Réparation et reconstruction mammaires - L'Infirmière Magazine n° 265 du 20/10/2010 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Magazine n° 265 du 20/10/2010

 

DOSSIER

PRISE EN CHARGE

Dès le début de la maladie, la patiente doit être bien informée sur les techniques de reconstruction. Après l’opération, il est important qu’elle puisse compter sur l’aide et les conseils des soignants.

« Toutes les femmes confrontées à l’ablation d’un sein peuvent bénéficier d’une reconstruction mammaire dès lors que leur état de santé leur permet de subir de nouvelles interventions », précise-t-on dans le livret La reconstruction du sein après un cancer, édité par la Ligue contre le cancer. Cependant, toutes les femmes ne la souhaitent pas ; certaines préféreront utiliser une prothèse externe. Il est important que chaque femme puisse bénéficier de toutes les données pour prendre sa décision.

Intervention immédiate ou différée

La reconstruction mammaire peut parfois être réalisée en même temps que la mastectomie. On parle alors de reconstruction immédiate. Celle-ci implique que la femme n’ait pas besoin d’un traitement (radiothérapie en particulier) secondaire à l’ablation chirurgicale de la tumeur.

Lorsque des traitements complémentaires à la chirurgie sont nécessaires, la reconstruction mammaire est proposée à distance, on parle alors de reconstruction secondaire ou différée. Le délai dépend de la qualité de la peau de la patiente, mais aussi de ses souhaits. Certaines femmes, après les étapes d’éradication de la tumeur, ne se sentent pas capables de supporter immédiatement de nouveaux traitements.

Le processus de reconstruction mammaire prend plusieurs mois. La première étape a pour but de reconstituer le volume et les contours du sein, suit une intervention pour reconstruire l’aréole et le mamelon. Éventuellement, une intervention peut avoir lieu sur l’autre sein pour améliorer la symétrie de la poitrine.

Techniques opératoires

Plusieurs techniques opératoires existent : mise en place d’une prothèse derrière le muscle pectoral, utilisation du muscle et de la peau du ventre (sans prothèse) ; utilisation du muscle du dos (avec ou sans prothèse).

→ Lorsqu’il y a mise en place d’une prothèse, il est parfois nécessaire de réaliser une première intervention qui consiste à tendre progressivement la peau et le muscle par la pose d’une prothèse temporaire gonflable. Dans un second temps, une prothèse définitive sera posée, le plus souvent en gel de silicone, plus rarement remplie de sérum physiologique, dont la forme est adaptée à la morphologie de la patiente. Chaque technique présente des avantages et des inconvénients qui doivent être discutés par le chirurgien avec chaque femme en fonction de sa peau, de sa silhouette, de ses souhaits. La peau peut être préparée grâce à des massages avec une lotion hydratante et, selon la technique opératoire, des exercices et des étirements. Un kinésithérapeute assure ces soins.

→ L’intervention, d’une durée variable en fonction de la technique utilisée, implique, outre l’anesthésie générale, une hospitalisation de plusieurs jours. La sortie est possible après ablation du drainage s’il existe.

→ L’intervention entraîne des douleurs qui doivent être prises en charge (voir art. p. 36) : selon la technique opératoire, les suites sont plus ou moins longues ; des séances de massages, de drainage lymphatique, et des séances gymniques sont parfois nécessaires.

Après l’opération

→ Les suites opératoires amènent un résultat rapide en ce qui concerne le volume de la poitrine et la possibilité pour la femme de s’habiller avec un décolleté. La convalescence est de 2 à 3 semaines, et l’évolution vers un résultat définitif peut nécessiter 2 à 3 mois.

→ Les imperfections peuvent porter sur une différence de volume et de forme entre les deux seins, une asymétrie de hauteur, une différence à la palpation, la sensation étant bien entendu très différente. La cicatrice doit être surveillée, elle évolue sur plusieurs mois et ne disparaît jamais totalement.

→ Les risques de complications sont l’infection, l’hématome, la nécrose de la peau, une déformation de la peau, le déplacement de la prothèse, sa rupture. Enfin, la prothèse a une durée de vie limitée et devra éventuellement être remplacée. La surveillance sur le plan carcinologique doit être maintenue même après la reconstruction mammaire.

→ Les femmes témoignent de leurs difficultés à prendre connaissance de leur nouveau corps ; certaines sollicitent l’infirmière pour les aider à se regarder, en particulier lors des premières toilettes. L’orientation vers un psychologue spécialiste de ces questions peut être utile.

→ L’infirmière jouera un rôle d’information et d’orientation vers les professionnels de différents métiers (médecins, kinésithérapeutes, psychologues) susceptibles d’accompagner la femme dans son parcours.

À SAVOIR

→ Les informations doivent être données aux patientes dès le début de la maladie, afin de pouvoir être reprises après consultation du chirurgien. Les patientes doivent avoir accès aux sources d’information : livrets, sites internet…

→ La Sécurité sociale prend en charge à 100 % la reconstruction mammaire après cancer du sein (en dehors des éventuels dépassements d’honoraires, parfois pris en charge par les mutuelles).