Polluants et toxiques domestiques - L'Infirmière Libérale Magazine n° 293 du 01/06/2013 | Espace Infirmier
 

L'infirmière Libérale Magazine n° 293 du 01/06/2013

 

Prévention

Cahier de formation

LE POINT SUR

Les composés organiques volatils (COV) sont présents dans de nombreux produits de notre environnement intérieur. Afin d’éviter leurs effets sur nos organismes, des mesures simples permettent de limiter l’exposition à ces polluants.

Définition

→ Les COV sont des composés chimiques organiques formés d’un élément carbone associé à un ou plusieurs autres éléments : hydrogène, oxygène, souffre… Ils ont la particularité d’être volatils à température ambiante et de pouvoir ainsi se propager facilement.

→ Appartenant à différentes familles (alcools, aldéhydes, éther de glycols, terpènes…), ils entrent dans la composition de nombreux produits courants : colles, peintures, cosmétiques, moquettes, tapis. Sans oublier les émissions de formaldéhyde utilisé dans les livres et magazines neufs, encres, produits d’entretiens (nettoyants multi-usages, désodorisants, parfums d’ambiance, pesticides, etc.).

Quels risques ?

Plusieurs études tendent à montrer que notre exposition actuelle aux contaminants de l’air intérieur est bien plus marquée que par le passé, sans doute en lien avec une meilleure isolation des bâtiments, l’utilisation accrue de produits d’entretien, une augmentation du temps passé dans les milieux clos…

Les effets d’une exposition domestique aux COV sont mal connus. Cependant, on attribue à certains des irritations respiratoires, des maux de tête, voire des effets mutagènes et cancérogènes. Parmi les plus préoccupants :

→ le formaldéhyde (formol), irritant pour les yeux, le nez et la gorge, il est classé comme “cancérogène certain” du nasopharynx (groupe 1 du Circ, Centre international de recherche sur le cancer) ;

→ le benzène, classé comme cancérogène certain, est impliqué dans la survenue de leucémies ;

→ le trichloréthylène est “cancérogène certain” pour le rein et le tétrachloroéthylène est “cancérogène probable” chez l’homme (groupe 2A du Circ) ;

→ l’acétaldéhyde est classé comme “cancérogène possible” (groupe 2B) ;

→ certains éthers de glycol sont suspectés d’atteintes à la reproduction.

Les personnes les plus vulnérables à la qualité de l’air intérieur sont les asthmatiques et les personnes allergiques, les nourrissons et jeunes enfants, les femmes enceintes, les personnes âgées et celles dont le système immunitaire est affaibli.

Mesures générales de prévention

Dans tous les cas, comme pour les autres polluants de l’air intérieur, il faut assurer une aération et une ventilation efficace des locaux : aérer quotidiennement, été comme hiver, ne pas obstruer les entrées ni les sorties d’air, ne pas couper les systèmes de ventilation mécanique.

Il faut également éviter une humidité excessive qui accroît les émissions de COV.

→ Produits d’entretien, de construction et décoration : choisir des produits dégageant le moins de COV (produits éco-labellisés, à vérifier sur l’étiquetage). Limiter le nombre de produits d’entretien de la maison, les utiliser en quantité raisonnable et respecter les consignes d’utilisation (temps de séchage, pas d’utilisation dans un local fermé….). Rechercher sur les étiquettes les composants les plus toxiques, afin d’éviter les produits qui en contiennent : formaldéhyde ou formol, éthers de glycols… Ne pas mélanger les produits entre eux. Ne pas abuser des parfums d’ambiance ou désodorisants.

→ Ameublement : aérer les meubles en aggloméré nouvellement achetés dans un endroit bien ventilé, durant 15 jours au minimum, avant de les placer dans les pièces habitées (notamment les chambres d’enfant). Sinon, aérer le plus possible. Les matériaux dits “naturels” peuvent aussi diffuser des COV (bois traité par exemple).

→ Rénovation : le carrelage est le revêtement de sol le plus inerte chimiquement. Les autres revêtements libèrent souvent du formaldéhyde (soit lors de la pose en raison de la colle utilisée, soit lors de la vitrification). Ne pas occuper trop rapidement des pièces récemment rénovées. Bien aérer pendant et après les travaux.

→ Nettoyage à sec : aérer les vêtements récupérés du pressing. Se méfier d’une manière générale de l’odeur de “neuf” ou de “propre”.

Kits d’analyse

Les kits d’analyse (Kudzu Sciences…), en vente dans le commerce ou sur Internet, n’ont fait l’objet, à l’heure actuelle, d’aucune évaluation, et ils ne donnent dans tous les cas qu’une analyse partielle. Lorsqu’une analyse poussée de la qualité de l’air du domicile est nécessaire (par exemple, sur prescription médicale en présence d’une personne allergique), il est recommandé de faire appel à un professionnel (liste des conseillers médicaux en environnement intérieur sur le site www.cei-france.fr).

Purificateurs

Purificateur par ionisation, appareils de photocatalyse, produits photocatalytiques (papiers muraux…) : l’Observatoire de la qualité de l’air intérieur (OQAI) rappelle qu’il n’existe pas toujours de normes ni de labels garantissant l’efficacité de ces appareils destinés à un usage individuel. Leur innocuité n’est pas non plus démontrée (par exemple en cas de réaction incomplète des systèmes photocatalytiques, possibilité de formation de composés secondaires…). S’ils peuvent avoir, au mieux, un effet sur certaines particules, ces systèmes ne remplacent pas les gestes de prévention : aération, ventilation, limitation du nombre de polluants.

“Plantes dépolluantes”

L’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) considère actuellement que le terme de “plantes dépolluantes” n’est pas validé scientifiquement. Si, en laboratoire, sous conditions contrôlées, certains végétaux* montrent une capacité à éliminer des polluants gazeux présents dans l’air intérieur, dans les conditions “réelles” d’exposition (faibles concentrations de polluants dans l’habitat mais mélange de ces polluants), la capacité d’épuration de ces plantes n’est pas suffisante pour diminuer significativement les concentrations en COV. En l’état actuel des connaissances, l’aération et la ventilation restent bien plus efficaces.

À noter par ailleurs que les substrats sur lesquels poussent les plantes sont favorables au développement de moisissures et que certaines peuvent être à l’origine de phénomènes allergiques : ficus (Ficus benjamina), cactus de Noël (Schlumbergera sp.), poinsettia (Euphorbia pilcherrima), certaines variétés de primevères et de cyclamens. D’autres plantes (Anthurium, Spathiphyllum) suscitent également des interrogations quant à leur potentiel allergisant.

* Dragonnier (Dracaena marginata), Phalangère ou plante araignée (Chlorophytum comosum), Pothos (Scindapsus aureus). Pour plus d’informations sur le sujet, suivre le lien raccourci : http://petitlien.fr/6jm6

En savoir plus :

Observatoire de la qualité de l’air intérieur :

www.oqai.fr