CADRE FORMATRICE À L’IFSI DU CHU DE STRASBOURG (67) - L'Infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 386 du 01/10/2017

 

RENCONTRE AVEC CHRISTINE SPILL

CARRIÈRE

PARCOURS

LISETTE GRIES  

Elle choisit ses mots avec soin, calmement. Se reprend quand elle n’est pas sûre d’avoir trouvé l’expression qui reflétera exactement son point de vue. On devine sans peine comment sa personnalité bienveillante et consciencieuse a pu s’épanouir en Ifsi. Cadre formatrice à Strasbourg depuis 2012, Christine Spill, 47 ans, ne se lasse pas du contact avec ses étudiants. « Pendant trois ans, on accompagne la construction de l’identité professionnelle de futurs infirmiers. Les voir avancer sur ce chemin est une vraie satisfaction », sourit-elle.

→ Faciliter l’acquisition des savoirs. Sa carrière d’IDE démarre en 1991, dans un service de réanimation, « pour apprendre à réagir à des situations d’urgence ». Attirée par le bloc opératoire, elle entre en 1996 dans un service de chirurgie générale digestive et endocrinienne. Elle s’y plaît, au point de se spécialiser comme Ibode au terme d’une formation de dix mois. De retour de congé maternité, en 2002, elle opte pour un bloc de chirurgie thoracique. « La relation pédagogique a été le fil conducteur de ma carrière d’infirmière, précise Christine Spill. Je me suis toujours investie auprès des étudiants, je faisais des fiches techniques sur les différentes interventions pour faciliter la prise de poste des nouveaux collègues… » En 2007, elle souhaite développer cet aspect de sa vie professionnelle et s’inscrit à l’IFCS, dans le but d’exercer ensuite à l’Ifsi. Mais à sa sortie, il n’y a pas de poste de formateur à pourvoir. « J’en ai profité pour revenir vers le type de relations de soin qui m’avait fait choisir cette voie : je suis devenue cadre au sein du pôle de gériatrie. »

En 2012, un poste se libère à l’Ifsi de Strasbourg. « Après plusieurs années d’expérience, j’avais envie de transmettre ce que je savais. Mais la réalité du métier est bien différente de cette vision que j’avais alors ! » rit-elle. Depuis la réforme de 2009 et l’entrée en vigueur du référentiel de compétences des étudiants en soins infirmier, la formation en Ifsi s’appuie sur des approches réflexives. « J’ai vite compris que l’autre ne peut pas apprendre de nos expériences, il doit faire les siennes. À l’Ifsi, les formateurs sont là pour faciliter l’acquisition des savoirs », ajoute-t-elle. Ces méthodes tranchent avec la pédagogie verticale en vigueur lors de ses propres études. « Deux stages en Ifsi effectués lors de mon année à l’IFCS m’ont donné une première idée, et j’ai été épaulée par des collègues en prenant mon poste », se souvient-elle.

→ Suivi personnalisé. Pour autant, sa carrière diversifiée reste un atout. Dans ses cours, Christine Spill illustre ses propos par des situations qu’elle a vécues en tant qu’infirmière ou cadre. « Mais on a beaucoup de face-à-face pédagogiques, où l’on part des connaissances des étudiants », souligne-t-elle. En plus des modules dont elle s’occupe, elle est également référente d’un groupe de 25 étudiants. « Il faut apprendre à voir au-delà des étudiants, pour apprécier la singularité des personnes et des parcours. Certains sont en reconversion, d’autres ont des difficultés matérielles, ils ont aussi des passions qui les animent, parfois déjà des vies de famille… » Ce suivi personnalisé est aussi l’occasion de se rendre compte que, souvent jeunes bacheliers, les étudiants en soins infirmiers ont encore besoin d’intégrer certains codes sociaux. « Il faut insister sur la ponctualité, la politesse, le respect. C’est un aspect du métier auquel je ne m’attendais pas, et qui ne me plaît pas trop », reconnaît-elle. C’est plutôt dans l’ingénierie d’outils de formation qu’elle s’épanouit. Elle amène ses étudiants à réfléchir à leurs stratégies d’apprentissage, à s’approprier les cartes conceptuelles ou des méthodes de lecture active, à se confronter à leurs erreurs. Une démarche qui l’a poussée à s’inscrire en master de pédagogie en sciences de la santé, à la rentrée, en formation continue. « Ces quatre jours par mois vont me permettre d’améliorer ma pratique et d’interroger ma posture de formatrice, notamment avec des étudiants en difficulté », se réjouit-elle.

MOMENTS CLÉS

1991 : Obtient son DE et prend son premier poste en réanimation-chirurgie, avant de passer en bloc.

2008 : Passe son diplôme de cadre de santé à l’IFCS de Strasbourg, puis intègre le pôle gériatrie.

2012 : Débute comme cadre formateur à l’Ifsi du CHU de Strasbourg.

sept. 2017 : Entame un master de pédagogie en sciences de la santé.