Soins à la personne : des médailles pour la France - Objectif Soins & Management n° 217 du 01/06/2013 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 217 du 01/06/2013

 

Hélène Soltner

Sur le terrain

Laure de Montalembert  

Deux Françaises de La Réunion, en lice pour les 42es Olympiades des métiers, un concours international qui réunit près de sept cents jeunes représentant cinquante métiers. Témoignage de Hélène Soltner, la coach des deux médaillées de bronze de la compétition nationale (voir photos).

Objectif Soins & Management : En quoi ces Olympiades de métiers consistent-elles ?

Hélène Soltner : Le principe est calqué sur celui des Jeux olympiques et existe à l’international pour toutes sortes de professions. Depuis deux ans, le métier de service à la personne est rentré dans ces olympiades qui sélectionnent, depuis quarante ans, les meilleurs professionnels dans des tas de secteurs. La Réunion y a participé pour la première fois l’année dernière.

OS&M : Quel rôle avez-vous joué dans ce concours et à quel titre ?

Hélène Soltner : Je suis infirmière depuis 1995 et, depuis trois ans, directrice d’un institut de formation des aides-soignantes au sein du lycée professionnel Léon de Lépervanche du Port et d’un autre à Sainte-Anne. J’exerce à La Réunion depuis dix-sept ans. L’année dernière, on m’a proposé d’organiser les sélections régionales des Olympiades dans le domaine de l’aide à la personne.

OS&M : Comment avez-vous procédé ?

Hélène Soltner : Avec deux collègues, nous avons sélectionné et préparé six candidates. Les sujets étudiés étant : le maintien du lien social, l’hygiène de la personne, l’hygiène de l’environnement, la préparation des repas, l’éducation à la santé, le secourisme, l’ergonomie, la gestion d’un budget, le repassage et l’animation.

OS&M : L’organisation de la sélection régionale ?

Hélène Soltner : Le 24 avril, des jurés constitués de professionnels de l’aide à domicile et d’une professeure de lycée les ont notées sur un certain nombre d’épreuves. En pratique, celles-ci se passent par binôme, dans un appartement reconstitué, pour une durée de deux heures. Des élèves jouent les cobayes. Cet événement a également pour objectif de donner envie aux collégiens de choisir une profession d’aide à la santé. L’appartement étant vitré, les collégiens invités sont spectateurs de l’épreuve. Par ailleurs, certaines de nos étudiantes avaient préparé des stands dont le thème était “Toi aussi tu peux le faire”, pour apporter toutes les informations nécessaires aux adolescents présents. Parmi nos candidates, cinq étaient en formation “Mention complémentaire aide à domicile” qui mène à l’équivalence du DEAVS (DE Auxiliaire de vie sociale) et une, en formation d’aide-soignante. Les deux gagnantes font partie de la première catégorie.

OS&M : Comment la suite s’est-elle passée pour votre binôme de lauréates ?

Hélène Soltner : Coralie Dijoux et Lætitia Rakotoson ont ensuite été coachées physiquement et mentalement pour les Olympiades nationales à Clermont-Ferrand en novembre 2012. Mais, avant cela, pendant toute la préparation à La Réunion, j’avais couru avec elles deux fois par semaine pendant sept mois pour améliorer leur préparation mentale. Nous leur avions aussi fait suivre des cours théoriques de la formation d’AS qui les ont amenées au même niveau. Les épreuves nationales se déroulent sur trois jours, une demi-heure le matin, une demi-heure l’après-midi. Il faut garder une vraie force de caractère et l’esprit apaisé. Pendant sept mois, nous ne les avons pas lâchées. Une de mes collègues faisait du tai-chi avec l’une des concurrentes et nous les avons emmenées faire une marche de deux jours dans la montagne.

OS&M : Puis la récompense en Métropole…

Hélène Soltner : En novembre, à Clermont-Ferrand, elles ont décroché la médaille de bronze. Dix-sept professions étaient représentées. Coralie Dijoux et Lætitia Rakotoson ont été les seules médaillées de La Réunion : nous sommes très fiers d’elles ! La suite, c’est peut-être le passage au niveau international. Toutes deux sont parties à Lille en mars pour une nouvelle préparation au cas où elles seraient sélectionnées. À ce niveau, l’épreuve se passe seule et en anglais. Une des gagnantes de la médaille d’or a renoncé à y participer, ainsi que le binôme médaillé d’argent. C’est la raison pour laquelle il est bien possible qu’une de nos lauréates puisse participer. En juillet, elles repartiront toutes deux à Leipzig, en Allemagne, dans cet objectif. Mais, quoi qu’il en soit, elles soutiendront de tout cœur celle qui passera les épreuves.

OS&M : Que tirez-vous de cette expérience ?

Hélène Soltner : Les Olympiades des métiers constituent une expérience fantastique. Chacun peut y participer, dans la mesure où son âge n’excède pas 23 ans. Nos lauréates ont été transformées : imaginez, deux Réunionnaises qui n’étaient presque jamais sorties de leur île et qui partent toutes seules à Lille en juillet ! Et pour les jeunes qui ne savent pas très bien quel métier choisir, c’est une excellente vitrine. À Clermont-Ferrand, tous les lycées environnants sont passés regarder les épreuves et découvrir des jeunes ultra-motivés, dotés d’un super esprit.

OLYMPIADES DES MÉTIERS, MODE D’EMPLOI

• QUI PARTICIPE ?

Environ 700 jeunes de moins de 23 ans appartenant à 67 pays sur 5 continents. Les 50 métiers représentés dessinent un panorama extrêmement vaste, allant de la santé au bâtiment, aux travaux publics, à l’agriculture, en passant par l’alimentation ou les nouvelles technologies.

• QUI SONT LES ORGANISATEURS ?

Le concours est promu et géré par World Skills International, anciennement connu sous le nom de l’Organisation internationale de formation professionnelle (IVTO). La France est représentée par le Comité français des olympiades des métiers (Cofom), récemment appelée WordSkills France, association loi de 1901 créée en 1990.

Cofom – 7, rue d’Argout, 75002 Paris – Tél. : 01 40 28 18 58

• COMMENT LA COMPÉTITION SE DÉROULE-T-ELLE ?

Les compétitions se déroulent en 3 étapes tous les 2 ans :

– les sélections régionales,

– les sélections nationales,

– la finale internationale organisée en anglais, sur un site unique.

• PROCHAINE FINALE MONDIALE

Du 2 au 7 juillet 2013 à Leipzig (Allemagne), la France sera représentée dans 40 métiers. Elle sera opposée à des concurrents venus de 52 pays. La finale suivante aura lieu en 2015 à Sao Paulo, au Brésil.

• UN SUJET SUIVI PAR LES POLITIQUES

Le 5 juin dernier, à un mois du début de la WorldSkills Competition, l’équipe de France des Olympiades des métiers a été présentée à Michel Sapin, ministre du Travail, de l’Emploi, de la Formation professionnelle et du Dialogue social. Les 45 jeunes présents ont pu entendre le ministre confirmer sa volonté de promouvoir le savoir-faire français, ainsi que les vertus de l’apprentissage et de la formation professionnelle.

• QUE GAGNENT LES LAURÉATS ?

Une belle médaille, deux ou trois très belles lignes sur leur curriculum vitae et, certainement, des promesses d’embauche..

• COMMENT S’INSCRIRE ?

D’abord, il faut avoir moins de 23 ans. Mais le calendrier des sélections régionales n’est pas encore en ligne. Il le sera peu après les finales de juillet.

Le site officiel à visiter : www.worldskills-france.org.