Retraitées au travail - L'Infirmière Libérale Magazine n° 317 du 01/09/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 317 du 01/09/2015

 

CARRIÈRE

Actualité

Aveline Marques  

CUMUL > En 2012, près de 11 % des anciens fonctionnaires territoriaux et hospitaliers partis en retraite depuis 2004 avaient repris une activité. Parmi eux, une importante proportion d’infirmières qui ont fait le choix de poursuivre leur carrière sous un autre statut.

Les femmes de la fonction publique hospitalière (FPH) seraient-elles les championnes du cumul emploi-retraite ? C’est ce que révèle l’analyse livrée conjointement par la Caisse nationale d’assurance vieillesse (Cnav) et la Caisse des dépôts. En rapprochant les données des différentes caisses de retraite, les deux institutions ont constaté qu’en 2012, 19 % des ex-fonctionnaires hospitalières parties à la retraite entre 2004 et 2011 avaient perçu une rémunération en plus de leur pension, contre seulement 4 % des hommes retraités de la fonction publique territoriale et une moyenne générale de 11 % des cotisants de la Caisse nationale de retraite des agents des collectivités locales (CNRACL) - soit 45 120 personnes, âgées en moyenne de 59 ans.

7 % en libéral

Les trois quarts des “cumulants” cotisent à la Cnav au titre d’une activité dans le secteur privé ; en 2012, ils ont perçu en moyenne 15 670 euros. 21 % cotisent également à l’Ircantec, en tant que contractuels de la fonction publique ; leur rémunération moyenne est de 12 540 euros. Les 7 % restants ont repris une activité en tant que professionnels de santé libéraux, notamment infirmières, et cotisent à la Carpimko ; leur revenu moyen annuel s’élevait à 45 955 euros.

Changement de donne

Parmi les anciens agents de la FPH ayant repris une activité, les trois quarts occupaient auparavant un poste d’infirmière ou d’aide-soignante ; 31 % continuent d’exercer dans ce domaine - soit près de 9 000 retraitées. Le cumul emploi-retraite correspond alors à une poursuite de carrière sous un autre statut, « et ce d’autant plus que l’âge de départ en retraite a été précoce », note la Caisse des dépôts*. Les femmes représentent 67 % des cumulants : 25 % d’entre elles sont parties en retraite anticipée au titre de parent d’au moins trois enfants. Une part équivalente a pris sa retraite au titre de la catégorie active et a pu partir dès 55 ans.

Les changements législatifs de ces dernières années devraient changer la donne. La réforme des retraites de 2010 a mis fin au dispositif de retraite anticipée pour les parents de trois enfants et plus, a repoussé à 57 ans l’âge légal de départ en retraite pour les agents de catégorie active et à 62 ans celui des catégories sédentaires. Et si les retraités de la période 2004-2011 pouvaient cumuler intégralement pension et revenus d’une activité exercée dans le privé, ce n’est pas le cas des nouveaux retraités, partis depuis le 1er janvier 2015. La réforme des retraites de 2014 a sensiblement limité les avantages de ce “cumul interrégimes” : désormais, pour bénéficier de sa retraite, l’assuré doit cesser son activité professionnelle dans tous les régimes et les cotisations payées dans le cadre de la reprise d’emploi n’ouvrent plus de droits à la retraite supplémentaires.

* Étude de juillet 2015 en ligne (bit.ly/1HZrWGs).

Réactions… EspaceInfirmier.fr ACTUALITÉ ET SAVOIR-FAIRE INFIRMIER

→ Mamipic : « Beaucoup d’infirmières cessent de travailler à l’arrivée d’un deuxième enfant et reprennent après les avoir eduqués.

Des carrières complètes, peu en ont. »

→ Jiaime : « J’ai commencé à travailler à l’âge de 16 ans jusqu’en juillet 1984, et j’ai cotisé à la Cnav ; de juillet 1984 à décembre 2005, durant 21 ans et 6 mois, j’ai été infirmier libéral cotisant à la Carpimko ; enfin, de janvier 2006 à décembre 2013, soit huit ans, je n’ai fait que de l’intérim : 168 trimestres cotisés et validés. (…) Cela me fait une retraite MENSUELLE de 2 450 euros, net et pas brut ! Seulement, après avoir travaillé 43 ans sans s’arrêter, il faut d’abord se soigner avant d’en profiter. Et quand je constate les retraites de misère que mes ex-collègues de la fonction publique territoriale perçoivent, je tourne la tête tellement je trouve que c’est se moquer des personnes qui ont consacré une existence aux services des autres. Quant à faire travailler jusqu’à 65, voire 67 ans dans des métiers où la pénibilité est un fardeau, j’ai honte de ce que les politiques pondent comme textes pour toucher un bouton de braguette et une poignée de figues. Non, quelque chose ne va pas. »

→ Mamie : « Je touche une retraite de 520 euros par mois ; j’ai repris un emploi à mi-temps, pour 700 euros, après le départ de mon mari. Tous les ans, après calcul, la Caisse de retraite des agents des collectivités locales me demande de lui rembourser entre 1 000 et 1 200 euros. Peu de gens savent réellement ce qu’est la règle du cumul retraite-emploi, et quand j’entends dire que je suis une privilégiée, ça me met passablement en colère ! »

→ Coe : « Lorsque nous construisons notre vie professionnelle et familiale, nous sommes à un moment donné face à des choix ne serait-ce que pour l’équilibre de la famille (et du couple !), et nous ne pensons pas forcément à la retraite à ce moment-là. Et c’est le même problème dans toutes les autres professions. Même en ayant travaillé 165 trimestres, il n’est plus sûr, actuellement, d’avoir une retraite décente, selon notre parcours professionnel… »