femmes à 93 %, d’une moyenne d’âge de 43 ans -, de répondre à des questionnaires. Côté santé mentale, les questions se focalisaient sur les symptômes de dépression, d’anxiété et le stress. Les répondants ont aussi été invités à déclarer le nombre d’erreurs médicales qu’elles pensaient avoir commises ces cinq dernières années. Selon les résultats, plus de la moitié des participantes (54 %) ne jouissent pas d’une santé optimale. Et environ la moitié (49 %) déclare avoir fait des erreurs durant les cinq dernières années. Une corrélation a été établie : le groupe en moins bonne santé est associé à un risque d’erreurs médicales majoré de 26 à 71 %. Parmi toutes les affections, c’est la dépression (qui touchait 32 % des répondants, à différents degrés) qui serait le facteur prédicteur des erreurs médicales le plus fort. L’étude conclut qu’il est urgent de considérer la santé et le bien-être des infirmières et des autres professionnels de santé comme une priorité et de leur offrir des dépistages de dépression.