Les Idels de la Réunion s’engagent - L'Infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 312 du 01/03/2015

 

RECHERCHE EN SOINS INFIRMIERS

Actualité

Pascale Wanquet-Thibault  

ÉTUDE → Des Idels de l’île ont déjà obtenu des résultats en effectuant des dépistages du diabète de type 2. Au total, 84 cas probables ont été dépistés et pris en charge très précocement.

Le 6 février, les infirmiers libéraux réunionnais se sont associés à leurs homologues du CHU de l’île (basé sur les sites de Saint-Denis et Saint-Pierre) pour échanger sur la recherche infirmière et paramédicale au cours de la 1re journée de la recherche paramédicale de l’Océan Indien. Soutenus par l’Union régionale des professionnels de santé (URPS)-infirmiers de l’Océan Indien et par Gaëlle Ollivier-Gouagna, épidémiologiste à l’URPS-infirmiers, les infirmiers libéraux ont pu identifier leur contribution très active et novatrice à différents travaux et débattre au cours d’une table ronde destinée à réfléchir aux moyens de développer la recherche dans leur secteur.

Importantes retombées

Concernant les projets de recherche auxquels les Idels ont contribué activement, on peut citer le dépistage organisé du diabète de type 2 dans l’est de l’île. Quarante-deux Idels volontaires de ce territoire se sont engagées de mars à septembre 2014 pour participer à une « stratégie avancée de dépistage des cas probables de diabète de type 2 ». Ce projet a été soutenu financièrement par l’Agence régionale de santé de l’Océan Indien. 581 cas suspects ont été recensés, soit près de 15 par infirmier. Les professionnels ont inclus des patients parmi leurs propres patients suivis pour une autre pathologie (24 %), auprès de leur famille (38 %), et parmi leurs voisins (34 %), 4 % sur leur lieu de travail. Pour Gaëlle Ollivier-Gouagna, « ces résultats montrent que les infirmiers libéraux peuvent effectuer des dépistages dans des populations qui ne sont pas en contact avec d’autres professionnels de santé ». Les retombées de ce travail sont potentiellement importantes : les infirmiers libéraux ont contribué efficacement à la prévention du diabète de type 2 parmi la population générale de leur bassin de travail. Les 84 cas probables de diabète ont pu être dépistés et pris en charge très précocement, permettant que le déclenchement de la maladie soit retardé, voire stoppé pour certains d’entre eux.

Au cours de la table ronde, les infirmiers libéraux ont débattu des moyens de développer des projets de recherche, notamment par l’identification des aides possibles sur le plan humain et matériel. Pour cela, des représentants du Cyroi (une plate-forme de recherche et d’innovation en biotechnologies), des médecins libéraux et un cadre assurant de la formation auprès d’infirmières libérales en métropole sont intervenus successivement. Une première étape peut aussi consister à dresser un bilan qualitiatif de son activité infirmière, pour la rendre visible, identifier les questions prédominantes et évaluer la faisabilité d’une éventuelle recherche. Le développement de travaux en épidémiologie rendrait aussi plus visibles des problématiques encore non identifiées.

Nouveaux savoirs

Cette table ronde a permis une prise de conscience des multiples intérêts que les Idels ont à développer des projets de recherche : de nouveaux savoirs garantis pour le patient, l’élaboration de recommandations professionnelles adaptées à leur exercice, l’amélioration globale des prestations, la réponse aux exigences législatives et éthiques avec une obligation de travailler en fonction des avancées de la science, une meilleure visibilité du travail de l’infirmier libéral, des réponses à des problématiques non prises en compte, l’amélioration de la satisfaction au travail et du coût.

Ces travaux peuvent se faire en collaboration avec les équipes du CHU et les médecins libéraux déjà engagés dans cette voie et par des partenariats possibles avec les institutions de recherche.