L’alternance, la voie de la professionnalisation - Objectif Soins & Management n° 204 du 01/03/2012 | Espace Infirmier
 

Objectif Soins n° 204 du 01/03/2012

 

Point sur

Frédéric Rolland  

Un des effets majeurs de l’alternance concerne en priorité la professionnalisation des acteurs et de la formation. Le système de formation en alternance des infirmiers pense l’expérience autrement et considère la réflexivité comme la clé de toute professionnalisation(1). Il s’agit à la fois de l’acquisition de savoirs et la pratique de savoirs-faire, nécessaires pour exercer la profession. Le formateur s’implique alors pour mettre en œuvre des projets permettant de faire travailler les étudiants sur leurs propres valeurs et les principes qui fondent le rôle propre infirmier.

Une partie de la professionnalisation de l’étudiant infirmier se fonde sur un savoir pratique, que chacun se construit peu à peu par la pratique, l’expérience, les échecs, l’échange, la médiation, etc. En cela, le processus aboutit à la construction d’une identité professionnelle et au sentiment d’appartenance à un groupe. La formation suppose de considérer la pratique et l’expérience dans le cursus de formation comme sources et objets de savoir à part entière et non comme simples applications du savoir formel.

Cet article présente un cas concret relatif à l’organisation, dans le cadre de la formation Ifsi, d’un séjour avec des personnes âgées.

PARTENARIAT INNOVANT

Danièle Zay(2) définit le partenariat « comme un système d’actions concrètes orientées par la résolution d’un problème reconnu commun qui se caractérise par un caractère local ». Cette définition montre l’importance du “savoir collaborer” pour pouvoir élaborer, gérer et évaluer des actions en collaboration avec des partenaires. Christophe Massip(3) invite alors le formateur à une réflexion sur son positionnement éthique et l’élaboration d’une identité professionnelle fondée sur le partage de valeurs communes et non pas seulement sur des compétences techniques. Dans le domaine éducatif, le partenariat permet de donner du sens au parcours du formé, de prendre en compte la complexité et l’hétérogénéité des situations éducatives en situation. Corinne Merini(4) émet l’hypothèse que la rencontre avec l’autre devient un lieu d’articulation de valeurs et d’intérêts, dans lequel les partenaires tracent individuellement les limites de leur collaboration selon qu’ils considèrent qu’il y a atteinte ou pas à leur intégrité professionnelle. La reconnaissance de l’autre dans ses attributions et ses responsabilités apparaît ainsi comme une nécessité pour mieux s’adapter au contexte. Roland Fonteneau(5) précise qu’il n’y a pas de partenariat efficace sans un projet reconnu par tous les partenaires. Le formateur occupe alors une place d’interface entre sa propre institution et celle avec qui le projet est contractualisé.

UN PROJET CONJOINT

Le projet s’appuie sur l’expérience de l’Ifsi du Centre hospitalier de Saint-Denis (CHSD) en matière de formation des étudiants en soins infirmiers et de l’expérience du service animation de l’hôpital Casanova à Saint-Denis en termes d’accueil et d’encadrement d’étudiants en soins infirmiers.

Les deux entités ont souhaité construire un projet qui permettrait aux étudiants de troisième année, promotion 2008-2011, dans le cadre du programme de formation de 1992, de s’impliquer dans le travail auprès des personnes âgées hors de leur contexte de vie habituel et de mieux appréhender les questions relatives à leur vie sociale. En effet, la plupart des étudiants en soins infirmiers qui effectuent leur stage dans le secteur gériatrique ne prennent pas l’initiative de se rendre au service animation. Cela peut cependant se produire au détour d’un accompagnement d’une personne âgée. C’est alors l’occasion d’observer les personnes “âgées” dans un environnement propice à l’expression « d’une volonté d’exister en tant qu’être unique et différencié qui constitue une des plus fortes motivations du sujet humain »(6). Ce projet s’inscrit dans la continuité d’un partenariat entre l’Association des petits frères des Pauvres et le service animation de l’hôpital Casanova qui perdure depuis de nombreuses années. « Depuis 1946, les petits frères des Pauvres accompagnent, dans une relation fraternelle, des personnes (en priorité de plus de 50 ans) souffrant de solitude, de pauvreté, d’exclusion, de maladies graves. En 1950, Armand Marquiset aménage sa maison natale à Montguichet, près de Paris, pour offrir des vacances à ses “vieux amis”. Aujourd’hui, dix-sept maisons de vacances au bord de la mer ou à la campagne sont aménagées pour accueillir les personnes âgées, dont la Maison le Grand Balcon au centre de Cabourg, qui est un ancien hôtel à l’architecture typique de la côte normande. »(7)

DE LA THÉORIE À LA PRATIQUE

Dans le cadre du module optionnel de deuxième année

Du 21 juin au 5 juillet 2010, le formateur référent du module a encadré neuf étudiants qui ont mené un travail exploratoire sur l’animation auprès des personnes âgées en institution (construction de grille d’entretien, enquête, recherche documentaire) et son intégration dans le projet de vie et le projet de soins.

Afin de mieux comprendre les enjeux de la prise en soin globale de personnes âgées, neuf étudiants en soins infirmiers de la promotion 2008-2011 ont réalisé une synthèse et un questionnement de qualité, afin d’identifier et d’analyser la problématique de la qualité de l’animation des personnes âgées en institution et des éléments du projet. Un travail a été présenté le 5 juillet 2010 par le groupe aux étudiants de la promotion, sous la forme d’un exposé oral. Un diaporama, un travail de questionnement et de synthèse ont été réalisés, afin d’identifier et d’analyser la problématique de la qualité de l’animation auprès des personnes âgées en institution.

« Au fur et à mesure de notre réflexion, nous avons pu constater que l’animation auprès des personnes âgées est essentielle mais comporte des manques. De plus, les moyens financiers et humains mis à la disposition des institutions sont insuffisants pour la prise en charge individualisée des résidants. D’après l’analyse des éléments de nos enquêtes et nos expériences personnelles, il nous a paru que l’animation tenait une place primordiale dans l’intégrité identitaire pour éviter la mort sociale. De ce fait, les besoins et attentes sont en constante augmentation, l’accompagnement doit être plus adapté. L’animation en service gériatrique permet de redonner du sens, et de la vie, à des personnes souffrant de maux physiques et/ou moraux. Elle permet de lutter contre l’ennui et la morosité d’une vie institutionnelle, particulièrement médicalisée. »(8) Il s’agit d’organiser un séjour de quatre jours à Cabourg, en Normandie, afin d’aider et d’outiller les étudiants en soins infirmiers pour perfectionner et acquérir les savoirs et savoirs-faire en matière d’accompagnement d’un groupe de personnes âgées dans un contexte extra-hospitalier.

Objectifs pédagogiques

Comme pour tous les modules du programme de formation en soins infirmiers de 1992 et toutes les unités d’enseignement du référentiel de formation de 2009, une fiche pédagogique est rédigée. La finalité est de permettre à un groupe d’étudiants de mener un projet de réflexion professionnelle sur l’animation auprès des personnes âgées initiée en deuxième année.

Dans le cadre du module optionnel de troisième année

Ce projet se poursuit en troisième année par l’élaboration d’un projet et la mise en œuvre de l’accompagnement d’un groupe de résidants lors d’un séjour à Cabourg. Nous rappelons que ce projet global permet de mieux comprendre les enjeux de la prise en soin des personnes âgées. Le formateur précité élabore un projet ayant pour finalité d’approfondir la réflexion professionnelle des étudiants concernés dans le cadre du module de deuxième année par la conception et la réalisation d’un projet intitulé “Accompa­gnement de la personne âgée hors de l’institution hôpital Casanova : de la relation… à l’animation” dans le cadre d’un séjour proposé par l’équipe d’animation de l’hôpital Casanova.

Approche compétences

Les objectifs pédagogiques sont déterminés en termes de compétences à développer au cours du séjour, mais aussi en regard de l’analyse de pratique. Ils sont définis ainsi :

→ objectif général. Par l’expérimentation, l’étudiant en soins infirmiers est capable de comprendre, d’agir et de transférer la relation sociale développée auprès des résidants durant ces quelques jours dans d’autres situations d’accompagnement ;

→ objectifs intermédiaires. De manière plus spécifique, il s’agit pour les étudiants d’être en capacité d’accompagner un groupe restreint de douze résidants de l’hôpital Casanova dans le cadre d’un projet d’animation ; d’être en capacité de communiquer sur la richesse du partenariat et les bénéfices du travail pluridisciplinaire ;

→ objectifs opérationnels. Le séjour permet aux étudiants en soins infirmiers de connaître l’association des petits frères des pauvres, ses bénévoles, ses valeurs, ses objectifs et ses actions ; mettre en pratique des techniques d’animation et de communication en direction des personnes âgées ; mettre en œuvre les acquis de la formation dans une pratique professionnelle, notamment dans le cadre du travail d’équipe, de la communication avec les personnes âgées dans la perspective de valoriser la pratique infirmière en gériatrie ; rédiger un rapport de stage concernant la pratique professionnelle infirmière, les enjeux de l’animation en gériatrie et la posture infirmière face à l’animation des personnes âgées ; permettre la validation du module optionnel. Ce projet est éminemment pédagogique puisqu’il reprend autant un travail sur les représentations de la personne âgée, sur les valeurs inhérentes aux soins mais aussi sur les compétences à acquérir, définies dans le cadre du référentiel de formation établi en 2009. La pédagogie de la compétence inscrit l’apprentissage dans un paradigme épistémologique des connaissances orientées vers le socioconstructivisme interactif : c’est l’apprenant qui construit ses propres connaissances au travers des “savoirs codifiés” dans le référentiel, et des expériences qu’il vit dans son environnement. Les connaissances sont situées dans des contextes et des situations particulières qu’il conviendra pour être consolidées d’être confrontées à une pratique réflexive. Selon Philippe Perrenoud(9), la logique des compétences sert à ce que les acquis académiques des étudiants constituent pour eux d’authentiques « outils pour penser et agir dans le monde ». L’approche par compétence place au cœur de la formation la mobilisation des ressources à apprendre et met l’accent sur les situations que ces ressources permettent à la fois de mieux comprendre et de mieux gérer.

OBJECTIFS PÉDAGOGIQUES DES ÉTUDIANTS

Les objectifs pédagogiques doivent répondre aux critères de validation du module.

→ Réalisation d’un journal de bord des activités menées, des situations rencontrées afin de faire émerger la richesse, la valeur et la complexité des relations humaines dans le cadre de la relation soignant-soigné.

→ Réaliser un rapport de stage comprenant 5 parties, plus les annexes :

1 présentation du projet avec, en particulier, les objectifs visés par toutes les parties prenantes (l’association, les objectifs de l’animation dans ce contexte, les bénéfices et le vécu des résidants) ;

2 définition des concepts et des notions qui éclairent l’expérience ;

3 présentation des activités menées ainsi que des observations et analyses spécifiques en termes de satisfaction des besoins des personnes âgées ;

4 positionnement infirmier en lien avec l’approche théorique et individuelle de l’animation ;

5 synthèse et transferts possibles dans d’autres situations de soin.

Annexes : une bibliographie sélective et les annexes avec, entre autres, les guides d’entretien utilisés durant le séjour, des fiches descriptives de techniques d’animation.

MOTIVATION DES ÉTUDIANTS

Un travail préliminaire des étudiants leur a permis d’exprimer par écrit leurs objectifs personnels.

→ Établir une relation de confiance entre les étudiants et les résidants.

→ Prendre des responsabilités et développer une qualité de pratique professionnelle.

→ Élaborer et mettre en œuvre des activités en groupe (travail de groupe) à partir de l’élaboration du projet.

→ Approfondir nos connaissances en gériatrie et mettre en pratique nos acquis.

→ Conforter notre projet professionnel.

→ Être mieux préparé à travailler en dehors d’une structure hospitalière.

→ Permettre d’avoir une vision différente de la prise en charge des personnes âgées.

→ Mettre en pratique les concepts d’animation et d’accompagnement.

DÉROULEMENT DU SÉJOUR À CABOURG ET DÉMARCHE PÉDAGOGIQUE

Le séjour dans la maison des petits frères des Pauvres a duré quatre jours, soit du 26 au 29 octobre 2010 à la fin du premier stage de troisième année dans le cadre du module optionnel. Les jours de stage manquants ont été effectués dans la continuité du quatrième stage entre le 23 et le 27 mai 2011, durant le temps réservé au module optionnel de troisième année.

Les étudiants étaient volontaires et intéressés par le projet. Ils sont issus du groupe qui a travaillé sur le sujet dans le cadre du module optionnel de deuxième année.

L’encadrement était assuré par un animateur, le formateur de l’Ifsi du Centre hospitalier de Saint-Denis qui anime le projet depuis le début, Frédéric Rolland, avec deux bénévoles des petits frères des Pauvres. Le formateur possède un savoir-faire en termes de formation spécifique et de prévention. Les soins sur prescription médicale étaient effectués par un infirmier libéral et les étudiants apportaient au quotidient l’aide nécessaire aux personnes âgées.

Les étudiants concernés ont été sollicités pour préparer le séjour d’un point de vue logistique et les activités auprès des personnes âgées. L’expérience de l’animateur et des bénévoles a été un atout majeur pour une mise en œuvre dans de bonnes conditions du séjour. Ainsi, il est apparu indispensable de réaliser un journal de bord des activités menées, des situations rencontrées, afin de faire émerger la richesse, la valeur et la complexité des relations humaines dans le cadre de la relation soignant-soigné. La problématique est alors de pouvoir se prémunir d’une approche stéréotypée des personnes âgées dont les modes de communication peuvent être altérés. Dans ce cadre, le questionnement formulé par les étudiants était pertinent, à savoir : comment adapter en tant qu’étudiants en soins infirmiers (ou futur(e) infirmier(ère)), un projet d’accompagnement et d’animation au quotidien d’un groupe de personnes âgées en tenant compte de leurs besoins, leurs demandes et nos moyens ?

Le rapport de stage a repris cette question comme fil conducteur. Dans une démarche inductive et de recherche, celui-ci a été élaboré par les étudiants. De plus, il est convenu qu’une note de synthèse individuelle doit être également rédigée afin de pouvoir apprécier les acquisitions individuelles. La synthèse et les transferts possibles dans d’autres situations de soin sont formulés dans la conclusion. Cette production a fait l’objet d’un exposé oral au groupe promotion de troisième année, illustré par un diaporama le 3 juin matin. Il a été suivi d’échanges animés par les étudiants, qui étaient chargés d’inviter les acteurs du projet, qu’ils soient participants, organisateurs ou promoteurs. L’animateur a répondu favorablement à l’invitation. Une note sur 20 a été attribuée à partir d’une grille de critères élaborée par les formateurs référents de troisième année dans le cadre de l’évaluation du module optionnel de la troisième année. Ainsi, le rapport écrit et relié est noté sur 10 points ; une note individuelle apparaît sur 2 points et une note collective pour l’exposé sur 8 points. L’évaluation de ce module a été réalisée par le formateur encadrant et un deuxième cadre de santé formateur de l’Ifsi.

CADRE DE RÉFÉRENCE ET RAPPORT D’ÉTONNEMENT

La charte de la personne âgée dépendante en institution (Commission “droit et liberté” de la fondation nationale de gérontologie en 1986) et la Charte des petits frères des Pauvres (adoptée par l’Assemblée générale du 20 juin 1998 en complément aux statuts et règlement intérieur) ont été le socle du cadre de référence.

Droits des personnes âgées dépendantes en institution

→ L’institution encourage les initiatives du résidant. Elle favorise les activités individuelles et développe les activités collectives (intérieures ou extérieures) dans le cadre d’un projet de vie.

→ L’institution accueille la famille, les amis et les bénévoles, et les associe à ses activités. Cette volonté d’ouverture doit se concrétiser par des lieux de rencontre, horaires de visite souples, possibilités d’accueil pour quelques jours.

→ Après une absence transitoire (hospitalisation, vacances, etc.), le résidant doit retrouver sa place dans l’institution.

Charte des petits frères des Pauvres

→ A pour mission de rassembler : prmet de rassembler des femmes et des hommes, bénévoles, salariés, de partager des valeurs de vivre. L’association accompagne des personnes souffrant d’isolement, de pauvreté, de précarité.

→ A pour mission de rechercher la qualité de vie : l’association privilégie la qualité de la relation, par des petits gestes, ils rendent la vie des personnes âgées en institution plus agréable.

→ A pour action d’agir collectivement : issu d’un projet collectif qui engage, dans la durée, un travail d’équipe entre bénévoles et salariés, projet qui cherche à associer différents réseaux.

Extrait du rapport

Le rapport écrit des étudiants a été l’occasion de porter un regard distancié sur le projet.

En voici un extrait : « Ce voyage a été bénéfique pour nous toutes. Cela a renforcé pour certaines notre envie de travailler auprès des personnes âgées. Nous avons pu évaluer toutes les possibilités qui s’offraient à nous lors de ce séjour, mais aussi toutes les limites existantes pendant ce laps de temps. Nous avons pu élargir notre réflexion en matière de prise en soins et de collaboration entre futures professionnelles. La cohabitation a permis de vite se réajuster et de s’adapter aux différentes personnes et situations. Les résidants étaient acteurs de leurs activités. Leur avis était à tout moment sollicité et nous nous adaptions à leur rythme. Nous étions ravies de les voir ainsi car nous avons pu contribuer à leur bien-être, afin d’optimiser la prise en charge, chaque étudiante accompagnait un résidant dans les actes de la vie quotidienne, favorisant ainsi les liens. Le retour dans leur lieu de vie, bien qu’effectué dans la joie et la bonne humeur, a été difficile. Les ramener à l’étage dans leur chambre a été un retour à la réalité un peu brutal et a bien signifié la fin de notre séjour. Néanmoins, ce projet nous a permis à toutes d’atteindre différents objectifs, notamment celui d’accompagner la personne âgée en dehors de l’institution et de contribuer à son bien-être. L’objectif principal était de proposer le meilleur panel d’activités possibles, tout en tenant compte des besoins des résidants et des limites du séjour. Grâce à la mutualisation de nos idées, de l’expérience des bénévoles et de l’animateur, nous avons su tirer avantage de notre effectif. Quelques mois plus tard, nous avons organisé un déjeuner pour nous retrouver tous ensemble : résidants, étudiantes, bénévoles, formateur, animateurs, auquel ont été conviés les cadres de la structure et la directrice coordinatrice générale des soins du Centre hospitalier de Saint-Denis. Ces derniers ont émis un avis positif concernant ce partenariat. »

CONCLUSION

Depuis sa création en France, la formation en soins infirmiers a toujours fonctionné dans une logique d’alternance. Au moment où nous vivons une nouvelle réforme de la formation, les liens entre la théorie et la pratique, entre le travail prescrit et le travail réel sont au centre des préoccupations. Cette réforme pose les conditions d’une alternance intégrative où le maillage des différents savoirs permet au futur professionnel de mobiliser ses savoirs dans l’action. L’alternance permet de questionner le rapport entre la théorie et la pratique, mais aussi ses propres valeurs en tant que futur soignant. La mise en place de la pédagogie par l’alternance et des conditions de production de compétences demande au formateur un esprit de conciliation liant écoute et créativité avec les acteurs des “lieux de stage”. Cette expérience souligne la plus-value pédagogique d’un encadrement et d’un accompagnement des étudiants dans l’acquisition de leurs compétences dans le domaine du soin. Il s’agit alors pour le formateur, dans une posture de médiateur, et pour les professionnels des services et ici les bénévoles d’accompagner l’étudiant dans ce processus de professionnalisation. En définitive, pour passer d’une « logique d’exécution à une logique constructiviste », recommandée par le référentiel de formation et la pédagogie de la compétence, des temps différents sont nécessaires pour permettre à l’étudiant de réfléchir sur son action.Les enjeux concernent aussi l’efficience de l’encadrement des étudiants et le maintien des liens entre les lieux de stage et les Ifsi par un partenariat au sens fort du terme.

NOTES

(1) A. Geay. in : Éducation permanente, numéro 172, 2007.

(2) M. Kaddouri et D. Zay. Le partenariat : définitions, enjeux, pratiques. Collection éducation permanente. Numéro 131, 1997-2.

(3) C Massip. Évolution des publics en alternance et de la professionnalité du formateur. Éditions L’Harmattan, 2000.

(4) C. Mérini. Le partenariat en formation, de la modélisation à une application. editions L’Harmattan.

(5) R. Fonteneau. La formation par production de savoirs. Collection Éducation pédagogie. Édition L’Harmattan.

(6) D. Alaphilippe, R. Fontaine, M. Personne. “Difficultés et réussites de la vie en établissement pour personnes âgées”. Pratiques gérontologiques. Éditions Érès.

(7) Extrait du document de travail des étudiants de la promotion 2008-2011 présenté le 5 juillet 2010.

(8) Ibid.

(9) P. Perrenoud. Construire des compétences dès l’école. ESF.

BIBLIOGRAPHIE

G Le Boterf. Ingénierie et évaluation des compétences. Éditions d’Organisation